À travers le monde, la production de cultures est affectée chaque année à hauteur de 40% de pertes de production à cause des insectes ravageurs. Pour contrôler leur population et protéger les récoltes, les insecticides sont actuellement la méthode de lutte la plus couramment utilisée. Cependant, ces dernières années, les pressions exercées par les consommateurs en raison des effets nocifs de ces produits sur la biodiversité, les réglementations en évolution et l’apparition de résistances à ces produits imposent de trouver de nouvelles manières de gérer le contrôle des ravageurs.
Pour assurer la sécurité alimentaire mondiale et pour aider les agriculteurs à protéger leurs cultures tout en lançant une véritable transition écologique de l’agriculture afin de préserver la santé, l’environnement et la biodiversité, de plus en plus d’efforts sont déployés dans le domaine du biocontrôle. Il s’agit d’une pratique qui consiste à utiliser des organismes vivants, des médiateurs chimiques comme les phéromones où encore des substances d’origine végétale ou animale pour prévenir et réduire les dommages causés dans les cultures et se substituer ainsi à l’utilisation d’intrants chimiques.
Fondée en 2019, Agriodor s’est justement spécialisée dans l’utilisation de médiateurs chimiques pour lutter contre les insectes ravageurs des cultures. Cette startup, spin-off de l’INRAE de Versailles, a lancé son premier projet sur la bruche de la féverole et s’appuie sur une équipe pluridisciplinaire dirigée par des professionnels aguerris tels qu’Alain Thibault en tant que CEO, Camille Delpoux en tant que COO et Ené Leppik, PhD en tant que CTO, pour réaliser sa mission. Et pour renforcer sa capacité d’action, elle vient d’annoncer la clôture d’un tour de table de 5M€. Cette levée s’est faite auprès d’investisseurs de renom tels que Capagro, Cap Horn, BNP Paribas Développement, SWEN Capital Partners et Breizh Up (UI Investissement).
Une alternative aux néonicotinoïdes pour sauver la filière de la betterave en France et en Europe
Agriodor est donc une entreprise qui développe des solutions alternatives pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires et protéger les cultures contre les insectes ravageurs. L’un de ses projets principaux est de trouver une alternative aux néonicotinoïdes pour protéger les betteraves contre les pucerons verts.
Depuis 2021, l’entreprise est impliquée dans le projet du PNRI mené par l’ITB et l’INRAE visant à trouver des alternatives aux néonicotinoïdes sur la betterave. Les néonicotinoïdes, qui étaient le principal moyen de protection contre les pucerons verts, ont été interdits en traitement des semences en Europe, malgré quelques dérogations en France ces dernières années.
Pour remédier à cela, Agriodor développe un parfum qui vise à perturber l’installation des pucerons, diminuant ainsi la dissémination des viroses et leurs dégâts sur la culture. Ce produit aura un mode d’application compatible avec les équipements des agriculteurs, ce qui permettra une utilisation à large échelle. Agriodor se concentre principalement sur les marchés confrontés à des impasses techniques telles que l’interdiction de certains insecticides chimiques, ainsi que sur les marchés où les insectes nuisibles menacent la sécurité alimentaire, en particulier sur le colza et la betterave, deux cultures majeures en Europe. D’ici 2023, l’entreprise lancera la première solution mondiale pour lutter contre les pucerons de la betterave, en remplacement des néonicotinoïdes, et elle sera déployable sur 1,5 million d’hectares en Europe.
Selon les prévisions, le marché mondial du biocontrôle connaîtra une croissance annuelle de 16% pour atteindre 11 milliards de dollars en 2025, en particulier dans le segment des insectes ravageurs.