Une étude publiée cette semaine par le Club des Villes et Territoires Cyclables (CVTC), basée sur une enquête en ligne auprès de 137 collectivités territoriales, dresse un premier état des lieux des aménagements cyclables et piétons provisoires créés après le confinement.
Alors que nous nous interrogions fin Mai sur la durabilité de ces aménagements d’urbanisme tactique, le rapport du CVTC démontre que 75% des collectivités interrogées prévoient de pérenniser au moins une partie des aménagements et la plupart envisagent de les conserver, au moins jusqu’à la rentrée de septembre. Le temps aussi d’obtenir plus de données sur l’usage et l’efficacité de ces dispositifs.
L’étude comptabilise à date une centaine de collectivités engagées dans ces projets d’aménagements. Si les grandes métropoles – Paris en tête – ont largement médiatisé leur activité à ce sujet en période électorale, on note que près d’un tiers de ces projets d’urbanisme tactique se situent tout de même dans des zones rurales.
Par ailleurs, l’étude vient confirmer que la pratique du vélo est en hausse significative sur le territoire, et particulièrement dans les métropoles.
Un tiers des collectivités se lancent dans des aménagements durables
Les bandes cyclables ont été l’aménagement privilégié des collectivités pour répondre à l’urgence de repenser notre mobilité. C’est particulièrement le cas dans les métropoles qui devaient palier à une plus faible fréquentation des transports en commun tout en évitant une hausse majeure du trafic automobile.
Cependant, le choix de combiner des pistes cyclables et des « zones de rencontres », lorsque certaines rues sont limitées à 20 km/h avec une priorité accordée d’abord aux piétons, puis aux vélos et enfin aux voitures, semble avoir une efficacité perçue plus importante.
En outre, près d’une collectivité sur deux a également travaillé à la mise en place de stationnements dédiés aux vélos. Le plus souvent sous forme d’arceaux, afin d’accompagner le développement de la pratique et prémunir les nouveaux usagers du vol. On rappelle que le manque d’infrastructures et la peur du vol sont les deux principaux freins à l’utilisation du vélo en ville.
Enfin, si la majorité des projets d’aménagements cyclables s’appuient plan vélo pré-existant (qui a juste été « accéléré » par les évènements), on note cependant que près de 25% des collectivités interrogées en étaient dépourvues et prévoient d’en créer un suite à cette crise. Ainsi, près d’un tiers des collectivités ont réalisé des aménagements destinés dès le départ à être pérennisés. C’est le cas, par exemple, de la ville de Grenoble qui a commencé à anticiper plusieurs aménagements dans le cadre de son futur plan vélo.
Au final, 75% des collectivités estiment que cette période a eu pour conséquence une accélération de leur politique cyclable. Bien évidemment, toutes les communes ne font cependant pas face aux mêmes problématiques et certaines rencontrent plus de difficulté dans la mise en place de ces infrastructures. Notamment sur le plan financier.
Des aménagements parfois supprimés
Selon l’enquête du CVTC, parmi les 62 collectivités ayant créé des aménagements de transition, 12 en ont déjà supprimé une partie et une seule les a tous supprimés. À la fin juin 2020, 1 collectivité sur 5 a donc procédé à au moins la suppression d’un aménagement de transition. Le motif de suppression le plus fréquemment cité (7 occurrences) est le fait que les aménagements de transition perturbaient la circulation des véhicules motorisés.
Un investissement moyen de 24 millions d’euros
Ainsi, pour les territoires urbains, le principal frein à l’instauration des pistes cyclables ou zones piétonnes (temporaires ou non) concerne la place qu’il faudrait alors retirer aux voitures. Une contrainte à mettre notamment en perspective avec le contexte électoral d’entre-deux tours ainsi que la problématique du manque d’espace dans les villes denses.
Dans les zones rurales, les freins à la mise en place de ces infrastructures sont davantage liés à une pratique du vélo jugée trop faible ainsi qu’à des limitations budgétaires ou d’expertise. L’absence d’une société civile mobilisée pour exprimer le besoin d’aménagements en faveur du vélo semble également limiter la dynamique dans ces territoires.
Côté budget, les 51 collectivités qui ont communiqué au CVTC leur budget pour les aménagements de transition déclarent avoir consacré plus de 24 millions d’euros à ces projets d’urbanisme transitoire. Un montant jugé modeste à l’échelle nationale, mais qui représente pourtant une dépense parfois difficile à assumer pour certaines collectivités.
Malgré la forte activité du Cerema ces dernières semaines, celles-ci expriment d’ailleurs leur besoin de formation pour renforcer l’expertise en matière d’aménagement des réseaux cyclables et déclarent manquer d’information sur les dispositifs pour financer leur politique cyclable.