Pour répondre aux enjeux environnementaux qui concernent le transport maritime, une véritable filière autour de la propulsion vélique, qui promeut le retour à l’utilisation du vent et des voiles pour les navires de commerce, est en train de naître en France. De nombreux acteurs industriels s’intéressent notamment à ce sujet. C’est le cas des chantiers de l’Atlantique avec le projet Silenseas ; du groupe Michelin avec le projet Wisamo où encore d’Airbus avec la startup Airseas.

On peut également citer les projets menés par Towt, Grain de sail, Neoline ou encore Zephyr&Borée, une entreprise nantaise qui a développé un cargo à voile dédié au transport du lanceur Ariane 6. Cette dernière entreprise est également à la manoeuvre pour la création, annoncée le 09 juin 2022, de ce qui sera la première société coopérative liée au transport à la voile : Windcoop.

Une première ligne en 2025

Cette coopérative est le fruit d’une collaboration initiée par Zéphyr&Borée, par Enercoop et par Arcadie, un importateur d’épices bio. Elle aura pour objet, dans un premier temps, la mise en place d’une ligne entre le sud de la France et Madagascar. Pour cela Windcoop devrait mettre en chantier son premier porte-conteneur en 2023 et envisage de le rendre opérationnel dès 2025.

Ce cargo à voile, long de 85m, est prévu pour transporter une centaine de conteneurs, avec un tonnage maximal de 1 400 tonnes. Il pourra également accueillir 12 passagers vivant au rythme de l’équipage sur une rotation entre la France, Mayotte et Madagascar estimée par l’entreprise à 35 jours de navigation. Un temps de trajet qui se base sur des estimations réalisées en partenariat avec le cabinet D-Ice Engineering, qui s’appuient sur les statistiques de vents des dix dernières années. Toujours d’après Windcoop, cela permettrait au navire d’économiser 90% de carburant en moyenne, en fonction du vent et de la saison.

À moyen-terme, la coopérative envisage d’ouvrir d’autres lignes, et notamment des transatlantiques vers l’Amérique centrale afin de couvrir des demandes concernant certains produits comme le café et le chocolat.


Le système coopératif : une première pour une compagnie maritime

La grande particularité de ce projet, c’est donc qu’il repose sur un modèle coopératif très en vogue dans le domaine des entreprises à impact. Ce serait ainsi l’équivalent pour le transport maritime de ce qu’est Railcoop pour le transport ferroviaire ou Mobicoop pour le covoiturage.

Par ce dispositif, tout le monde peut désormais devenir sociétaire de Windcoop et participer, à son échelle, à une aventure innovante pour développer un transport maritime durable et équitable. La campagne de levée de fonds est actuellement en cours et accessible directement sur leur site.

Pour rappel, le transport maritime concerne aujourd’hui 90% des marchandises échangées dans le monde chaque année, et représente 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les projections de l’Organisation Maritime Internationale anticipent une forte croissance de ces émissions à hauteur de 17% des émissions mondiales de GES d’ici 2050. À côté de la propulsion vélique, d’autres alternatives existent pour éviter cette croissance des émissions de polluants : en particulier l’optimisation du routage via la technologie ou encore le recours au GNL.