L’intermittence des énergies renouvelables est l’un des principaux freins à la transition énergétique puisque la production d’énergie de ces sources peut varier en fonction des conditions météorologiques, comme la disponibilité du soleil ou du vent. Une problématique qui peut rendre plus difficile la prévision et la gestion de la production d’énergie.

À l’heure actuelle, il n’existe que deux moyens de pallier cette intermittence. Le premier levier est ce qu’on appelle l’effet de foisonnement, qui consiste à multiplier les sources de production (solaire, hydroélectrique, éolien, etc.) à des endroits différents afin de réduire les fluctuations de production. Le second levier consiste à développer des technologies de stockage de l’électricité renouvelable. Sur ce second point, il existe deux principales possibilités aujourd’hui : le recours aux batteries lithium-ion et le recours à l’hydrogène via des piles à combustible.

C’est sur ce dernier sujet que s’est positionnée la startup Sylfen, en partenariat avec le CEA, afin de développer une technologie de stockage sécurisé de l’électricité : l’électrolyseur réversible.


Une solution pour l’autoconsommation des bâtiments et sites industriels

L’électrolyseur réversible, ou pile à combustible réversible, est une technologie développée au CEA depuis plus de 12 ans, qui a permis de réaliser un record de performance mondiale en électrolyse en 2014. Concrètement, cette technologie fonctionne d’abord comme un électrolyseur classique (qui transforme de l’électricité en hydrogène par électrolyse de l’eau). Il a également la particularité de fonctionner comme une pile à combustible qui permet d’utiliser directement cet hydrogène comme source d’électricité où de chaleur.

Grâce à ce procédé, Sylfen développe une infrastructure hybride particulièrement adaptée pour développer l’autoconsommation des bâtiments. Elle permet de stocker de l’électricité renouvelable produite par le bâtiment directement dans des batteries ; de produire et de stocker de l’hydrogène avec le surplus ; puis de réinjecter cet hydrogène sous forme d’électricité où de chaleur quand la production n’est plus assurée et que les batteries n’assurent plus la consommation. Par ailleurs, la chaleur générée par le processus d’électrolyse peut être récupérée pour chauffer les bâtiments.

L’objectif de ce dispositif est de permettre aux propriétaires de bâtiments de stocker les énergies renouvelables produites localement et de les réutiliser quand ils le souhaitent. La startup fondée en 2015 contribue ainsi fortement à l’amélioration des performances environnementales et économiques des bâtiments par la réduction des émissions de CO2, la réduction et la maîtrise des coûts énergétiques. Elle favorise ainsi le développement de bâtiments autonomes et la création des futurs écoquartiers.


Une levée de fonds de 10M€ en 2022

À l’échelle européenne, les bâtiments représentent 40% de notre consommation d’énergie. Le potentiel de l’autoconsommation et du stockage de l’électricité directement par les immeubles est donc conséquent. Pour un bâtiment, l’entreprise revendique 50% à 75% de réduction des émissions de CO2 via la production et l’autoconsommation d’énergies renouvelables.

Après avoir signé ses premiers contrats commerciaux, Sylfen a levé 10 M€ en mai 2022 auprès du groupe IDEC, Supernova Invest, Elaïs Orium, Crédit Agricole Alpes Développement (C2AD)
ainsi que de ses actionnaires historiques CEA Investissement et EIT InnoEnergy. Cette levée de fonds doit permettre à la startup dirigée par Nicolas Bardi et localisée en Isère, entre Chambéry et Grenoble, d’accélérer son déploiement commercial en France et dans les pays limitrophes. Cette augmentation de capital doit également lui permettre de recruter et de préparer l’industrialisation de sa solution afin d’adresser les sites logistiques, les sites industriels et les écoquartiers.

Depuis quelques années, la possibilité d’obtenir de l’hydrogène grâce à de l’électricité d’origine renouvelable rebat les cartes de la transition énergétique sachant qu’actuellement, la technologie principale pour l’hydrogène (production via le vaporeformage du méthane) est extrêmement polluante. Les progrès technologiques concernant l’efficacité des électrolyseurs représentent le principal levier pour favoriser le développement à grande échelle de ce vecteur énergétique qui représente une clé pour décarboner le secteur des transports et l’industrie, mais aussi pour résoudre le problème de l’intermittence des énergies renouvelables.

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