D’après des chiffres de l’ADEME, 100 milliards de vêtements sont vendus tous les ans à travers le monde. Un coût environnemental important puisque l’industrie de la mode serait à l’origine de de l’émission de près d’1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre chaque année, soit un chiffre proche du transport maritime mondial ou de celui du transport aérien.

Face à cela, les particuliers sont de plus en plus nombreux à privilégier les alternatives durables et à se tourner vers ce qu’on appelle « la mode responsable » : de la seconde main, de la fringue upcyclée ou encore des produits fabriqués de la manière la plus écologique possible.

Estimé à plus de 86 milliards d’euros en Europe, le marché de la seconde main vestimentaire gagne ainsi du terrain, porté notamment par les plateformes en ligne que sont Vinted, Vestiaire Collective où même Le Bon Coin. Ainsi, le nombre de personnes à avoir revendu un vêtement pour la 1ère fois est passé de 16 millions de personnes en 2020 à 90 millions en 2021. Toutefois, ces solutions digitales ne sont pas toujours synonymes de satisfaction : impossibilité de voir le produit avant l’achat, délais de vente qui s’éternisent, négociations exagérées, etc. L’expérience client de la filière d’occasion laisse place à une forte marge de progression, et les co-fondateurs de Freepry l’ont bien compris.

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La seconde main en boutique, pour une meilleure expérience client ?

Fondée par quatre associés – Paul Karam-Roux, Thibaut Boiziau, Alvaro Mancera et François-Emeric Chabanne –, Freepry a vu le jour en 2020 pour offrir la possibilité aux commerçants d’incorporer la seconde main dans leur activité. Soucieux de la pollution engendrée par le secteur de la mode, Thibaut confie que ses associés et lui se sont rapidement rendus à l’évidence « qu’il fallait que ça change » et se sont ainsi interrogés sur la manière dont ils pourraient « favoriser et simplifier la mise en place de seconde main au sein de cette filière ».

Par ailleurs, les quatre amis sont tous partis du constat qu’il était possible de faire mieux en termes de seconde main. Déçus de leur expérience respective sur les plateformes en ligne, ils se sont donnés pour objectif « d’améliorer l’expérience client pour le consommateur que ce soit pour revendre ou acheter des produits de seconde main, notamment à travers des boutiques physiques ».

Accordant une attention particulière à ce dernier aspect, les co-fondateurs perçoivent le magasin comme l’incarnation du « tiers de confiance qui permet d’avoir une meilleure expérience client pour la seconde main. L’idée est ainsi d’accompagner aussi bien les commerçants de proximité que des plus gros acteurs tels que Printemps, Petit Bateau, ou encore Intersport, avec une solution de seconde main à proposer à leurs clients, en partie à travers notre logiciel venant simplifier et automatiser de nombreuses tâches relatives à la seconde main, pouvant s’avérer chronophages » explique Thibaut Boiziau. Un concept qui a désormais ses adeptes puisque la startup revendique plus de 300 boutiques partenaires et une présence dans plus de 95% des départements français.

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Déployer le concept au-delà de l’industrie de la mode

Le modèle économique de la startup repose sur des formules d’abonnement mensuel qui permettent aux boutiques partenaires d’avoir accès à la solution proposée par Freepry. À court-terme, l’entreprise espère s’ancrer au sein d’un plus grand nombre de points de vente à travers l’Hexagone et, dans un second temps, aspire à « promouvoir la seconde main pour d’autres sujets que la mode ». En effet, la startup reste attentive à d’autres verticales où elle pourrait dupliquer son offre.

Une initiative qui est à saluer et qui rejoint d’autres initiatives similaires à l’instar des startups Place2Swap ou Faume, qui visent à démocratiser la seconde main dans le secteur de l’habillement. À noter que cet engouement pour la revente de vêtements possède aussi ses effets rebond. D’abord, cela fait exploser le commerce en ligne et le transport qui y est associé. Le e-commerce en France représente ainsi l’envoi de 500 millions de colis chaque année.

Par ailleurs, la seconde main n’est souvent qu’un prétexte au rachat de produits neufs. C’est en tout cas la conclusion d’une étude réalisée par le Boston Consulting Group, qui estime que près de 70 % des utilisateurs des plateformes de seconde main revendraient leurs vêtements pour avoir de quoi acheter des produits neufs.

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