Depuis les années 1980, les productions de lavande (Lavandula angustifolia) et de lavandin (Lavandula hybrida) sont menacées de dépérissement par le phytoplasme du Stolbur. Ce micro-organisme pathogène invasif est transmis par des insectes vecteurs, dont le plus emblématique est la cicadelle Hyalesthes obsoletus. Depuis le début des années 2000, les épisodes de fortes chaleurs et de canicules intensifient les dégâts causés à la Lavande et au Lavandin par ces insectes.

Mais pour lutter contre ces menaces sans recourir à l’utilisation massive d’insecticides tels que le glyphosate, l’Université Européenne des Saveurs et des Senteurs (UESS) a lancé le projet Mycolav. Il rassemble le Centre Régionalisé Interprofessionnel d’Expérimentation en Plantes à Parfum Aromatiques et Médicinales (CRIEPPAM), le Laboratoire d’Écologie Alpine de Grenoble (LECA) et la start-up DeepTech Mycophyto, spécialiste des champignons mycorhiziens. C’est précisément autour de ces champignons, qui travaillent en symbiose avec les racines des plantes, qu’est centré ce projet agroécologique.

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Des solutions de biostimulation qui renforcent les défenses naturelles de la plante

Le projet Mycolav a pour objet d’expérimenter la mycorhization contrôlée en inoculant des champignons mycorhiziens arbusculaires (CMA) sur le système racinaire des lavandes et lavandins. L’objectif est de définir de quelle manière cette technique peut augmenter la fertilité des sols, et renforcer la résilience des plantes face aux pathologies et aux sécheresses auxquelles elles sont confrontées.

En effet, ces champignons mycorhiziens sont capables d’interagir avec les racines des plantes pour prolonger leur rayon de prospection et leur permettre ainsi de puiser plus d’éléments nutritifs dans le sol. « La surface d’échange entre les plantes et les champignons est augmentée de 100 à 1000 fois” précise Justine Lipuma, fondatrice de la startup Mycophyto, pionnière en France de cette technique remarquable.

Il y a de nombreuses espèces de champignons mycorhiziens arbusculaires, parmi lesquelles quatre ont été identifiées par les chercheurs du fait de leur développement abondant dans les systèmes racinaires supérieurs de la lavande et du lavandin. Cette abondance de CMA pourrait être gage d’une revitalisation des sols de culture, et d’une plus grande résilience des plantes face aux maladies et aux sécheresses prolongées. La croissance des plantes serait améliorée en inoculant des CMA indigènes qui ont un effet bénéfique sans avoir recours à des intrants chimiques.

La France parmi les premiers producteurs de lavande et lavandin

Les effets bénéfiques de ce projet sur la croissance, la nutrition et la résistance de ces deux espèces végétales – lavande et lavandin – face au dépérissement lié au phytoplasme, sont en cours d’étude mais semblent prometteurs. Les résultats de ces recherches, s’ils étaient confirmés, intéresseraient autant la culture conventionnelle que biologique de la filière lavandicole.

La culture de la lavande et du lavandin représente un enjeu économique et touristique stratégique pour le Sud-Est de la France. La filière, qui regroupe des apiculteurs, des parfumeurs, et le secteur de la cosmétique, est aussi une source importante d’attractivité touristique et culturelle internationale pour cette région. La France est le premier producteur mondial de lavandin avec 80 % de cette production, et en deuxième position pour la lavande, derrière la Bulgarie. Ces deux cultures représentent plus de 20 000 hectares et 9 000 emplois directs dans le Sud de notre pays.


Crédit photo : ©Inrae/JeanMarieBOISSENEC

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