Oslo est une ville d’environ 660 000 habitants. Elle s’est fait une réputation en Europe il y a 4 ans lorsqu’une nouvelle équipe municipale annonçait que la circulation en voiture y serait interdite à partir de 2020 (une mesure qui n’est que partiellement mise en place). Mais au-delà de cet effet de manche, la capitale norvégienne est surtout en voie de devenir – à l’image de Copenhague – l’une des villes durables les plus inspirantes d’Europe.
Dans un pays où près de 96% de la production électrique est d’origine hydraulique (2,5% issu des centrales thermiques et 1,7% issu des champs d’éoliennes), Oslo s’illustre par son intention de réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre. Pour cela, elle chamboule son offre de transports, ses services publics et ses politiques en matière d’urbanisme et de construction. Au point d’avoir été élue « Capitale verte de l’Europe pour 2019 ». Une récompense liée en grande partie à la réduction de la part modale des véhicules motorisés.
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Oslo, exemple de ville sans voitures ?
Les villes sans voitures sont un fantasme. On trouve des voitures à Pontevedra tout comme on en trouve à Oslo. Cependant, la capitale norvégienne s’illustre par sa volonté d’en réduire l’utilisation au strict minimum. Et surtout, à les bannir du centre ville. Cependant, c’est aussi un pari logique. Près de 60% des émissions de gaz à effet de serre à Oslo proviennent des secteurs du transport et du chauffage.
Or, pour limiter le réchauffement climatique, les villes doivent agir. D’autant plus lorsqu’on est une capitale, et donc un modèle pour les autres villes. Oslo fait d’ailleurs partie du C40, un groupement international – présidé par la maire de Paris Anne Hidalgo – qui souhaitent promouvoir la transition écologique des territoires.
À Oslo, si l’idée d’interdire totalement la ville aux automobilistes a vite été abandonnée, la municipalité travaille à rendre son utilisation plus compliquée. Ainsi, ces dernières années, ce sont pas moins de 700 places de stationnement qui ont été supprimées dans le centre-ville. La mairie a également crée des zones piétons rendant impossible le trafic, y compris celui des voitures électriques. La circulation est ainsi permise dans une zone précise du centre-ville, de 1,9 km2, où environ 5 500 personnes vivent et 120 000 travaillent.
À la place des voitures, la ville d’Oslo a installé du mobilier urbain, des espaces verts, des pistes cyclables ou encore des stations à vélos. Elle compte ainsi rendre l’hypercentre aux habitants afin d’en faire une zone plus agréable à vivre.
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Plus de transports publics et de vélo, moins d’automobiles et de parkings
L’objectif de la Norvège en matière de climat, c’est une réduction des GES de moins 50 % par rapport à 1990 d’ici à 2020 (soit 600 000 tonnes de CO2) et une réduction de 95 % d’ici à 2030. Afin de coller à cet objectif, la ville d’Oslo a entrepris différents chantiers pour en faire une véritable ville verte.
Afin de mobiliser les habitants sur ces projets de transition écologique, la municipalité d’Oslo a mis en place différentes applications disponibles sur smartphone. Elle s’est notamment tournée vers les enfants pour développer une application mobile – Trafikkagenten – permettant de savoir où construire de nouveaux trottoirs et où limiter la vitesse ! Ce concept innovant est présenté comme un jeu dans lequel les plus jeunes peuvent rapporter des informations sur les dangers et/ou inconforts qu’ils rencontrent sur le chemin de l’école. Une autre application mobile permet de planifier des itinéraires ainsi que d’acheter directement des billets. Une manière d’optimiser les transports en commun en utilisant l’open-data comme on peut le rencontrer en France dans la ville de Nantes.
De la même manière, la municipalité d’Oslo teste actuellement des systèmes de navettes autonomes et électriques. La ville a également organisé à plusieurs reprises des concours tels que le Smart Mobility Hackaton afin d’inciter les start up à repenser l’offre de transports publics. Enfin, les véhicules électriques sont également prisés sur place. Ceci étant, la Norvège fait figure de leader mondial quant à la pénétration de véhicules rechargeables. En 2016, ils représentaient près de 10% du parc automobile du pays et jusqu’à 30% en terme de ventes de voitures grâce à une politique soutenue par de nombreux avantages fiscaux.
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L’exemple de l’éco-quartier de Vulkan
L’éco-quartier de Vulkan, à Oslo est une zone de 4,6 hectares qui propose un mélange d’espaces culturels, d’écoles, de deux hôtels, d’appartements résidentiels, restaurants, bureaux ou encore de complexes sportifs. Il représente à lui seul un exemple de ce que seront les Smart City demain.
Vulkan possède son propre système de chauffage central par exemple. Il fonctionne en parallèle du réseau de chauffage urbain de la ville. D’une capacité de production annuelle de 6 GWh, il est situé dans le sous-sol d’un marché couvert. Ce système fonctionne de la manière suivante : il produit l’énergie (sous forme d’eau froide) nécessaire à l’alimentation des réfrigérateurs et des chambres froides des restaurateurs du marché. La chaleur produite par ces appareils est ensuite récupérée puis redistribuée à l’ensemble du quartier sous forme d’eau chaude. Imparable. Ainsi, 70% de l’eau utilisée au Scandic Hôtel, par exemple, est issue de ce processus.
Mais dans le quartier de Vulkan, tout ou presque est pensé de cette manière. Non loin du marché couvert, des panneaux solaires ont été disposés sur l’un des bâtiments couplé à un système de chaleur géothermique. Les toits sont mis à contribution avec des jardins et des ruches. Côté mobilité, un parking de 120 places à destination des habitants et des personnes travaillant dans le secteur abrite un système de partage de voitures. Là-bas, 6 voitures électriques sont à disposition des usagers en permanence. Ceux-ci ont seulement à être membre pour pouvoir réserver l’un des véhicules via une application disponible sur smartphone.
Éclairage intelligent, capteurs connectés : un peu de smart-city dans la ville durable
Enfin, la ville d’Oslo innove également en ce qui concerne l’éco-construction et le mobilier urbain connecté. À titre d’exemple, en juin 2016, Omsorgsbygg (un bailleur immobilier) a lancé un appel d’offres pour la construction de 4 jardins d’enfants. L’une des conditions de cet appel d’offres était la non-utilisation de carburants fossiles. Face aux nombreuses candidatures reçues, la municipalité d’Oslo a décidé d’inclure désormais cette initiative comme condition obligatoire pour les entreprises souhaitant candidater aux appels à projets de la commande publique.
Et comme dans d’autres Smart City, Oslo mise également sur le mobilier urbain connecté, et plus précisément au niveau de l’éclairage. L’éclairage intelligent est depuis peu l’une des grandes problématiques des villes durables. Ainsi, plus de 750 armoires d’éclairages ont été mises en place afin de contrôler 67 000 lampadaires. Cela permet à la capitale norvégienne de réaliser des économies d’énergie et de maintenance grâce à la détection automatique de pannes et la possibilité d’utiliser le réseau d’éclairage comme support pour l’installation et le contrôle de capteurs environnementaux, d’équipements de mesure du trafic, de stations de recharge de véhicules électriques ou encore de panneaux d’information.
En devenant « Capitale verte de l’Europe », Oslo succède ainsi à Nimègue, aux Pays-Bas. Ce prix, crée en 2010, a déjà récompensé de nombreuses Smart City européennes dont Stockholm, Hambourg et Nantes.