Le mildiou et l’oïdium sont deux maladies qui touchent de nombreuses cultures, et la vigne ne fait pas exception. De fait, elles contraignent donc les viticulteurs à réaliser des traitements réguliers avec des produits à base de cuivre, de souffre où encore des produits phytosanitaires de synthèse. On estime que 80 % des interventions phytosanitaires sur la vigne sont liées à ces deux maladies.

Pour réduire l’utilisation de ces intrants de synthèse, les scientifiques de l’INRAE, en partenariat avec l’institut technique français de la vigne et du vin et des viticulteurs, ont travaillé à la création de nouveaux cépages dotés de résistances naturelles à l’oïdium et au mildiou. Une nouvelle voie s’ouvre donc pour la viticulture puisque ces nouveaux cépages devraient permettre aux viticulteurs de réduire l’utilisation d’intrants de synthèse de 80% à 90%.


Artaban, Floreal, Vidoc et Voltis : 4 cépages plein d’avenir

Depuis 2000, l’INRAE conduit un programme d’innovation variétale, appelé ResDur, dont l’objectif est de créer des variétés résistantes aux principales maladies fongiques de la vigne (mildiou et oïdium) tout en garantissant que la qualité des vins soit d’un niveau équivalent à celle des cépages traditionnels.

Il aura fallu 18 ans de travail et pas moins de 14 000 plantules issues de croisement naturels pour sélectionner 700 plants qui ont permis d’aboutir à 4 variétés de cépages naturellement dotés de résistances à ces maladies. En janvier 2018, Artaban, Vidoc, Floreal et Voltis étaient ainsi officiellement inscrit au catalogue officiel. 4 cépages qui présentent des caractéristiques organoleptiques similaires aux cépages traditionnels (Gamay, Grenache, Chardonnay).

En 2019, ces cépages étaient testés sur 43 sites par des viticulteurs participant au programme OsCAR, un outil de recherche participative présent dans tous les bassins viticoles de France. Sur ces 43 sites, les viticulteurs ont pu réduire de 96 % l’usage des fongicides. Ils sont aujourd’hui cultivés sur 800 hectares. Et les chercheurs ne compte pas s’arrêter là.

cépages vignes


Vers de nouveaux cépages pour s’adapter au changement climatique

Sans compter sur l’apparition de nouvelles maladies (court-noué, black rot, maladie de Pierce) qui se développent rapidement sur le territoire. les chercheurs de l’INRAE, l’IFV et l’interprofession continuent donc leurs travaux pour sélectionner des cépages plus résistants, en particulier pour s’adapter au changement climatique.

Le printemps 2021 fut un printemps noir pour les viticulteurs et arboriculteurs français qui ont très largement souffert des gels tardifs du mois d’avril, dont les dégâts ont été intensifiés par les records de chaleur du mois de Mars. À Beauvais, par exemple, il a fait 24,8°C le 31 mars 2021 et – 6,9°C le 06 avril 2021. Un delta historique de 32°C en seulement quelques jours. Mais les évènement climatiques extrêmes frappent le pays depuis plusieurs années maintenant, les 3 derniers étés (2018, 2019 et 2020) ayant tous battus des records de chaleur et de sécheresse.

De fait, l’adaptation aux contraintes environnementales représente un défi supplémentaire pour les viticulteurs qui ont maintenant besoin de variétés qui bourgeonnent plus tardivement dans l’année pour éviter les dégâts liés au gel, ou bien de variétés résistantes à la chaleur.

Et pour les scientifiques, la priorité est notamment de réduire le temps de sélection nécessaire à la création de ces cépages. Il a fallu 18 ans entre le croisement initial et la variété Floréal, résistante au mildiou et à l’oïdium, inscrite en 2018, ce qui est sans aucun doute beaucoup trop long vis-à-vis des enjeux climatiques. Pour réduire ce temps de sélection, les scientifiques capitalisent notamment sur les apports de la sélection génomique et du phénotypage qui sont déjà utilisés sur les plantes annuelles.

Un nouveau partenariat entre l’INRAE et l’IFV a notamment été confirmé la semaine dernière pour la période 2021-2030 afin d’intensifier ces travaux sur l’innovation variétale, mais aussi sur la conduite et la gestion du vignoble pour la transition agroécologique et l’agriculture biologique.

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