C’est une alliance Franco-Allemande entre l’INRAE et ses partenaires du Centre de recherche sur le paysage agricole de Leibniz (ZALF) et du Centre de recherche fédéral allemand sur les plantes cultivées (JKI) qui ont abouti à cet engagement de la communauté scientifique européenne. Depuis 18 mois, les 3 organismes ont amorcé la construction d’un dialogue autour d’un objectif ambitieux : définir une nouvelle stratégie de recherche, transdisciplinaire et multi-acteurs, permettant d’apporter les solutions pour la transition vers une agriculture sans pesticides chimiques (y compris les substances comme le cuivre).

Qu’il s’agisse des Objectifs de Développement Durable définis par l’ONU ou du « Pacte Vert » proposé par la nouvelle Commission Européenne, le développement d’une agriculture durable, qui produit des aliments sains tout en gardant des systèmes agri-alimentaires productifs et économiquement viables, est l’une des grandes priorités de notre époque. En effet, d’ici 2050, la demande alimentaire mondiale devrait doubler. Il faudra pouvoir y répondre sans utiliser de produits néfastes pour les sols, la biodiversité et la santé humaine.

Ce sont donc 24 organismes de recherche européens issus de 15 pays (Danemark, Italie, Grèce, Bulgarie, Suisse, Hongrie, Pologne, Lettonie, Finlande, Irlande, Roumanie, Lituanie, Croatie, Allemagne et France) qui signent une déclaration d’intention pour porter cette vision ambitieuse.


Co-construire la démarche scientifique avec les agriculteurs

Par la mise en place de ce réseau européen de recherche, les 24 organismes ont déjà dessiné plusieurs pistes communes de recherche : mieux utiliser les approches agro-écologiques afin de développer des systèmes de production plus résistants aux maladies ; exploiter le potentiel de la sélection végétale ; développer l’agriculture de précision, sans oublier l’aspect sciences humaines, en cherchant à approfondir les leviers et verrous de la transition socio-économique.

Dans la feuille de route en préparation, les 24 organismes scientifiques veulent aussi remettre en question les méthodes de recherche classique en intégrant des approches systémiques et pluri-disciplinaires. En d’autres terme, cela signifie de renforcer le lien entre le laboratoire et le terrain, en faisant travailler les scientifiques avec le monde agricole pour que celui-ci s’approprie les changements, en partageant les travaux et les résultats dans tout territoire, sur tout type de culture et en intégrant la variabilité des climats et des sols pour tester à grande échelle des solutions alternatives.

L’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) est né le 1er janvier 2020 de la fusion de l’Inra et d’Irstea. Par sa taille et l’étendue de ses domaines de recherche, il est désormais le premier organisme de recherche au monde spécialisé en agriculture, alimentation et environnement : 12 000 personnes dont 2000 doctorants, 200 unités de recherche, une quarantaine d’unités expérimentales, 18 centres de recherche sur toute la France et et plus d’un milliard d’euros de financement. Une gigantesque machine qui, on l’espère, saura trouver avec ses homologues européens des alternatives aux pesticides.

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