Manger des algues : C’est bon pour les animaux… et les humains ?

Installée depuis 1995 à Brehan, au coeur de la Bretagne, Olmix est une PME étonnante. Employant 800 personnes et présente dans plus de 100 pays, elle génère aujourd’hui un chiffre d’affaires d’environ 170 millions d’euros. Que fait-elle exactement ? Eh bien elle conçoit des compléments alimentaires à base d’algues. Sa gamme de produits sert essentiellement à remplacer les antibiotiques, les pesticides ou les sucres de l’alimentation animale.

En effet, les algues contiennent des antioxydants, des protéines et des minéraux à même de renforcer le système immunitaire des animaux. Ils n’ont donc plus besoin de recevoir des antibiotiques, souvent administrés de manière préventive. Or leur usage répété de ces médicaments peut conduire les animaux à développer une antibiorésistance (reconnue par l’OMS comme une des plus graves menaces pesant sur la santé humaine). Les algues sont donc une réponse bio et efficace à ce problème.

Tournée vers la santé animale mais proposant aussi des produits destinés aux humains, Olmix n’est pas la seule entreprise à vouloir généraliser la consommation des algues. Et d’autres sociétés souhaitent l’étendre aussi à l’alimentation des humains afin de rendre leur noblesse à cet aliment déprécié en Europe et aux Etats-Unis.

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Pourquoi manger des algues ?

En Asie, les algues font partie des aliments traditionnels depuis des millénaires. Quiconque à déjà mis un orteil dans un restaurant chinois ou japonais à eu l’occasion de s’en apercevoir. Mais en Occident, on a du mal à s’y mettre. Sommes nous rebutés par l’odeur des algues vertes échouées en plein soleil sur les plages du littoral ?

Bien sûr, on en consomme dans les makis ou dans la soupe miso. Cette soupe est d’ailleurs très intéressante. Elle contient par exemple du wakamé. Cette préparation à base d’algues possède une teneur en calcium plus de dix fois supérieure à celle du lait (entre autres propriétés). Et cette algue riche en calcium, sachez qu’on la retrouve dans des quantités très abondantes en Bretagne. Mais d’ici à ce que cette algue se fasse sa place dans la composition d’un boeuf bourguignon ou en apéritif pour accompagner une terrine de canard… On en est loin.

Pourtant, sans le savoir, nous consommons en France tous les jours des produits issus des algues. C’est le cas des phycocolloïdes (produits référencés E401 à E407 dans la composition des aliments) abondamment utilisés pour stabiliser, épaissir et gélifier des produits dans l’agro-alimentaire (soupes, produits laitiers, desserts, etc.).

Par ailleurs, les algues possèdent majoritairement des compositions riches en sels minéraux (fer, magnésium, etc) ainsi qu’en calcium ou encore en vitamines (B1 à B12). C’est pourquoi elles représentent de très bons compléments alimentaires et sont de plus en plus mises en avant dans certains régimes. Leurs propriétés anti-oxydantes sont aussi – comme pour les animaux – un atout qu’il faut prendre en compte. Alors, pourquoi ne pas en manger davantage ?

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Manger des algues comme le wakamé est bon pour la santé
Le wakamé est une algue riche en calcium – photo by Zuzyusa

Les Algues vont-elles envahir nos assiettes ?

La population mondiale ne cesse d’augmenter – les estimations parlent de 9milliards d’humains en 2050. La problématique de l’alimentation devient donc un sujet de préoccupation majeur. La raison est que les ressources dont dépend notre alimentation – eau douce et terres agricoles- ne cessent de se tendre. Les limites de l’agriculture intensive sont désormais visibles ainsi que les limites de la surconsommation de viande par exemple.  Le repli amorcé vers l’agro-écologie mettra du temps à se mettre en place.

Il est donc probable que nous devions nous tourner vers des aliments « nouveaux » comme les insectes ou les algues.

Concernant les algues, le potentiel est réel. D’après le patron d’Olmix  « aujourd’hui, 25 millions de tonnes d’algues sont produites chaque année dans le monde ». D’ailleurs, la France est le second producteur d’algues en Europe après la Norvège !
A côté de Brest, le port de Lanildut est aussi le premier port goémonier d’Europe (le Goémon désigne une variété d’algues utilisées principalement comme fertilisant pour les sols). Les perspectives semblent donc intéressantes.

De ce fait, beaucoup d’entreprises se positionnent sur ce nouveau marché. C’est le cas par exemple de la start-up Algama, qui conçoit une mayonnaise grâce aux protéines contenus dans une algue : la chlorelle. Cette entreprise fabrique également un soda à base de spiruline (un complément alimentaire à base d’algue très en vogue aujourd’hui). D’autres, comme Algoplus, proposent des produits transformés comme des tartares ou des toasts aux algues.

On vous invite à essayer. Après tout, vous n’êtes pas à l’abri de trouver ça délicieux !


Guillaume Joly. @guitjoly