La lutte contre le réchauffement climatique passera par une réduction de nos émissions de gaz à effet de serre mais aussi par des solutions d’atténuation que le GIEC a présenté lors de la publication du 3ème volet de leur 6ème rapport récemment. Parmi ces solutions figurent notamment la séquestration du carbone dans les sols agricoles, la lutte contre la déforestation et la réduction des puits de carbone et la restauration des écosystèmes dégradés, comme les zones humides ou les mangroves.
On estime en effet que les sols des écosystèmes terrestres stockent deux à trois fois plus de carbone que l’atmosphère. Cependant, la communauté scientifique manque de données sur les capacités et le fonctionnement précis de ces écosystèmes, ainsi que sur la manière dont nous pouvons améliorer ou optimiser leur capacité de stockage du CO2.
Lancé le 11 avril dernier, le programme scientifique FairCarboN veut justement développer et harmoniser les connaissances scientifiques relatives au cycle du carbone dans les sols terrestres.
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Un budget de 40 millions d’euros sur 6 ans
L’objectif de ce PEPR (Programme et équipement prioritaire de recherche) est de « déterminer précisément la contribution des écosystèmes continentaux (écosystèmes naturels, forêts, agroécosystèmes, écosystèmes d’eau douce et côtiers, écosystèmes urbains et péri-urbains) à l’atténuation du changement climatique, et identifier les leviers écologiques, agronomiques et socio-économiques à actionner pour la mise en œuvre de la transition vers la neutralité carbone » précise le CNRS, qui co-pilote ce programme en coopération avec l’INRAE.
« De nombreuses questions demeurent pour estimer précisément la capacité des écosystèmes continentaux à nous aider à atteindre la neutralité carbone dans le contexte des changements globaux et tout en préservant leur durabilité » précise ainsi sur le site du CNRS le scientifique Pierre Barré, co-directeur du PEPR avec Sylvie Recous (INRAE).
Concrètement, ce programme dispose ainsi d’une enveloppe de 40 millions d’euros sur 6 ans afin de financer différents projets. D’ici 2023, il y en aura 5, chacun doté d’un budget oscillant entre 1,5 million et 7 millions d’euros. « L’un créera une base de données sans précédent sur les évolutions de stocks de carbone dans les sols et dans les biomasses végétales » ajoute Pierre Barré, « un autre développera une plateforme multi-agents de modélisation permettant une évaluation intégrée des systèmes de bioéconomie territoriale et trois autres projets permettront un soutien ciblé aux équipements et infrastructures de recherche existants« .
En parallèle, un appel à projets ouvert à toute la communauté scientifique a été lancé mi-avril afin de progresser sur la compréhension des processus clés régissant le cycle du carbone. Chaque projet bénéficiera d’une enveloppe comprise entre 1M€ et 1,5M€. En outre, dans le cadre de FairCarboN, un enjeu consistera aussi à former la nouvelle génération de scientifiques grâce à la mise en place d’écoles thématiques ou encore le déploiement de modules d’enseignement et de ressources en ligne.
Un programme de recherche dans la lignée de l’initiative « 4 pour 1000 »
Bénéficiant de l’accompagnement de 6 partenaires académiques : l’IRD, le Cirad, le CEA, Aix-Marseille Université, l’université de Montpellier et l’université Paris-Saclay, les 2 organismes pilotes profiteront également d’équipes de recherche françaises en métropole, dans les outremers ainsi qu’à l’étranger, en particulier dans les pays du Sud afin de gérer ce programme de recherche.
Un programme qui s’inscrit d’ailleurs dans la lignée d’une autre initiative française en la matière, à savoir l’initiative « 4 pour 1000 » qui vise à augmenter, chaque année, le stock de carbone des sols agricoles de 0,4 % dans les 40 premiers centimètres du sol. Un stockage supplémentaire qui, théoriquement, serait équivalent à l’augmentation des émissions de carbone annuelles causées par les activités humaines.
Toujours sur ce sujet, les organismes de recherche Planet A et INRAE travaillent également au développement d’un indicateur mondial pour évaluer les stocks de carbone dans les sols. Baptisé SOCCROP, il s’agit d’un outil basé sur les observations satellites des parcelles et qui fonctionne notamment par la mesure de l’évolution de la couverture végétale des sols.