L’indoor Farming, où agriculture en intérieur via des fermes verticales ou des fermes installées dans des conteneurs, est un type d’agriculture qui peut contribuer directement à la préservation de l’environnement. Elle a notamment pour avantage de réduire la consommation d’eau utilisée pour les cultures, en particulier via des techniques comme l’hydroponie ou l’aquaponie. Elle offre donc une résilience intéressante dans un contexte de réchauffement climatique marqué par l’augmentation des périodes de sécheresse.
Ce type d’agriculture peut aussi participer à réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole ainsi que l’utilisation de pesticides. Elle pourrait également être une solution pour réduire la déforestation et certaines émissions de CO2 liées aux transports puisqu’elle peut réduire les distances de transport des aliments, en permettant de cultiver des produits locaux à proximité directe des consommateurs.
En parallèle, cette technique possède également des limites qu’il est important de souligner. D’abord, elle peut être coûteuse en raison de l’investissement nécessaire pour l’équipement et les technologies de contrôle de l’environnement. Elle nécessite également une consommation d’énergie importante pour l’éclairage, la climatisation et la ventilation, ce qui peut avoir un impact sur les émissions de gaz à effet de serre en fonction de la source de production d’électricité choisie.
Enfin, pour le moment, l’indoor farming ne s’applique qu’à certaines cultures qui s’adaptent bien aux conditions en intérieur, ce qui peut réduire la diversité alimentaire. Ce sont surtout les herbes aromatiques, les salades voire quelques fruits comme les fraises qui bénéficient de ce type d’agriculture. Approfondir la recherche sur d’autres variétés afin de lever les freins au développement de l’indoor farming s’avère donc nécessaire pour permettre à ce secteur de franchir un cap. C’est tout l’objet du partenariat de recherche qui vient d’être signé entre l’école d’Ingénieurs UniLaSalle et la startup française Jungle, pilier de la culture indoor dans l’hexagone.
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Comprendre comment rendre le secteur rentable
Gilles Dreyfus, CEO et co-fondateur de Jungle, plus grande ferme verticale de France et Philippe Choquet, Directeur général d’UniLaSalle, ont donc signé le 06 décembre dernier sur le campus d’UniLaSalle Rouen le lancement de la Chaire “Culture Indoor & Résilience”. Leur objectif commun est de consolider les références scientifiques nécessaires à l’optimisation de productions en conditions contrôlées.
Cette synergie permettra notamment aux ingénieurs agronomes de Jungle et à l’unité de recherche AGHYLE (Agro-écologie, Hydrogéochimie, Milieux & Ressources) d’UniLaSalle de faire des tests en environnement contrôlé sur de nouvelles espèces végétales. Ce qui permettra notamment d’étudier l’effet des facteurs environnementaux déterminants dans la croissance végétale (milieux nutritifs et climats) afin d’améliorer les processus au sein des fermes verticales.
Elle a pour autre objectif de sélectionner et d’analyser les performances relatives de différentes variétés selon leur finalité (alimentaire et non alimentaire) pour sécuriser la production sur certaines filières (à la fois pour l’alimentation, mais aussi pour le secteur des cosmétiques, très intéressé par ces productions). Enfin, elle doit permettre de conforter des données technico-économiques, notamment au regard des coûts énergétiques potentiels, afin de permettre aux professionnels de l’indoor farming de réaliser des choix plus éclairés à l’avenir.
“Cette nouvelle Chaire représente pour UniLaSalle une opportunité d’aligner nos intelligences sur un temps long. Ce projet extrêmement enthousiasmant permet aussi de connecter nos équipes à une vraie problématique d’entreprise, et à Jungle de profiter de nos plateformes et expertises technologiques” salue Philippe Choquet, Directeur Général de l’école d’ingénieur dans un communiqué de presse.
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Un appétit croissant des investisseurs pour cette technique
En somme, ce partenariat doit aider la filière à devenir rentable, ce qui est encore loin d’être le cas. Le pionnier français de l’indoor farming – la startup Agricool – avait levé 500K€ à sa création en 2015, puis 3M€, 7M€, et enfin 20M€ avant de finalement être placée en redressement judiciaire en 2022. Malgré ces belles levées de fonds, l’entreprise n’avait pas réussi à industrialiser son modèle pour atteindre la rentabilité. Une difficulté rencontrée par de nombreux acteurs sur ce marché puisque les investissements nécessaires pour développer la technologie sont difficiles à rentabiliser.
Le secteur de l’indoor farming continue cependant d’attirer les investisseurs et d’empiler les levées de fonds. En 2020, plus de 520 millions de dollars ont été investis dans ce secteur dans le monde, contre 85 millions en 2015. Désormais leader en France sur ce créneau, Jungle a par exemple levé 42M€ en 2021. La même année, le géant Allemand des fermes verticales, InFarm, avait levé 200M€ outre-Rhin. Ailleurs en Europe, l’entreprise danoise Nordic Harvest a récemment inauguré une ferme de 7 000 m² sur 14 étages, qui doit produire 1 000 tonnes de salade et herbes aromatiques chaque année.
Selon certaines estimations, le marché de l’agriculture intérieure pourrait atteindre un potentiel compris entre 17 et 25 milliards de dollars d’ici 2025 à l’échelle mondiale.