Dans la foulée du One Planet Summit 2021 dédié à la Biodiversité, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, confirmait la volonté de ses services de relancer activement la plantation de haies bocagères dans nos campagnes. Au total, 7 000 kilomètres de haies devraient donc être plantées d’ici à 2022 dans le cadre du plan France Relance.

Un chiffre à mettre en balance avec les 750 000 kilomètres de haies qui ont disparues des bocages français depuis 1950 en raison du remembrement agricole et du déclin de l’activité d’élevage au profit de la céréaliculture intensive. 70 ans plus tard, face au déclin de la biodiversité et la nécessité de repenser nos modèles agricoles autour du développement de pratiques agroécologiques, les haies redeviennent à la mode. Mais planter des haies, à quoi ça sert ?


Un allié dans la lutte contre le réchauffement climatique

Les haies permettent de stocker du carbone. D’après l’INRAE, en fonction de leurs caractéristiques et des propriétés intrinsèques du sol, les haies ont un potentiel pour stocker du carbone additionnel dans les sols, en plus de celui qu’elles sont susceptibles de stocker dans leur système racinaire ou dans leur biomasse aérienne. Une caractéristique intéressante qui nécessite des études complémentaires pour quantifier et gérer durablement les haies bocagères. Mais au regard de l’urgence climatique que nous traversons, c’est une première raison valable d’accélérer la plantation de haies.

Les haies permettent de lutter contre les sécheresses. L’autre raison pour laquelle il s’avère nécessaire aujourd’hui de replanter des haies, c’est l’adaptation de nos pratiques agricoles à un climat qui change inéluctablement. D’après Météo-France, l’été 2020 à été le plus sec jamais enregistré depuis le début des mesures en 1959. Plus inquiétant, il s’agit de la troisième année consécutive que la période estivale atteint des niveaux de sécheresse jamais mesurés précédemment. Et ce n’est qu’un début.

Ici aussi les haies ont un rôle important à jouer pour réduire les effets de la sécheresse sur les parcelles agricoles puisqu’elles modifient la circulation de l’eau en surface du sol. Grâce à leur racines, elles ralentissent le ruissellement et favorisent l’infiltration de l’eau dans le sol. De fait, elles permettent donc de limiter les risques de sécheresses mais aussi les risque de crues.

Lire aussi : la diversité végétale, une solution pour se passer des pesticides ?

haies bocagères normandie
Photo : Jean Weber – INRAE – Bocage Normand


Un allié pour les exploitants agricoles

Un refuge pour la biodiversité et les auxiliaires de culture. Les haies bocagères et les bosquets sont aussi un formidable réservoir de biodiversité. Elles servent de couvert ou de gîte pour de nombreux oiseaux ainsi que pour certains animaux qui ont drastiquement diminué des plaines françaises avec la destruction de leurs habitats. Elles accueillent des auxiliaires de culture, comme les pollinisateurs et prédateurs des ravageurs. Leur présence permet donc de faire renaître des écosystèmes bénéfiques aux pratiques agroécologiques.

Les haies permettent des compléments de revenus. Dans une certaine mesure, les haies bocagères permettent également aux agriculteurs de dégager des compléments de revenus par l’exploitation du bois ou par la production de fruits. Raison pour laquelle la plantation de haies fait d’ailleurs partie des principes de l’agroforesterie, pratique inhérente à l’agroécologie.

Un outil de lutte contre l’érosion des sols. Enfin, les haies sont également un outil indispensable pour lutter contre les méfaits de l’érosion des sols. Or, d’après les chiffres de l’INRAE, près de 18 % des sols de la France métropolitaine présentent un risque moyen à fort d’érosion.

À lire également