C’est un travail porté par Barbara Pompili, Ministre de la Transition Écologique, en collaboration avec Bruno Le Maire et Cédric O, et qui vise à répondre à deux enjeux : un, maîtriser l’empreinte environnementale du numérique ; deux, utiliser le numérique comme levier pour accélérer la transition écologique.

Le premier point apporte une réponse à une problématique régulièrement citée dans le débat public et sur lequel se penchent de nombreux acteurs, à commencer par le Shift Project, auteur de nombreux rapports sur le sujet ou encore l’Institut du Numérique Responsable ou le Cigref.

C’est aussi le fer de lance de certaines startups, comme Greenspector ou Cleanfox, la plateforme qui lutte contre la pollution des emails. C’est aussi, et surtout, un véritable sujet de fond à l’heure où la 5G, les objets connectés, les voitures autonomes et autres smart buildings et smart city font rêver les industriels et les élus.

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Le second sujet, utiliser le numérique comme levier pour la transition écologique, n’est pas moins d’actualité, même s’il existe un certain paradoxe à vouloir accélérer la transition avec un outil qui, en même temps, possède une véritable empreinte carbone.

Néanmoins, depuis plusieurs années, le numérique à cette capacité à aider le monde agricole à se réinventer, notamment via l’agriculture de précision ; il permet des avancées notables en matière de tri et recyclage des déchets ; il permet d’accélérer la transition énergétique et facilite, aussi, le développement des mobilités douces, du covoiturage ou de l’autopartage… Bref, il est utile et certainement incontournable pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Mais pas à n’importe quelles conditions, car un numérique utile, c’est avant tout un numérique sobre.

Le numérique fait partie notre quotidien : il a beaucoup à apporter à la transition écologique, mais il a aussi une empreinte environnementale qu’il faut maîtriser, dans un contexte de forte hausse des usages.

Barbara Pompili – Ministre de la Transition Écologique


Une feuille de route pour compléter la Loi climat et résilience

Alors que le numérique est le grand absent de la Loi climat et résilience, la feuille de route numérique et environnement marque donc, pour le gouvernement, le lancement d’une politique publique centrée sur la nécessité de faire converger les transitions écologique et numérique. Son objectif est de permettre de soutenir l’innovation pour une transition écologique tout en orientant le numérique vers une logique de sobriété.

Cette feuille de route élaborée par le gouvernement propose donc différentes mesures dont les principales orientations sont :

  • La mise en place d’un baromètre environnemental des acteurs du numérique, via l’instauration d’un pouvoir de collecte de données pour l’ARCEP, en associant l’ADEME ;


  • La formalisation de codes de bonne conduite avec les acteurs du numérique (fabricants, fournisseurs de contenus, éditeurs de logiciels) en matière d’impact environnemental, qui pourraient être portés à l’échelle européenne pour devenir opposables ;


  • L’ambition pour les services publics numériques d’atteindre l’achat de 20% de téléphones fixes et portables et de matériel informatique reconditionnés ou de seconde main et d’adopter les principes l’écoconception web ;


  • Le lancement d’une campagne de sensibilisation sur les pratiques numériques moins polluantes ;


  • L’accompagnement des startups greentech à fort potentiel par la Mission French Tech, pour accélérer leur développement, notamment via la création d’un fonds de 300 millions d’euros destinés à soutenir ces projets ;


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L’ARCEP sollicitée pour le développement de la 5G

Alors que le Haut Conseil pour le Climat, dans son rapport d’évaluation sur l’impact environnemental de la 5G, pose la question de la pertinence de cette technologique vis à vis de ce qu’elle risque de coûter à la planète ; et dans un contexte de défiance assez fort d’une partie de la population sur ce sujet, le Gouvernement va confier à l’ARCEP « de travailler aux voies et moyens de prise en compte des enjeux environnementaux dans les critères d’attribution des prochaines bandes de fréquence 26 Ghz ».

L’ARCEP sera également missionnée par le gouvernement pour une analyse des pratiques commerciales de terminaux subventionnés et de leur impact. Enfin le Gouvernement souhaite également étudier la possibilité d’avoir des centres de données plus « green ».

Cette feuille de route permet de mettre sur la table, de manière plus officielle, les sujets liés à la sobriété numérique ainsi qu’à ses impacts environnementaux. Une première étape qui, on l’espère, sera suivie par la suite de jalons plus impactants pour faire évoluer les comportements sur ce sujet hautement stratégique et périlleux pour faire en sorte que la sobriété ne freine pas l’innovation.

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