Les bâtiments, pourtant indispensables à notre confort sont à l’origine d’une forte pression sur l’environnement et ce durant l’entièreté de leur cycle de vie. Au moment de leur construction, ils émettent de nombreux déchets qui échappent parfois au système de recyclage. En 2017, le secteur de la construction était à lui seul responsable de 68% des déchets générés au cours de l’année. La construction est aussi à l’origine de l’épuisement des ressources telles que le sable et contribue à l’artificialisation des sols. Chaque année, on estime à 30 000 le nombre d’hectares de terres arables transformées en infrastructures et en bâtiments.

Mais ce n’est pas tout car une fois construit, les bâtiments continuent d’impacter l’environnement. On considère notamment que le secteur résidentiel et tertiaire est le 3ème secteur le plus émetteur de GES après l’industrie et le transport.

Pourtant, repenser les bâtiments en terme de durabilité est possible mais surtout nécessaire et cela suppose donc de prendre en compte tout le cycle de vie de ceux-ci afin de diminuer leur impact environnemental. Insertion dans le territoire, choix des matériaux et des énergies, réflexion autour de la gestion de l’eau et de l’ameublement, tour d’horizon des leviers que la construction peut mobiliser pour réduire son empreinte environnementale.


Une insertion respectueuse dans un territoire à potentiel

Réfléchir à une bonne insertion dans le territoire c’est réfléchir à la façon d’économiser l’emprise du bâtiment sur les territoires naturels. Pour ce faire, il est nécessaire d’éviter au maximum l’artificialisation des terres en se réappropriant des friches par exemple ou en construisant en hauteur et non en longueur.

De plus, cela nécessite de réfléchir à l’emplacement du bâtiment en termes de connectivité. Un bâtiment proche des services de transport, de logement, d’éducation, d’approvisionnement ou de loisir permettra de réduire les besoins en infrastructures pour connecter le bâtiment et par conséquent l’artificialisation des sols et cela favorisera aussi le développement de mobilités douces telles que la marche à pied ou le vélo ou alors l’usage des transports en commun.

Choisir l’emplacement d’un bâtiment c’est aussi réfléchir à son environnement et à sa biosphère : comment respecter l’environnement tout en profitant de son potentiel ? Cette interrogation c’est celle qui oriente l’architecture bioclimatique. Cette architecture cherche à adapter les projets aux caractéristiques et particularités propres du milieu d’implantation afin de tirer profit des énergies renouvelables disponibles sur le site. De cette façon, l’architecture bioclimatique tend à permettre une sobriété énergétique du bâtiment la plus passive possible grâce notamment à une construction orientée vers le captage de l’énergie solaire. Ce captage doit être fait de telle sorte qu’il permette de valoriser les apports solaires hivernaux pour limiter la consommation de chauffage tout en se protégeant de ceux estivaux pour éviter de se servir de la climatisation.

Pour ce faire, étant donné la latitude européenne, il faut favoriser les ouvertures de grande dimension au sud et éviter celles à l’est et l’ouest. Cependant en été, l’angle d’incidence des rayons du soleil sur les surfaces vitrées orientées au sud est élevé. Il convient donc de les protéger par des protections solaires dimensionnées de telles sorte qu’elles puissent bloquer le rayonnement solaire direct en été tout en y laissant le maximum d’ensoleillement disponible en hiver.

Enfin la végétation plantée autour de la construction a aussi un rôle de protection à jouer. Des résineux au nord et des feuillus au sud permettront de faire brise-vent et protégeront des rayons du soleil en été tout en laissant passer la lumière en hiver. Un point d’eau au sud du bâtiment apportera également un rafraichissement d’un ou deux degrés en période estivale.

construction paille


Des matériaux biosourcés pour une écoconception et des services écosystémiques

Construire un bâtiment éco-responsable, c’est bien évidemment porter une attention particulière au choix des matériaux. Ici, les matériaux biosourcés ou géosourcés sont une alternative durable au bien connu béton, premier responsable de l’épuisement des ressources de sables.

En effet, les matériaux biosourcés tels que le bois, la paille ou encore le chanvre sont très prometteurs pour inscrire la construction dans une démarche responsable. Premièrement car ils peuvent être produits localement et durablement, avec peu de déchets et qu’ils pourront ensuite être facilement réutilisés ou tout simplement retourner à terre. En construisant avec le moins de ressources non renouvelables possibles et en prévoyant en amont la seconde vie des matériaux, l’utilisation de matériaux biosourcés permet une pratique d’écoconception.

