Aujourd’hui, le secteur de la chaleur représente 50% de la consommation d’énergie primaire en Europe et il dépend à plus de 80% d’énergies fossiles. Or, pour réduire les émissions de CO2 causées par l’activité humaine et responsables de nombreux dégâts environnementaux, il est nécessaire de substituer à ces énergies fossiles des énergies renouvelables. En France, la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV) publiée en 2015 a établi qu’en 2030, 38% de la consommation finale de chaleur devrait être de source renouvelable.
Pourtant fin 2020, le Panorama de la chaleur renouvelable et de récupération indiquait que pour l’année 2019, seul 20% de la consommation de chaleur en France avait été satisfaite par la chaleur renouvelable. Ainsi l’entreprise NewHeat, créée en 2015 par Hugues Defréville et Pierre Delmas, ambitionne d’accélérer cette transition en décarbonant massivement le secteur de la chaleur grâce à des panneaux solaires thermiques.
Une solution intéressante pour les collectivités et les industriels
Pour ce faire, cette entreprise bordelaise propose à ses clients des solutions de fourniture de chaleur durable qui s’adressent aux professionnels, particulièrement les sites industriels, les réseaux de chaleur urbains ou encore les serres maraîchères.
NewHeat conçoit, finance, et exploite ces centrales de production de chaleur renouvelable qui combinent récupération de chaleur et stockage. Les solutions proposées par la jeune entreprise peuvent donc comporter un ou plusieurs systèmes de récupération de chaleur si des gisements de chaleur fatale sont détectés et/ou un ou plusieurs champs solaires thermiques.
Aujourd’hui, cette société compte 20 collaborateurs et 4 sites en exploitation ou construction. Elle a levé, depuis sa création, plus de 4 millions d’euros pour financer son développement et mobilisé 15 millions d’euros de financement pour ses projets. Dans les prochains mois, elle prévoit de lancer 2 autres chantiers.
Parmi ces nouveaux chantiers, NewHeat a annoncé le 4 février 2021, la signature d’un contrat avec le groupe Lactalis, leader mondial des produits laitiers, pour la fourniture d’énergie qui sera produite par une centrale solaire thermique de 15 000 m², la plus grande d’Europe alimentant en chaleur un site industriel. Cette centrale, localisée à côté de Verdun va notamment permettre de réduire de 2 000 tonnes par an les émissions de CO2 de la nouvelle tour de séchage de Lactalis.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre des grands consommateurs de chaleur
Ainsi, par exemple, NewHeat a installé une centrale solaire thermique à Condat sur Vézère afin de fournir en chaleur la papeterie de Condat. Cette centrale sur trackers permet aux panneaux solaires de suivre le mouvement du soleil toute la journée afin de produire 15% à 30% de chaleur supplémentaire par an.
En revendant leur chaleur à la papeterie de Condat, NewHeat prévoit notamment de permettre à celle-ci d’éviter la consommation de 20 000 tonnes de CO2 en 20 ans. De plus, ce système complètement déconnectable répond à l’une des demandes de la papeterie de pouvoir stopper la production de chaleur en cas d’aléas de la production afin d’éviter une surchauffe due à l’apport solaire.
À ce projet et à plusieurs autres projets industriels, s’ajoutent les projets de réseaux de chaleur urbains. Aujourd’hui, NewHeat fournit une partie de la chaleur de la ville de Narbonne ainsi qu’une partie de celle de Pons. En se substituant au gaz, cette chaleur thermique a par exemple permis à la ville de Narbonne de diminuer ses émissions de CO2 de 600 tonnes par an.
Enfin, les solutions proposées par NewHeat sont aussi pertinentes pour les serres maraîchères, notamment celles qui souhaitent produire sous le label biologique. En effet, pour bénéficier du label biologique, il faudra aux maraîchers atteindre la cible de 100% de chaleur renouvelable d’ici le 1er janvier 2025. Ainsi avec NewHeat c’est possible puisque leurs solutions peuvent couvrir la totalité des besoins en chaleur des maraîchers qui souhaitent se lancer dans une agriculture biologique.
Seul bémol à cette activité, l’installation de parcs de panneaux solaires nécessite une empreinte foncière importante qui, souvent, va se faire au détriment de terres agricoles. C’est le coeur d’un débat qui oppose aujourd’hui le développement de l’agriculture pour répondre à la demande alimentaire mondiale et celui des énergies solaires pour lutter contre les effets du changement climatique. L’agrivoltaïsme, dans ce cadre, pourrait être une solution à développer dans les prochaines années.