Figure emblématique de l’anti gaspillage, Too Good To Go s’est fixé une mission en 2016 : inspirer le monde entier à lutter contre le gaspillage alimentaire, responsable de 10% des émissions de CO2 à l’échelle mondiale. L’entreprise, fondée en France par Lucie Basch, s’est fait connaître avec son application mobile qui met en relation des commerçants ayant des invendus avec des particuliers soucieux de les récupérer.

En 5 ans, le mouvement a bien grandi et propose des actions de sensibilisation et des projets pour lutter contre le gaspillage à tous les niveaux : particuliers, entreprises et pouvoirs publics. La startup est notamment à l’origine d’un pacte avec la grande distribution pour lutter contre le gaspillage inhérent aux dates de consommation, d’un livre de recettes anti-gaspi pour les particuliers ou encore d’un réseau de villes anti gaspi qui fédère des collectivités engagées.

Et, signe que la lutte contre le gaspillage commence à faire son chemin, les résultats de Too Good To Go en 2020 sont intéressants : 28 millions de paniers d’invendus ont été sauvés de la poubelle par les utilisateurs de son application (soit 49% de plus qu’en 2019) et 50 000 commerçant sont venus rejoindre leurs plateformes à travers le monde. L’entreprise s’est notamment développée sur le marché US ainsi qu’en Suède. Elle est désormais présente dans 15 pays.


Un bilan carbone réalisé avec Planetly

En 2021, Too Good To Go souhaite faire encore mieux. À l’occasion de la publication de son rapport d’impact, ce 31 août, l’entreprise précise également qu’elle s’est fixée l’objectif de sauver 65 millions de paniers en Europe et aux États-Unis l’année prochaine. Mais en parallèle, l’entreprise souhaite également lancer des projets pour faire un pas vers la neutralité carbone. Voire davantage

En effet, grâce à un bilan carbone réalisé en partenariat avec Planetly, une startup allemande qui aide les professionnels à s’orienter vers la neutralité carbone, Too Good To Go a mesuré son empreinte carbone, qui s’élève à 2 465 tonnes CO2eq en 2020. Un chiffre qui va donc servir de base à l’entreprise pour atteindre sa nouvelle mission : capter plus de CO2 qu’elle n’en émet.

Pour cela, la startup va mettre en place des initiatives à l’étranger. Too Good To Go va ainsi soutenir des projets d’agriculture durable au Pérou et des actions de reforestation pour préserver la forêt amazonienne via un programme REDD+. On sait, évidemment, que ces programmes de compensation ne sont pas parfaits, mais c’est une première étape pour améliorer les choses. En parallèle, la société de Lucie Basch va également investir dans une centrale solaire photovoltaïque d’une puissance de 400MW en Inde.


L’anti gaspi, un levier pour réduire les émissions de CO2 de l’agriculture

Outre ces actions, il est intéressant de mesurer le développement rapide de cette entreprise et de voir que la lutte contre le gaspillage alimentaire progresse en France et à travers le monde. Même s’il reste encore beaucoup à faire sur le sujet. Car lutter contre le gaspillage, c’est réduire un poste significatif d’émission de gaz à effet de serre. « Si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait le troisième plus gros pollueur après les Etats-Unis et la Chine » nous confiait récemment Jean Moreau, co-fondateur de la startup Phénix, l’autre grand nom de la lutte anti gaspillage en France.

De fait, l’anti gaspi est aussi un levier essentiel pour la transition de notre modèle agricole. Ce qui permet d’agir sur un autre levier, celui de l’agriculture durable. On fait rarement le lien entre les deux, mais moins de gaspillage alimentaire pourrait faciliter le développement d’une agriculture bio à grande échelle.

C’est en tout cas l’une des conclusions d’une équipe de recherche de l’INRAE et de Bordeaux Sciences Agro, qui ont étudié les conditions nécessaires pour augmenter la part de l’agriculture biologique mondiale tout en conservant les rendements actuels. Et d’après leurs conclusions, nous pourrions atteindre environ 60% de bio dans l’agriculture mondiale, mais à condition de jouer sur trois leviers.

D’abord, transformer les systèmes d’élevage et les relocaliser au plus près des cultures afin d’optimiser le recyclage de l’azote grâce au fumier. Ensuite, rééquilibrer notre alimentation vis à vis de la viande. Et enfin, les scientifiques estiment qu’il faudrait également diviser par deux le gaspillage alimentaire pour que ce schéma soit viable. Moins de gaz à effet de serre et plus d’agriculture durable, l’enjeu est important.

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