C’est quoi l’efficacité énergétique ?

L’efficacité énergétique est une formule empruntée à la physique pour désigner le rapport entre l’énergie totale consommée par un système et son énergie utile produite. Pour faire plus simple il s’agit de mesurer l’efficience énergétique : comment consommer moins pour obtenir le même résultat.

La question de l’efficacité énergétique se pose aujourd’hui dans de nombreux domaines et vient questionner la conception des biens, des produits et services puisqu’il s’agit de les doter, dès le départ, de propriétés qui permettent d’éviter des consommations inutiles. En ce sens, la notion se rapproche des concepts de sobriété et de low-technologie.


Un objectif de réduction des émissions de GES

Dans la présentation de ses objectifs, le Ministère de la Transition écologique et Solidaire rappelle que « les économies d’énergie sont l’un des axes prioritaires de la transition énergétique [afin de produire] moins de gaz à effet de serre, moins de polluants atmosphériques […] en réalisant une moindre pression sur les ressources non renouvelables tout en stimulant l’économie ».

C’est ainsi qu’en 2016, a été fixé l’objectif des 20/20/20. C’est à dire, à l’horizon 2020, de porter à 20% la part des énergies renouvelables afin de réduire de 20% l’utilisation des énergies fossiles, ceci afin de limiter le rejet des GES et autres polluants atmosphériques. L’objectif étant ainsi de se tourner vers une diversification des sources d’énergie, d’une part, mais aussi vers une meilleure efficacité énergétique, d’autre part.

Un objectif écologique mais aussi économique : les experts de la Commission Européenne estiment ainsi que l’Europe des 27 pourrait économiser environ 150 milliards d’euros chaque année en appliquant les principes de l’efficacité énergétique, telles que les normes actuelles en définissent les contours réglementaires.

L’efficacité énergétique, une histoire de normes et de labels ?

En matière de transition écologique, l’efficacité énergétique est un indicateur que l’on utilise dans de nombreux domaines : les transports, le bâtiment, mais aussi sur des produits de consommation comme les ampoules électriques ou l’électro-ménager.

C’est pourquoi les initiatives européennes relayées par chacun des états membres ont conduit les différents fabricants à étiqueter leurs appareils, comme les lave-linge, tout comme les propriétaires et bailleurs sont désormais tenus de notifier sincèrement les qualités énergétiques d’un bien immobilier.

Ainsi définis, les Diagnostics de Performance Énergétique (DPE), peuvent donc orienter les choix des consommateurs de plus en plus souvent appelés consomm’acteurs, tant le rôle de chaque citoyen pèse au quotidien dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Pour parfaire le dispositif, la Commission Européenne a créé un « Ecolabel », parfois doublé de normes nationales. Ces garanties sont accordées moyennant le respect de critères qui définissent l’efficacité énergétique d’un produit depuis sa conception, sa production, sa distribution et lors de sa fin de vie lorsqu’il est recyclé.

Concernant les bâtiments, dont la consommation représente quelques 40% des dépenses énergétiques (et aussi un tiers des pollutions atmosphériques) dans l’UE, il faut distinguer l’efficacité énergétique dite passive et l’efficacité énergétique dite active. L’une est liée aux qualités intrinsèques du bâtiment (choix des matériaux ou pose d’isolation en rénovation pour supprimer les passoires thermiques) tandis que l’autre relève de choix stratégiques opérés dans le pilotage des énergies du bâtiment (choix des éclairages, pilotage de la consommation à distance, recours à l’économie de la fonctionnalité, etc.).

Cependant, la réelle efficacité énergétique d’un bâtiment est fortement corrélée avec les usages et comportement des citoyens. Un point essentiel pour parvenir à une réduction des consommations.


Le paradoxe de Jevons

Si l’on en croit Miguel Arias Canete, l’actuel Commissaire européen à l’Action pour le Climat et l’Énergie : « nos propositions fournissent une forte attraction du marché pour les nouvelles technologies, établissent les bonnes conditions pour les investisseurs, autonomisent les consommateurs, améliorent le fonctionnement des marchés de l’énergie et nous aident à atteindre nos objectifs climatiques« . Ainsi « en mobilisant jusqu’à 177 milliards d’euros d’investissements publics et privés par an à partir de 2021, ce package peut générer jusqu’à 1% d’augmentation du PIB au cours de la prochaine décennie et créer 900 000 nouveaux emplois ».

Un sujet qui mérite cependant le débat car les pratiques des consommateurs sont loin d’être orientées vers la sobriété. La récente crise sanitaire du Covid-19 ayant d’ailleurs fait prendre conscience de notre consommation d’énergie. D’autant que de nombreux objets connectés viennent aujourd’hui aider les consommateurs à réaliser des économies d’électricité. Par ailleurs, le comportement des consommateurs est également à anticiper car, historiquement, il n’est pas rare de constater des effets rebonds en matière de consommation.

D’ailleurs, le mathématicien William Jevons, dès 1865, dans un traité d’économie dédié à la production de charbon, attirait l’attention de ses contemporains sur le phénomène suivant : plus une technique améliore la consommation d’énergie utilisée et plus la consommation d’énergie supposée avoir diminué augmente en réalité par le volume d’usage lié au progrès technique.

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