Fondée en 2017 par Antoine Lefebvre, Nicolas Beaugendre et Thomas Corpetti, la startup Kermap propose des services d’information géographique et d’aide à la décision en se servant de l’intelligence artificielle. L’entreprise s’est fait connaître à ses débuts grâce à un service permettant aux collectivités de cartographier la présence de végétation arborée sur leurs territoires et d’identifier les îlots de chaleur urbain.

L’entreprise a ensuite développé un outil baptisé Nimbo : une plateforme cartographique d’aide à la décision pour les professionnels du monde agricole. On y retrouve un mapping détaillé des parcelles agricoles de nombreux territoires avec un panel d’indicateurs : une cartographie précise des cultures principales qui y sont associées, le type de végétation qu’on y retrouve, le climat et son évolution ou encore des informations sur le foncier. Pour cela, l’entreprise se base sur des modèles d’analyse massive d’images satellites et des modèles de deep learning qui permettent de suivre en continu l’évolution de chaque parcelle sur 20 pays européens à date. 

Elle vient d’annoncer une levée de fonds de 1,2M€ auprès du fonds Sodero Gestion et de l’ONG Earthworm Foundation, avec laquelle Kermap collabore en France dans le cadre du programme d’agriculture régénératrice Sols Vivants. Ce tour de table devrait permettre à la startup d’étendre la portée géographique de Nimbo afin de couvrir le monde entier courant 2023.

Un passage à l’échelle, dans le jargon de la startup nation, qui démontre l’intérêt des technologies spatiales en matière de transition écologique. « Les données d’observation de la Terre sont une ressource précieuse pour accompagner la transition écologique et climatique. Elles vont devoir être massivement mobilisées dans les années à venir, et nos produits répondent à ces enjeux en mettant à disposition des informations stratégiques de manière simple, rapide et globale » explique ainsi Antoine Lefebvre, PDG de l’entreprise.

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Les technologies spatiales au service de l’écologie ?

La société rennaise est ainsi lauréate du concours I-Nov 2022, du volet spatial du plan France Relance et elle bénéficie depuis sa création du soutien du CNES (Centre national d’études spatiales) et de l’Agence spatiale européenne. Les informations qu’elle traite sont d’ailleurs en partie basées sur les visualisations issues de l’imagerie Sentinel, du programme européen Copernicus. Un rapprochement entre deux univers – l’aérospatial et l’agriculture – qui se développe de plus en plus en France.

Outre Kermap, de nombreuses startups se spécialisent ainsi dans l’aide à la décision et l’anticipation des risques climatiques grâce aux satellites. C’est par exemple le cas de DeepPlanet, une entreprise britannique qui utilise les images satellitaires et l’Intelligence Artificielle pour proposer aux viticulteurs les moyens d’adapter leurs pratiques culturales face au changement climatique. En France, l’entreprise TerraNIS se base également sur la géoinformation et le traitement d’images satellitaires pour proposer aux agriculteurs des outils pour optimiser l’irrigation ou détecter des anomalies dans les parcelles.

Plus récemment, c’est même la NASA qui a utilisé un outil installé sur la Station spatiale Internationale pour détecter, en Asie centrale, au Moyen-Orient et dans le sud-ouest des États-Unis, des anomalies dans les émissions de méthane qui ont ainsi permis d’identifier ce qu’on appelle des « supers-émetteurs » : en grande partie des infrastructures pétrolières où des décharges. « Cet outil va non seulement aider les scientifiques à mieux localiser d’où les fuites de méthane proviennent, mais aussi aider à comprendre comment on peut s’y attaquer, et rapidement« , a déclaré le patron de la Nasa, Bill Nelson au moment de révéler les résultats de cette mission baptisée EMIT.

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