Fanny Auger est Directrice de la marque Nature & Découvertes, une entreprise pionnière en France en matière d’engagements responsables. Elle revient pour nous sur la stratégie RSE de l’entrepriseCrédits visuel d’entrée : Jean-Sébastien Evrard



Les Horizons : Nature & Découvertes vient d’obtenir la certification B Corp pour la 3ème fois. Quel est l’enjeu de cette certification pour votre marque ?

Fanny Auger : Pour la marque, je dirais que le premier enjeu, c’est d’abord de s’auto-évaluer. Nature & Découvertes est une entreprise engagée depuis sa création, et la certification B Corp nous permet de faire un bilan pour voir si nos actions sont réellement en accord avec nos engagements.

Ensuite, la certification donne aussi des indications sur des bonnes pratiques que nous pourrions développer à l’avenir. Comme leur questionnaire s’enrichit au fur et à mesure que d’autres entreprises deviennent B Corp, chaque fois que nous repassons la certification, cela nous donne de nouveaux objectifs. Donc, en quelque sorte, ça nous amène à remettre à jour en permanence notre boussole RSE.

Et puis, c’est aussi un moyen de découvrir qu’on avait mis en place – de manière intuitive – certaines pratiques qu’on ne valorisait pas forcément à leur hauteur. Je pense par exemple à la formation des salariés. Il faut savoir que depuis la création de Nature & Découvertes, 6% de la masse salariale du groupe est dédiée à la formation des collaborateurs. C’est quelque chose qu’on ne mettait pas forcément en avant, puisque ça nous paraissait normal, et qui est très valorisé par B Corp.


Quel impact à cette certification sur vos collaborateurs ou vos parties prenantes ?

La Certification B Corp, c’est quelque chose que nous revendiquons beaucoup. Nous étions la seconde entreprise française à obtenir la certification B Corp début 2015, juste après Utopies. Et la première entreprise française à l’obtenir dans l’univers du retail. Et c’est quelque chose dont nous sommes très fiers.

Il y a d’ailleurs un sticker B Corp sur toutes les vitrines de nos magasins. À l’époque de la première certification, nous avions également sensibilisé tous nos collaborateurs à ce qu’est B Corp. C’est aussi quelque chose qui rejaillit en externe. Nous étions le premier retailer, désormais nous sommes rejoints par d’autres marques, comme Naturalia, Body Shop, et peut-être bientôt Yves Rocher.

Et il y a une vraie fierté à appartenir à une communauté d’entreprises qui veulent faire avancer les choses. Par exemple, nous travaillons avec Too Good To Go et avec Squiz, deux autres B Corp françaises, afin de créer un tissu vertueux sur nos activités et notre gouvernance.

L’objectif, c’est de cranter notre engagement historique et natif, et de l’amener au coeur de notre modèle d’affaires


Nature & Découvertes s’est aussi doté d’une nouvelle mission cette année : « offrir des solutions concrètes à ceux qui veulent changer leur mode de vie ». Comment est-ce que cela se traduit de manière opérationnelle ?

C’est en effet notre nouvelle raison d’être, que nous avons commencé à retravailler en 2019, car cela faisait 30 ans que Nature & Découvertes était sur l’émerveillement par rapport à la nature. C’était la mission proposée par Françoise et François Lemarchand en 1990, en fournissant des objets pour se reconnecter à la nature, la famille Lemarchand « voulait rendre les petits et les grands des ambassadeurs de cet oasis fragile qu’est la terre ».

Avec le temps, nos actions ont aussi pris plus d’ampleur. Nous étions par exemple la première entreprise française à faire un bilan RSE en 1993. Nous avons aussi une fondation qui travaille depuis 27 ans à la protection de la biodiversité. Nous réalisons un bilan carbone depuis 2019. Nous proposons des objets qui sont en phase avec les préoccupations environnementales et nous avions besoin de scaler, d’industrialiser cette démarche.

C’est pour cela que nous avons retravaillé notre raison d’être. Et cela se traduit de manière très concrète avec la création d’un département de l’innovation durable au sein de la direction des achats. Un département qui a pour mission de travailler sur le cycle de vie et l’impact de nos produits, qui a mis au point une liste de 28 critères rédhibitoires, qui travaille sur la réduction du packaging, sur l’écoconception des produits.


Pourquoi ce choix de mettre l’innovation durable au sein de la direction achats ?

L’objectif, c’est de cranter notre engagement historique et natif, et de l’amener au coeur de notre modèle d’affaires. La direction achat, c’est le coeur de notre modèle. Quand on a créé ce département, une partie de notre équipe RSE l’a rejoint, et ça nous permet de mettre la RSE au coeur du business.


Vous travaillez aussi sur une comptabilité carbone ?

Oui, c’est quelque chose que nous avons mis en place dès 2007, sur les scope 1 et 2. En ce moment, nous travaillons avec le cabinet Carbone 4 pour le scope 3. L’idée, c’est vraiment de monitorer tous nos impacts. On est en train, par exemple, de voir comment on pourrait évaluer l’impact des déplacements de nos clients jusqu’aux magasins. Donc c’est vraiment un travail très détaillé qui doit nous aider, là aussi, à atteindre nos objectifs.


Avez-vous d’autres projets à court et moyen terme pour améliorer votre impact ?

À moyen terme, nous souhaitons étendre cette liste des 28 critères, non seulement à nos achats, mais aussi à toute l’offre stockée, et nous allons aussi essayer de l’étendre, ensuite, aux produits et fournisseurs de notre marketplace. C’est un travail énorme mais qui nous mobilise fortement et nous serons là pour les accompagner dans cette démarche. Nous avons 360 fournisseurs aujourd’hui sur notre marketplace, et si nous arrivons à embarquer toute cette communauté, ce serait formidable car c’est un vrai levier pour faire bouger les choses.

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