L’efficacité énergétique est une formule empruntée à la physique pour désigner le rapport entre l’énergie totale consommée par un système et son énergie utile produite. Elle concerne donc les moyens et outils qui permettent de consommer mieux avec moins. Il s’agit d’un axe prioritaire pour la réduction de nos émissions de GES et la réussite de la transition énergétique.

Pour cela, de nombreuses initiatives existent et l’une d’elle consiste à miser sur la technologie, en particulier des objets connectés ou intelligents, afin d’optimiser le pilotage énergétique des bâtiments. C’est ce que propose la startup Eisox, une jeune entreprise innovante basée à Angers. Maxence Chotard, CEO et co-fondateur de cette structure répond ainsi à nos questions pour vous présenter son concept.



Les Horizons : Maxence Chotard, en quelques mots, c’est quoi Eisox ?

Maxence Chotard : Eisox, c’est une entreprise que nous avons créé en 2016 avec mon père, Joël Chotard, qui possède 35 ans d’expérience en électronique, et Baptiste Clenet, qui s’occupe du développement logiciel. Notre solution s’adresse uniquement aux professionnels avec une problématique qui est la gestion de la consommation énergétique des bâtiments au niveau du chauffage. Aujourd’hui nous sommes une équipe de 7 personnes, avec l’objectif d’être une dizaine en fin d’année.


À quelle problématique répond votre projet ?

Alors, il faut savoir que le chauffage, globalement, ça représente 60% de la consommation finale en énergie des bâtiments en France et en Europe. C’est le plus gros poste de consommation énergétique. Et il est géré aujourd’hui de la même manière qu’il l’était il y a plus de 30 ans, avec des systèmes qui sont obsolètes au vu de ce que l’on peut faire avec la technologie. Par ailleurs, cela crée des dépenses extrêmement importantes voire des émissions de GES là où le chauffage utilise des énergies fossiles.


Votre mission c’est donc d’aider les entreprises à réduire leur consommation de chauffage ?

Notre mission, c’est de faire de la performance énergétique au global. Mais pour commencer, on travaille essentiellement sur les radiateurs à eau chaude. Il faut savoir que tout le monde n’est pas encore passé au chauffage électrique. Aujourd’hui en France il se vend chaque année entre 1 million et 1,5 millions de radiateurs à eau chaude. Il y en a 90 millions sur le territoire et autour de 500 millions en Europe. Ces radiateurs représentent 60% du chauffage en France et 80% du chauffage en Europe.

En fait, le chauffage à eau chaude est d’ailleurs un moyen intéressant de chauffer un bâtiment puisqu’il apporte une chaleur relativement douce qui ne va pas sécher l’air. Mais ces radiateurs ne gèrent pas le chauffage en fonction de l’occupation des pièces ou des besoins des utilisateurs. C’est là qu’on intervient avec Eisox.


Concrètement, qu’est-ce que vous proposez ?

Notre solution, ce sont des têtes thermostatiques intelligentes qui viennent faire le pilotage du radiateur à eau chaude. Nos produits sont équipés de 7 capteurs, dont des capteurs de présence, qui permettent une maîtrise de la température d’une pièce au degré près, et viennent surtout analyser l’usage de la pièce pour générer automatiquement des plannings de chauffage en fonction de l’occupation réelle du bâtiment.

Il faut savoir qu’un écart de 1 degré dans une pièce, ça représente en moyenne 7% d’économie d’énergie. Avec nos têtes thermostatiques on peut réduire la température dans les pièces quand elles ne sont pas utilisées et ça offre des gains à nos clients, en moyenne entre 35 et 40%.

Un écart de 1 degré dans une pièce, ça représente en moyenne 7% d’économie d’énergie.

Maxence Chotard – Eisox


Qui sont vos clients ?

Nos clients sont en majorité de grandes foncières, par exemple le groupe La Poste, la SNCF, ou encore des agglomérations comme les villes d’Angers ou de St Nazaire. Ces types de gestionnaires de parcs immobiliers ont des problématiques d’efficacité énergétique ou d’optimisation de leurs dépenses. Aujourd’hui, on travaille à 75% sur des projets de rénovation et à 25% sur des bâtiments neufs. On travaille aussi avec des énergéticiens, comme Total, Engie ou Dalkia qui eux vont déployer notre solution chez leurs clients.


Qu’est ce qui vous différencie sur ce marché ?

Alors, en effet, beaucoup de systèmes de têtes thermostatiques connectées existent aujourd’hui sur le marché, mais on est les seuls à faire de la détection de présence pour faciliter la gestion du bâtiment.

Par ailleurs, ce qui est différenciant dans notre offre c’est qu’on travaille sur des grands bâtiments qui font en moyenne entre 1 000 et 10 000 m2. Ce sont de très grandes surfaces où l’on trouve généralement entre 100 et 500 radiateurs. Sur ces volumes, c’est très compliqué de faire des gestions manuelles, salle par salle. Par exemple, en ce moment on travaille sur un projet pour une résidence étudiante de 300 logements et de 900 radiateurs.

Enfin, on s’inscrit également sur une logique de production locale. Nos produits sont fabriqués en région Pays de la Loire, à Saumur pour l’électronique et en Loire-Atlantique pour la plasturgie. Évidemment, il y a des composants électroniques qui sont fabriqués en Asie, mais 80% de la valeur du produit est faite en France.


Quel est votre modèle économique ?

Notre modèle économique réside d’abord dans la vente de notre produit pour la performance énergétique. Un produit sur lequel nous garantissons à nos clients un retour sur investissement compris entre deux et cinq ans en fonction de la typologie du bâtiment.

Le second aspect, qui est en développement aujourd’hui, c’est l’utilisation de la donnée de nos produits. Comme je le disais, on embarque 7 capteurs dans la tête thermostatique, qui permettent de mesurer différents indicateurs : la qualité de l’air de la pièce, l’humidité, la présence humaine, etc.

On souhaite, à terme, utiliser ces données pour fournir à nos clients d’autres services concernant le pilotage des éclairage ou la gestion de la sécurité pour la détection des intrusions, par exemple.

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