La mode responsable correspond à une alternative à l’industrie de la mode telle que nous la connaissons. En effet, très polluante l’industrie du textile est le deuxième poste de pollution, derrière l’industrie pétrolière. Dans une logique mondiale de respect de l’environnement et de baisse de la pollution – due aux émissions de gaz à effet de serre – il est nécessaire de repenser l’ensemble de nos modes de production, en particulier pour des secteurs comme celui du textile.

Aujourd’hui, cette industrie produit plus de 129 milliards de vêtements chaque année. Les centres de production, majoritairement situés dans les pays d’Asie (Inde, Chine, Pakistan, Bangladesh) ne se préoccupent que partiellement, voire pas du tout, des conditions de travail ou de l’impact environnemental de leurs pratiques. Mais celles-ci sont en train d’évoluer, que ce soit au niveau de la production ou du comportement des consommateurs.

champs de coton


L’habillement victime de la sur-industrialisation

Aujourd’hui, l’industrie du textile vogue au fil des effets de mode et des nouvelles collections. C’est ce que l’on appelle la fast-fashion : un renouvellement permanent et très rapide des vêtements que nous portons. Ce mécanisme est induit par des collections éphémères pour répondre aux attentes des consommateurs, majoritairement les occidentaux.

Or, ce mode de production et de consommation détériore considérablement l’environnement. Cette sur-industrialisation entraîne des dommages aussi bien sur les cultures de matières premières, que sur l’environnement et particulièrement les cours d’eau.

Si nous avons la possibilité de payer un tee-shirt en moyenne 5€, c’est grâce aux mécanismes de marché et aux économies réalisées au détriment de l’environnement. En revanche, si nous ne payons pas un prix en adéquation avec le mode de production, cela signifie que d’autres le payent pour nous. Particulièrement les travailleurs.

Parmi les exemples d’impact environnemental les plus significatifs du secteur de la mode, on retrouve notamment la production des matières premières – plus précisément du coton. Cultivé majoritairement en Inde, les producteurs utilisent de plus en plus de pesticides pour répondre à une demande toujours en croissance. Parmi les produits utilisés, le diéthon, si toxique qu’il a été interdit en Europe. Or, en Inde, les cultivateurs l’utilisent sans protection. Cela a provoqué une augmentation de plus de 50% de nouveaux cas de cancer, chaque année, entre 2001 et 2016. Si ce type de produit est aussi nocif pour la santé, il en est tout autant pour l’environnement.

Malheureusement, les cultures ne sont pas les seules à être touchées par le problème sanitaire et environnemental. L’industrie l’est également. En effet, pour substituer les fibres de coton, on retrouve de plus en plus de matières synthétiques dans nos habits. Polyester, acrylique, ou polyamide, autant de fibres dérivées du plastique et de l’industrie pétrochimique. Non seulement très polluantes à produire, ces matières nécessitent également un bon nombre de traitements chimiques pour être colorés ou devenir résistantes. Bien souvent, ces produits chimiques finissent dans les cours d’eau par manque de moyens d’assainissement et de traitement. Polluant ainsi de nombreuses eaux saines.

En somme, l’industrie du textile est nocive à tout point de vue et ne cesse de nuire à l’environnement. Pollution des sols, de l’air, et des eaux, il existe néanmoins d’autres modes de production pouvant alors réduire l’impact négatif d’une industrie à la mode.

En 2019, 9% des marques ont décidé de placer l’environnement au coeur de leur activité. On estime qu’en 2020, elles seront 26%


La mode responsable : une solution durable ?

La mode responsable est un ensemble d’initiatives et de pratiques possibles pour limiter l’impact environnemental de son dressing. Elle concerne alors aussi bien la production de vêtements que la consommation. En effet, la mode responsable favorise les alternatives durables comme l’utilisation de matières durables, le recyclage et l’upcycling ou encore la seconde main. En somme, la mode responsable se place comme nouvelle solution de l’habillement.

Son essor se traduit par l’émergence des préoccupations des consommateurs vis-à-vis de l’environnement et de ce qu’ils achètent. À l’instar de leur alimentation, ils sont également soucieux de ce que contiennent leurs vêtements et se tournent de plus en plus vers l’information-produit comme décision d’achat, à l’image du développement de la startup Clear Fashion, une sorte de Yuka de l’habillement.