Deuxièmement car ils peuvent rendre des services écosystémiques. Par exemple, un mur de 1 m² épais de 35 cm en béton de chanvre stocke instantanément 35 kg de CO2 et ce tout au long de sa vie alors que tout autre matériau minéral tel que le parpaing ou la brique, par exemple, le rejette immédiatement. Ainsi, du bois ou des bottes de paille permettront une structure solide alors que du lin, du chanvre, de la paille ou encore de la laine de mouton pourront être utilisés pour l’isolation. L’étanchéité pourra elle être assurée par de l’huile de colza alors que les finition des façades pourront être faites avec des mélanges terre-paille ou terre-chanvre. Ces matériaux peuvent aussi être utilisés pour le second-oeuvre et l’aménagement intérieur tels que le revêtements du sol ou encore les peintures.

Aujourd’hui, alors que le bois, la paille et la terre crue sont de plus en plus utilisés par les professionnels du bâtiments, d’autres matériaux biosourcés tels que le chanvre, le miscanthus giganteus ou encore le mycélium sont aussi prometteurs.

panneaux solaires résidentiels


Une gestion de l’eau optimisée et diversifiée

Une bonne gestion de l’eau est une gestion la plus économe qu’il soit. Ainsi, un levier d’action pertinent pour faire des économies de manière passive est de remplacer le matériel fortement consommateur par des dispositifs « hydro-économes ». Ces dispositifs peuvent réguler le volume d’eau délivré comme le fait par exemple une chasse d’eau à double débit, le temps d’utilisation ou de réglage (mitigeur thermostatique, robinet temporisé), ou encore la pression et le débit par des réducteurs intégrés d’origine ou ajouté à la robinetterie.

De plus, alors qu’une minorité de notre consommation d’eau a besoin d’être potable, des sources d’eau alternatives telles que la récupération d’eau de pluie peut être un moyen pertinent pour économiser cette ressource.

Cette rétro-innovation peut être complémentaire du réseau collectif depuis 2008 grâce à un arrêté qui autorise sous certaines conditions et pour la plupart des bâtiments, le recours à l’eau de pluie pour l’arrosage, le lavage des sols ou encore l’alimentation des chasses d’eau des toilettes. Cette autorisation reste tout de même limitée aux eaux collectées en aval des toitures non accessibles et ne concerne pas les établissements de santé, d’hébergement de personnes âgées, crèches et écoles maternelles ou élémentaires pour l’utilisation intérieure.

Pour un usage extérieur, une installation sommaire suffira afin de stocker l’eau des gouttières. Mais, pour un usage intérieur, une installation plus complète sera nécessaire avec la mise en place d’une cuvette enterrée ou située à l’intérieur d’un local technique. Cette cuvette devra être accompagnée d’un dispositif de disconnexion totale afin de garantir la protection du réseau public d’eau potable contre la pollution ainsi que de dispositifs de filtration complémentaires.

Enfin, une réflexion autour des eaux grises, qui sont les eaux devenues savonneuses une fois utilisées, est aussi la bienvenue. Déjà, car ces eaux peuvent être recyclées pour ensuite être utilisées dans les toilettes par exemple, mais aussi car il est possible de se servir de leur chaleur. En effet, des récupérateurs de chaleur des eaux grises peuvent être installés dans tous les types de bâtiments où l’eau chaude est évacuée simultanément avec une demande en eau chaude comme c’est le cas par exemple pour les robinets. Ainsi la chaleur récupérée représente autant d’énergie économisée.

Dans la Région de Bruxelles-Capitale, sur une moyenne de 40 à 50 litres de besoins en eau par jour et par personne dans les bureaux, 60 à 80% de ces besoins n’exigent pas l’utilisation d’une eau potable et peuvent donc être satisfaits par une source d’eau alternative.

Le Guide Bâtiment Durable, Bruxelles Environnement


Des énergies renouvelables pour des bâtiments à énergie passive

Les bâtiments sont de gros consommateurs d’énergie tant du point de vue de l’électricité que du chauffage. En 2015, les bâtiments résidentiels et tertiaires étaient notamment responsables de 40% de la consommation finale d’énergie. Alors que seulement 23% de l’énergie (thermique et électrique) consommée dans le secteur du bâtiment est d’origine renouvelable, il reste des progrès importants à accomplir dans le domaine pour réduire l’impact environnemental de nos bâtiments.

