Le chauffage représente environ 60% de la consommation d’énergie d’un bâtiment. D’autant qu’en France, la majorité des bâtiments sont encore équipés de chaudières fonctionnant avec des énergies fossiles. Raison pour laquelle le développement des radiateurs électriques, des pompes à chaleur ou encore de solutions comme la géothermie de surface sont en plein essor actuellement. Une autre piste qui commence à se déployer sur le territoire, c’est la valorisation de la chaleur produite par d’autres infrastructures. En particulier celle des data centers.

C’est d’ailleurs après avoir constaté l’énorme perte de chaleur qui se produit dans les datacenters, ainsi que le potentiel de cette chaleur inexploitée, que Paul Benoit s’est associé à Miroslav Sviezeny pour fonder Qarnot en 2010. Une startup qui a pour objectif de participer à la fois à l’essor du numérique tout en aidant à la transition énergétique. Son métier ? Vendre de la puissance de calcul via des processeurs distribués dans la ville à travers les réseaux de chaleur, qui chauffent lorsque les processeurs fonctionnent.

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80% d’émissions de GES en moins par rapport à un data center

De fait, Qarnot est une entreprise du numérique dont le métier principal reste de vendre de la puissance de calcul à des entreprises, des laboratoires de recherche ou même des particuliers. Un marché prometteur avec l’essor de l’intelligence artificielle et du traitement de grandes volumétries de données dans presque tous les domaines de la société : transports, santé, éducation, industrie, etc. En 2020, par exemple, l’entreprise a collaboré avec l’Institut Imagine, rattaché à l’hôpital Necker qui a de forts besoins en traitement de base de données, en machine learning et en intelligence artificielle.  

Dans une logique circulaire, la chaleur produite par les calculs informatiques est ensuite revalorisée dans des systèmes de chauffage. Actuellement, Qarnot commercialise des « radiateurs-ordinateurs », leur produit historique, ainsi que des chaudières. « Économiquement, nous sommes compétitifs face à nos concurrents. Et du point de vue de la performance de conversion de l’énergie à la chaleur, on réussit à atteindre de très bons résultats. On est à environ 99,9% pour le radiateur et 96% pour la chaudière« , explique Quentin Laurens, responsable des affaires publiques au sein de la startup française.  

D’après une méthodologie qu’ils ont eux-même développée et intitulée Carbon Facts (en cours de certification par l’INRIA et l’ADEME) leur service réduirait les émissions de GES de 80% par rapport aux infrastructures traditionnelles. Cette méthode permet en effet de ne pas construire de nouveaux datacenters – et donc de réduire l’artificialisation du sol – mais aussi de réduire le refroidissement nécessaire et la consommation d’énergie par rapport à un datacenter classique.

Une diversification au coeur du modèle de l’entreprise qui lui permet de participer à la transition écologique en décarbonant le secteur du chauffage des bâtiments. Sur ce second marché, la clientèle de Qarnot se compose de collectivités, de promoteurs, de bailleurs sociaux et, de plus en plus, d’énergéticiens qui souhaitent développer des alternatives aux énergies fossiles.

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Chaudières Qarnot
Installation de chaudières Qarnot


Qarnot développe de nouveaux projets pour compléter son offre

La startup a décidé de proposer des services supplémentaires qui s’inscrivent dans le domaine du bâtiment intelligent. À la demande des clients, des capteurs et interfaces peuvent être installées et donner des indications sur la vie du bâtiment. Une plateforme baptisée OASIS, permet ensuite de compiler ces données et donne aux clients des indications dans le but de simplifier la Gestion Technique des Bâtiments. Selon les besoins et demandes, le client peut avoir des indications sur sa consommation énergétique, mais aussi sur la qualité de l’air dans son bâtiment, le bruit, la luminosité, la température, le taux d’utilisation de salles ou encore la gestion du parking.

« OASIS est un service indépendant du reste. Nous récupérons les plans du bâtiment, avec des informations sur la structure ou sur les cloisons, et nous compilons les données utiles pour le client sur une seule plateforme » précise Quentin Laurens. Un projet qui permet d’améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments et qui s’inscrit donc dans la lignée de la Stratégie Nationale Bas-Carbone de la France, qui prévoit de réduire notre consommation d’énergie à l’horizon 2050 en tablant sur une meilleure efficience de notre consommation.

La startup compte déjà environ 70 salariés et continue de recruter, notamment au niveau de ses équipes commerciales. Très active en R&D, l’entreprise explore également de nouveaux projets dans le chauffage de bâtiments et souhaite aussi développer un système réversible chaud/froid. Elle a effectué trois levées de fonds depuis sa création pour améliorer ses produits et en développer de nouveaux. En 2014, elle a levé 2M€ auprès de business angels ; puis 2,5M€ en 2016 et enfin 6M€ en mars 2020 auprès d’investisseurs. Et signe que cela fonctionne, l’entreprise commence à s’exporter à l’étranger. Elle a déjà fournie plus de 40 chaudières à une compagnie finlandaise et travaille en ce moment avec des clients aux Pays-Bas.

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