Parallèlement, les mutations de l’industrie textile commencent à se mettre en oeuvre, via un meilleur sourcing des produits, le recours à des productions plus locales ou encore par l’éco-conception de produits. C’est ce que font de jeunes marques responsables (comme la marque française Montlimart) mais aussi ce que commencent à faire les grands noms du secteur via le Fashion Pacte mis en place l’année dernière.

mode responsable


Comment inscrire sa production dans la démarche de mode responsable ?

Afin de répondre aux préoccupations des consommateurs mais également des directives internationales de réduction des émissions polluantes, certaines enseignes de prêt-à-porter tentent d’intégrer une démarche RSE à leur production. En 2019, 9% des marques ont décidé de placer l’environnement au coeur de leur activité. On estime qu’en 2020, elles seront 26%. Il est alors intéressant de voir que certaines marques misent sur la transparence et l’utilisation de nouvelles matières afin de réduire leur impact.

L’une des premières solutions pour réduire l’impact environnemental de l’industrie du textile est d’utiliser des matières durables et naturelles. Aujourd’hui, seulement 1% des champs de coton d’Inde, sont des cultures bio. Or, il existe d’autres matières dont la production, moins énergivore en eau et plus résistantes. C’est notamment le cas du lin, qui représente une alternative intéressante au coton.

La seconde alternative à la production de vêtement, est le réemploi. À l’instar du projet Les Récupérables, il est tout à fait possible de concevoir des vêtements avec des matières déjà existantes. L’objectif d’une telle manière de produire est de faire des vêtements à partir de ce qui existe pour ne pas produire davantage de textile. Une alternative intéressante d’autant plus lorsque les matières récupérées et le lieu de confection sont proches. Cela dans l’objectif de réduire considérablement les coûts environnementaux du transport. Bilum, une marque d’accessoires à partir de toiles publicitaires et d’autres produits insolites, en est un exemple parmi tant d’autres.

Chaque année, plus de 600 000 tonnes de vêtements sont jetées alors que certains pourraient être réutilisés.


Consommer durablement : une alternative à la fast fashion

Porter et acheter des vêtements issus d’une production durable et responsable permet à son tour de réduire l’empreinte carbone de son dressing. De plus, pour orienter la consommation de vêtements durables, certains labels sont disponibles. S’intéresser à des labels comme le label Eoko-Tex est gage de production durable. Or, acheter éthique n’est pas la seule solution. Pour les consommateurs, il est également pertinent de se diriger vers des vêtements de seconde main. En effet, chaque année, plus de 600 000 tonnes de vêtements sont jetées alors que certains pourraient être réutilisés.

Le marché de la seconde main se développe quelle que soit la catégorie de produits. En France, c’est notamment Leboncoin qui a développé cette initiative. Or, aujourd’hui, de nombreuses plateformes de seconde main existent, particulièrement dans le domaine de l’habillement. Ces sites et applications permettent de faciliter les échanges de seconde main en permettant de revendre ou d’acheter des vêtements d’occasion.

Créée en 2012, l’application Vinted en est l’exemple le plus abouti. Elle permet de vendre ou d’acheter des vêtements et accessoires de seconde main. Vinted compte plus de 10 millions de membres actifs en France et se place ainsi comme pionnier de la seconde main en terme d’habillement. Cette initiative permet de repenser la mode.

D’autres plateformes de seconde main existent, telles que Vestiaire collective. Spécialisée dans la vente d’occasion d’articles de luxe, cette startup française souhaite remettre en circulation des pièces de marques peu ou pas utilisées. Leur objectif est donc d’encourager les consommations intelligentes et repenser l’utilité de chaque pièce.

Si cette pratique permet de limiter le gaspillage vestimentaire, la mode responsable, quant à elle, a pour objectif de repenser l’ensemble de la consommation et de la production de textile. Toutes ces initiatives en faveur d’une mode durable avec un impact environnemental amoindri pourraient être une amorce intéressante dans la transition environnementale. La mode responsable semble être un moyen efficace pour lutter contre la surproduction et ces effets néfastes sur l’écosystème environnemental.

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