D’autant plus que la RE2020 impose désormais aux bâtiments neufs de produire autant d’énergie qu’ils en consomment afin d’être des bâtiments à énergie passive ou positive et que l’intégration des énergies renouvelables permet aux bâtiments de réduire leurs besoins extérieurs en énergie. Dans le domaine du bâtiment, les principales énergies renouvelables à considérer sont :

  • Le solaire thermique : utilisé depuis de nombreuses années maintenant, il est considéré comme l’équipement EnR le plus simple et facile à installer et à amortir. Les capteurs thermiques peuvent être posés sur tout type de bâtiments mais un bâtiment peu exposé au soleil aura intérêt à privilégier une autre énergie.

  • La biomasse : la biomasse solide (bois, paille et autres déchets agricoles) ou la biomasse liquide (huiles végétales) peuvent être utilisés pour produire de la chaleur destinée à chauffer des locaux ou chauffer l’eau sanitaire. Cette énergie à l’avantage d’être disponible en grande quantité et ce de façon locale ce qui permet de limiter les transports d’énergie et offre un combustible à faible énergie grise. En ce qui concerne le chauffage bois ou dérivés des équipements tels que les poêles de masse ou à inertie, les poêles ou chaudières à granulés permettent une production de chaleur performante.

  • La géothermie : cette source d’énergie est gratuite et inépuisable mais son captage demande des dépenses d’énergie électrique. Capter la chaleur en surface atteint très vite ses limites mais aller la chercher plus en profondeur représente un coût plus important même si les performances n’en sont que meilleures.

  • Le petit éolien : si le lieu possède un réel potentiel, investir dans l’éolien moyen peut être rentable. Cependant, dynamiser cette production nécessiterait avant tout d’assouplir les règles d’implantation des installations pour qu’un simple permis de travaux soit suffisant.

  • Le photovoltaïque : cette énergie renouvelable permet de produire de l’électricité. Tout comme les capteurs thermiques, le photovoltaïque utilise bien souvent les toitures qui sont généralement des espaces libres. La multiplication des toitures photovoltaïques a l’avantage de produire de l’énergie en limitant les pertes de charges et les émissions carbone dues au transport. Bien souvent, cette production d’énergie débouche sur un surplus qui peut être revendus par la suite.

L’assemblage de deux ou plusieurs EnR (géothermie et éolien, géothermie et photovoltaïque ou géothermie et solaire thermique) peut parfois être intéressant tout comme la mutualisation des installations qui permet de mettre en place de plus grosses unités de production qui sont alors optimisées et plus efficaces. Cela permet aussi de réduire les coûts de maintenance ainsi que l’étalement urbain.

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upcycling haut de gamme d'une baignoire en canapé


Un ameublement éco-responsable

En ce qui concerne l’ameublement, un bâtiment éco-responsable est un bâtiment qui favorise le réemploi de matériaux d’ordinaire destinés à la poubelle ou l’achat de neuf responsable. Du côté du neuf, certains labels certifient de l’engagement responsable de la marque. C’est le cas par exemple de NF Environnement. Les certifications PEFC et FSC garantissent quant à elles la provenance du bois qui est issu de forêts gérées durablement. Privilégier le Made in France est aussi pertinent notamment pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport.

Coté réemploi, il est possible d’acheter des meubles de seconde main sur des sites comme Leboncoin ou encore Label Emmaüs mais, la plupart des bâtiments recherchent des meubles standardisés. Dans ce cas, il est possible de se tourner vers des entreprises qui créent du mobilier à partir de matériaux upcyclés ou recyclés tels que Pimp your Waste, qui fabrique du mobilier durable à partir du réemploi notamment du bois. Depuis sa création, l’entreprise a notamment permis de récupérer et réutiliser 2030 kg de matériaux.

Ainsi, du choix de votre surface, jusqu’au choix des meubles, en passant par l’eau, l’énergie et les matériaux qui font la maison, vous avez ici l’essentiel des points à retenir. Sans oublier, évidemment, la partie végétation : potagers d’intérieurs, de balcons ou de jardins, plantes vertes pour améliorer le bien-être en intérieur. Qu’il s’agisse d’un immeuble de bureaux ou d’une maison individuelle, ne soyez pas trop minéral, ça n’est bon ni pour l’environnement, ni pour votre moral !

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