Alvie est un projet démarré en 2019, à l’initiative de Nadir Ghrous, Edita Bezegova et Morgan Roux. Un projet dont la genèse provient avant tout d’échanges avec des exploitants agricoles sur le futur du métier, et sur la transition du secteur vers des pratiques durables. Des échanges où les envies mais aussi les frustrations des exploitants sont abordés. « Les agriculteurs veulent bien réduire leur utilisation d’intrants de synthèse, mais il leur manque les outils nécessaires à cela » précise Edita Bezegova, CEO de la structure. Hygo, le produit développé par la startup vient donc répondre à cet enjeu.

Dans les faits, Alvie développe donc un capteur et une application qui s’intègrent dans ce qu’on appelle l’agriculture de précision. Début 2020, un prototype de cette solution est testé auprès d’agriculteurs français. Il se présente sous la forme d’un capteur qui permet de mesurer en temps réel certains paramètres du sol (température, humidité, etc.). De premiers clients suivent et permettent à la startup de rajouter des fonctionnalités à son produit afin de l’étoffer, le rendre compatible avec différents types de cultures et proposer des calculs pour améliorer le dosage des intrants sur les cultures. Fort de cette première étape, l’entreprise souhaite désormais accélérer.


Un outil connecté pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires dans les champs

Concrètement, Alvie propose donc un produit connecté, équipé de capteurs développés par l’entreprise pour recueillir des données micro-météorologiques : température et hygrométrie dans les champs, mais aussi des données sur les doses utilisées par l’agriculteur pendant l’application de produits de contrôle et de protection. Derrière, une application traite ces données et conseille les exploitants agricoles sur l’utilisation de produits phytosanitaires, en prenant en compte les paramètres analysés mais aussi le type de culture et le matériel utilisé.

« Le but, c’est de proposer la dose la plus optimisée possible pour chaque traitement, pour minimiser les dérives, minimiser l’impact sur la végétation et la santé, tout en maximisant l’efficacité agronomique » précise Edita Bezegova. « Aujourd’hui, nous permettons aux agriculteurs de baisser leur consommation d’intrants de 30% environ. Avec notre levée de fonds, nous espérons améliorer encore le produit pour permettre aux agriculteurs une diminution qui s’approchera de 50% ».

Pour les agriculteurs ou les coopératives, Alvie propose donc un service capable de les aider à opérer une transition vers un modèle agricole plus raisonné, c’est-à-dire avec une utilisation de produits phytosanitaires très optimisée. Ce qui leur permet aussi de réaliser des économies sans renier sur les rendements de leurs parcelles. Une utilisation de la technologie au service de l’agriculture qui est dans l’air du temps. Récemment, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a d’ailleurs vanté cette transition vers une agriculture 3.0, sur laquelle la France possède de nombreuses pépites : Ÿnsect, Agricool, Agriconomie, MiiMosa, Weenat et bien d’autres encore.

champ de lin en fleurs


Permettre aux produits de biocontrôle de se développer davantage

Alvie travaille principalement aujourd’hui dans le champ des grandes cultures. Mais leur produit, Hygo, s’adresse globalement à toute exploitation dont la taille est suffisante pour avoir besoin d’un pulvérisateur. Généralement à partir de 30 ou 40 hectares. Dans le futur, la vigne et l’arboriculture sont deux autres secteurs prioritaires que la startup souhaite adresser. Mais elle ne se cantonne pas au seul sujet des intrants de synthèse.

Car le futur de la protection des cultures passera par une discipline encore balbutiante, mais très prometteuse : le biocontrôle. Un sujet sur lequel la France dispose – là-aussi – de quelques pépites, à l’image de la startup Axioma. Le biocontrôle, c’est la création de produits de contrôle et de protection des cultures qui sont basés uniquement sur des associations de macro et de micro-organismes. En somme, c’est l’utilisation de la nature pour protéger les plantes contre leurs agresseurs et empêcher les maladies. Mais à l’inverse des produits phytosanitaires que nous connaissons, les produits de biocontrôle ne présentent aucun danger pour la nature et pour l’homme.

« Ce sont des produits beaucoup plus délicats que les intrants chimiques, ils ont besoin d’être appliqués dans des conditions optimales pour fonctionner » précise cependant Edita Bezgova, qui ajoute que leur produit – Hygo – devrait donc permettre d’améliorer l’utilisation de ces produits. C’est en tout cas l’un des objectifs de leur levée de fonds. « Une moitié des fonds sera consacrée à la R&D, notamment pour le travail sur la donnée et l’autre sur l’intelligence agronomique, notamment pour nous développer davantage sur le biocontrôle » ajoute ainsi l’entrepreneure.

Pour l’entreprise passée par Euralille et désormais basée à Paris, le futur est donc chargé de grands projets plus qu’enthousiasmants. Elle revendique actuellement presque 400 clients, avec des agriculteurs portés sur l’agroécologie et l’agriculture de précision, dont la volonté est d’accélérer leur changement de pratiques. L’objectif est d’atteindre une volumétrie de 1500 à 2000 clients l’année prochaine, notamment en accélérant sur la collaboration avec les coopératives agricoles. Enfin, la startup souhaite aussi intensifier sa collaboration avec l’écosystème agro-alimentaire français. Nouvel adhérent de l’association la Ferme digitale, Alvie travaille par exemple avec des startups comme Weenat, Sencrop ou Smag. Elle souhaite également fournir des OAD pour les agriculteurs, notamment autour de fiches épidémiologiques afin d’aider à diffuser les bonnes pratiques dans le milieu.

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