Un peu plus d’un an après avoir tenu sa première session, la Convention des entreprises pour le climat présentait, ce 25 octobre à Paris, les conclusions des entreprises qui ont participé aux six sessions qui se sont tenues entre septembre 2021 et juin 2022. Ces sessions se sont déroulées en plusieurs étapes, avec plusieurs mois de formation et d’acculturation aux enjeux de la transition écologique, avant que les participants s’essayent, de manière collaborative, à la révision de leurs modèles économiques. Parmi eux, 137 ont d’ailleurs remis aux organisateurs une feuille de route finalisée avec des engagements à 2030 pour leur entreprise.

Directement inspirée du modèle de la Convention Citoyenne sur le Climat, la Convention des Entreprises pour le Climat regroupe au total 150 entreprises françaises et se veut représentative du tissu économique de la France. On y retrouve des grands noms (Bouygues Immobilier, Caterpillar, le groupe Pierre&Vacances, Nature&Découvertes ), des écoles (l’EM Lyon, Grenoble Ecole de Management) ou encore de jeunes marques engagées (Faguo, Ilek, K-Ryole, MiiMosa) et des cabinets de conseil (Octo Technology, BearingPoint).

Au total, ces 150 sociétés emploient près de 350 000 personnes. On y retrouve une majorité de PME (46%) et ETI (34%) mais également des grandes entreprises (6%) et des TPE (14%). La moitié des participants sont des entreprises de service (50%), un quart sont dans l’industrie (27%), le quart restant regroupe des entreprises du secteur agroalimentaire (10%) et du commerce (13%).

Ensemble, ces entreprises ont travaillé pendant un an à structurer des pistes pour « accélérer la bascule du business-as-usual vers l’entreprise régénérative », selon les mots d’Eric Duverger, ex-cadre du groupe Michelin à l’initiative de cette convention. Le groupe de dirigeants souhaitait ainsi travailler de manière collaborative – une approche rare à un tel niveau – sur des pistes qui permettront d’accélérer la transition écologique du monde économique, dans le but de les partager et qu’elles puissent servir de base au tissu économique français pour aller plus loin.

Pour cela, elles ont également choisi de s’entourer d’un « comité de garants » dans lequel on retrouve, entre autres, des acteurs comme l’Ademe, BPi France, le C3D, le Mouvement Impact France, le Comité des entreprises à mission, l’association Pour un réveil écologique ou encore le think-tank The Shift Project.

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Des pistes pour développer l’entreprise « régénérative »

Ce mardi 25 octobre, la Convention des Entreprises pour le Climat a donc présenté les conclusions de son rapport final au Ministre de la Transition Écologique : des feuilles de route et des propositions qui doivent pousser le système économique actuel vers une économie dite régénérative, c’est-à-dire respectueuse de l’humain comme du vivant.

“71% du réchauffement climatique est aujourd’hui imputable aux entreprises. Elles sont le principal problème du dérèglement. L’expérience de la Convention des Entreprises pour le Climat montre qu’elles peuvent aussi en être la solution.” détaille Sophie Robert-Velut, directrice générale des Laboratoires Expanscience, membre de la Convention.

Ce rapport final met ainsi l’accent sur la notion d’entreprise régénérative et précise les contours des « ingrédients » qu’il faut y mettre pour ne plus se contenter de moins polluer mais pour chercher à avoir un impact positif. Leurs travaux font remonter 10 ingrédients :

  • Viser la réduction des émissions à leur seuil incompressible dès que possible ;
  • Voir (beaucoup) plus loin que le CO2 ;
  • Se reconnecter au vivant ;
  • Développer un portefeuille de produits compatibles avec le vivant ;
  • Fixer des objectifs concrets, chiffrés, contraints et ambitieux ;
  • Abandonner la logique volumique ;
  • Placer la redirection socio-écologique au cœur de son modèle économique ;
  • Placer l’humain au cœur des transformations ;
  • Créer des écosystèmes de coopération élargis ;
  • Penser le partage de valeur au-delà de sa propre entreprise.

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Chaque entreprise a ensuite mis en place une liste d’actions lui permettant de s’engager dans cette voie. Bouygues Immobilier mise sur le fait de « construire mieux avec moins » en s’engageant dans l’exploitation de l’existant, la réhabilitation du foncier, le réemploi des matériaux et la promotion du retour de la nature en ville. Le groupe Rossignol souhaite « utiliser des matériaux recyclés et/ou biosourcés dans toutes [ses] lignes de produits ». D’une manière globale, elles sont nombreuses à mettre en avant l’objectif de formation des collaborateurs en haut de leurs priorités, tout comme le fait de s’engager à mesurer leur empreinte carbone y compris sur le troisième scope.

“La Convention des Entreprises pour le Climat a su faire l’essentiel : mettre le projecteur sur les enjeux de transformation profonds du monde économique” expliquait la scientifique Valérie Masson-Delmotte, invitée à ouvrir les débats lors de la remise de ce rapport final. Mais au-delà des « ingrédients » qui doivent permettre aux entreprises de transformer leurs modèles, les 150 dirigeants mettent également en avant les principaux freins qui empêchent les organisations de se transformer.

Sans surprises, elles mettent ainsi l’accent sur des problématiques classiques de la réticence au changement : la difficulté de passer à l’acte, la complexité d’embarquer ses parties prenantes, le manque de temps et de moyen ou encore les résistances au changement de modèle économique. Afin d’aller plus loin, la CEC devrait également partager dans les mois à venir le carnet de propositions politiques que les 150 ont voté lors de la dernière session, en soutien de leur travail de transformation humaine et organisationnelle.

Le rapport complet est à retrouver par ici 

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