La France compte aujourd’hui 636 584 installations photovoltaïques sur son territoire (chiffres au dernier trimestre 2022), dont 208 000 en autoconsommation individuelle. Ainsi, 11% des français déclarent disposer d’une installation électrique utilisant des panneaux photovoltaïques, et 20% émettent l’intention de s’équiper dans les prochaines années, confirmant l’attrait des énergies renouvelables au sein de la population mais aussi des entreprises.

Rien qu’en 2021, ce sont 8 millions de panneaux qui ont été installés en France. On regrette que seulement 10% de ces panneaux aient été fabriqués en France. Contrairement aux pays Asiatiques, l’hexagone manque de structures à ce sujet malgré la bonne volonté de nouveaux acteurs comme DualSun, Voltec Solar, Systovi ou encore Beem Energy. En revanche, il est un sujet sur lequel la France n’est pas en retard : celui du recyclage des infrastructures photovoltaïques.

Pourtant, 27% des français sont encore persuadés que le recyclage des panneaux solaires est impossible. Une idée reçue qui perdure alors que la filière française a vu le jour en 2015 (il s’agit d’une filière REP – Responsabilité Élargie des Producteurs) avec la création de l’éco-organisme Soren. Grâce à cette filière le taux de recyclage des panneaux solaires photovoltaïques se situe entre 90 % et 94 % en France, en fonction des procédés de traitement.

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5 000 tonnes en 2019, 50 000 en 2030

Les panneaux solaires sont en effet constitués à 75 % de verre et pour le reste de matières comme l’aluminium, le cuivre, le plastique, ainsi que le silicium. La plupart de ces composants sont donc parfaitement recyclables. Le verre ou l’aluminium sont ainsi recyclables à l’infini. Le silicium peut être réutilisé jusqu’à 4 fois, afin de fabriquer de nouvelles cellules photovoltaïques ou pour servir de semi-conducteur à d’autres produits dans le domaine de l’électronique.

Il existe plusieurs méthodes pour recycler les panneaux photovoltaïques usagés : elles diffèrent selon la technologie des panneaux photovoltaïques et leur état. En France, la plupart des panneaux solaires sont cristallins et peuvent être recyclés par la méthode du broyage.

Concrètement, cette méthode s’effectue en plusieurs étapes. On commence par retirer le cadre en aluminium, ainsi que le boîtier de jonction et les câbles. Ensuite, les panneaux sont découpés en lamelles et passent dans une série de broyeurs, où le verre, les matériaux composites, le cuivre et le silicium sont séparés et récupérés. Enfin, chaque élément récupéré est envoyé dans sa propre filière de recyclage.

En 2019, Soren a traité 280 000 panneaux solaires en fin de vie, principalement en France, dans une usine gérée par Veolia ouverte en juillet 2018. Il y a également d’autres usines de recyclage de panneaux solaires, comme celle d’Envie Aquitaine à Saint-Loubès, près de Bordeaux, qui devrait également se concentrer sur le réemploi des panneaux encore fonctionnels.

Mais dans les prochaines années, ces volumes vont augmenter car la durée de vie d’un panneau solaire varie entre 30 et 40 ans. Le volume annuel collecté à déjà été multiplié par plus de 13 depuis la création de la filière en 2015 pour atteindre 5 000 tonnes en 2019. « En l’an 2030, ce sera plus de 50 000 tonnes à recycler pour cette seule année, soit 10 fois notre résultat de 2019 » commente Anaïs Gouabault, Responsable technique et opérationnelle chez Soren.

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La filière photovoltaïque en plein essor

Le recyclage des panneaux solaires est assez développé en Europe, notamment depuis 2014 et une évolution de la Directive pour les Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques qui implique que chaque pays membre l’UE doit mettre en œuvre une législation nationale pour la collecte et le traitement des panneaux photovoltaïques.

Plus globalement, dans le domaine du solaire photovoltaïque, la France compte aujourd’hui une puissance installée de 15,8 GW à la fin du troisième trimestre 2022. Un chiffre intéressant, mais encore loin d’atteindre l’objectif fixé à 20GW pour 2023. Le solaire représente ainsi 36,5 % de la production d’énergie renouvelable raccordée au réseau public de distribution, derrière l’éolien (46,23 %).

Le projet de loi d’accélération des énergies renouvelables doit permettre à la France de rattraper son retard en la matière. Il prévoit notamment de multiplier par dix la capacité de production d’énergie solaire, pour dépasser les 100 GW d’ici 2050. l’installation de panneaux photovoltaïques aux abords des autoroutes et des grands axes, sur les « friches », ainsi que sur les parkings extérieurs, à l’image de ce que proposent déjà certaines entreprises comme la SNCF ou Disneyland Paris. Le monde agricole, lui-aussi, peut servir à abriter des panneaux solaires, via le développement de l’agrivoltaïsme.

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