La pollution de l’air due à la circulation automobile est devenue un enjeu majeur dans les grandes villes du monde et réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant des véhicules est une priorité. En France, la voiture individuelle, par exemple, représente 50% des émissions du secteur des transports. Et ces polluants ont un impact significatif sur la qualité de l’air, donc sur la santé, tout autant qu’ils contribuent au réchauffement climatique.

Pour remédier à cette situation, de plus en plus de villes envisagent les péages urbains comme une solution potentielle. En Europe, cela a été le cas de Milan, Oslo, Stockholm, Copenhague ou encore Londres.Plus récemment, aux États-Unis, c’est la ville de New-York, qui a annoncé vouloir mettre en place cette méthode pour réduire la congestion du trafic au coeur du célèbre quartier de Manhattan.

Un péage urbain, tarifé entre 17 et 23 dollars par jour, serait instauré aux entrées de Manhattan afin de décourager la circulation excessive dans ce quartier densément peuplé. Cette mesure ambitieuse a pour but de désengorger les rues bondées et d’améliorer la qualité de l’air, mais surtout de mobiliser des ressources financières pour soutenir les transports en commun.

L’impact potentiel de ce péage pourrait être conséquent, avec environ 700 000 véhicules, allant des voitures particulières aux poids lourds, susceptibles d’être touchés chaque jour. Les autorités new-yorkaises espèrent ainsi réduire le trafic de Manhattan d’environ 10 %. Mais le projet est encore loin de faire l’unanimité et se heurte à des réticences déjà observées par le passé.

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Le péage urbain, une solution contestée et contrastée

Copenhague, connue pour son engagement en faveur de l’environnement, avait envisagé en 2013 la mise en place d’un péage urbain similaire, dans le but de verdir la capitale danoise et de soutenir les transports en commun. Cependant, en 2019, le projet a été abandonné suite à une trop vive contestation de la population. Ce fut aussi le cas à Stockholm, qui avait un temps suspendu son projet avant qu’un référendum ne l’instaure de justesse avec 51,1% des voix.

Les critiques envers ces infrastructures font valoir que les péages urbains peuvent renforcer les inégalités sociales et privilégient l’accès aux villes centres aux ménages aisés. À New-York, ce sont aussi les chauffeurs de taxi qui s’opposent à cette mesure, craignant pour leurs revenus.

La solution a cependant été mise en place avec succès à Londres au début des années 2000. Une mesure qui a depuis été saluée pour ses résultats positifs puisque le péage londonien a contribué à réduire la congestion routière et les émissions de gaz à effet de serre, tout en générant des revenus pour soutenir les transports en commun.

Cependant, il est important de noter que Londres a également été confrontée à des défis. Alors que le nombre de véhicules personnels a diminué d’environ 10%, c’est le nombre de véhicules de transport avec chauffeurs qui a augmenté d’environ 30 % depuis les années 2000. En effet, les taxis londoniens sont exemptés des frais de péages urbains et leur nombre a donc explosé, faisant une concurrence aux transports en commun et venant mettre à mal la logique qui veut que le report modal se fasse vers le transport collectif.

embouteillage routier


Un besoin de mesures complémentaires pour réduire la pollution

Pour répondre à ces défis, l’actuel maire de la ville de Londres, Sadiq Khan, a donc mis l’accent dès 2019 sur une nouvelle stratégie, avec notamment la création d’une zone à faible émission dans le centre de Londres. Cette zone impose des taxes aux véhicules polluants, encourageant ainsi la transition vers des modes de transport plus respectueux de l’environnement.

Ainsi, parce qu’ils représentent à la fois une opportunité pour réduire la pollution en ville et un défi majeur en termes d’équité et d’acceptation publique, les villes qui envisagent de mettre en œuvre de tels systèmes doivent tenir compte des inquiétudes des résidents, des inégalités économiques et de la nécessité de proposer des alternatives de transport viables.

En France, aucune métropole ne s’est essayée à la mise en oeuvre de ces péages en ville. D’autres mesures sont généralement privilégiées par les villes françaises, comme les ZFE ou encore la mise à disposition de transports en commun gratuits pour attirer plus de passagers. Deux mesures qui sont aussi vivement contestées et qui prouvent que le sujet de la réduction du trafic automobile reste un sujet profondément sensible.

L’exemple de New-York, l’une des plus grandes villes du monde, permettra peut-être de faire avancer la réflexion sur cette problématique.


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