Les cryptomonnaies comme le Bitcoin peuvent-elles favoriser la transition écologique ? Au premier abord, la réponse est non, en raison de la forte consommation d’énergie qui est nécessaire pour « miner » ces devises. D’autant plus lorsqu’elles sont fabriquées dans des pays qui utilisent massivement des énergies fossiles, comme c’est le cas en Chine pour le moment. Un principe qui s’oppose totalement à l’idée de sobriété numérique et qui va à contre-sens de la transition écologique. Raison pour laquelle, après avoir acheté énormément de Bitcoin début 2021, Elon Musk vient d’annoncer que Tesla n’en utiliserait plus (jusqu’à nouvel ordre).

Pourtant, il existe malgré tout des crypto-monnaies éthiques qui servent à préserver la biodiversité ou à financer la transition écologique.

Tour d’horizon ci-dessous avec 5 exemples de crypto-monnaies à impact positif qui soutiennent le développement des énergies renouvelables, la préservation de certaines espèces en voie de disparition, le développement de l’agroforesterie ou encore une meilleure gestion des déchets.

SolarCoin


Le Solarcoin, une crypto monnaie pour les énergies renouvelables

Le SolarCoin est une crypto-monnaie lancée en 2014 et dont l’objet est d’inciter à la production d’énergie photovoltaïque. En effet, un particulier ou une entreprise équipé de panneaux solaires peut demander à se faire reverser cette devise à raison de 1 SolarCoin pour 1 mégawattheure produit.

Imaginée par la fondation SolarCoin, cette monnaie est prévue pour durer 40 ans et inciter à la production de 97 500 TWh. L’idée étant de « miner » la monnaie via la production d’énergie et de laisser la blockchain en contrôler le fonctionnement. Les détenteurs de cette devise peuvent ensuite s’en servir pour financer ou payer leur consommation d’énergie.

En France le SolarCoin est utilisé par Lumo, une plate-forme de financement participatif de projets d’énergies vertes ainsi que par ekWateur, un fournisseur d’énergie 100% renouvelables.

les panneaux solaires, 1ère source d'énergie renouvelable en France
La fondation SolarCoin vise à la production de 97 500 TWh grâce au développement du photovoltaïque.


Le Rhinocoin, un bitcoin éthique pour protéger la biodiversité

Il reste aujourd’hui moins de 30 000 rhinocéros dans le monde. Le RhinoCoin a vocation à financer la protection de cet animal, braconné et tué pour sa corne. En effet, il existe des exploitations d’élevage de rhinocéros qui servent à repeupler les parcs naturels et qui permettent d’obtenir légalement des cornes (quand l’animal n’est pas tué par des braconniers, mais endormi par des vétérinaires, les cornes coupées proprement repoussent comme les ongles. Elles sont d’ailleurs faites de la même matière – la kératine – que vos ongles).

Ainsi, En Afrique du Sud, la fondation RhinoCoin achète légalement des cornes avec sa crypto-monnaie (1 RhinoCoin vaut 1 gramme de corne) tout en ponctionnant une partie de la transaction pour la réserver à des actions de protection de l’espèce.

Les crypto-monaies peuvent aussi être éthiques
La crypto monnaie éthique existe sous différentes formes : protection de la biodiversité ou développement des énergies renouvelables.


Le projet OceanMiner, une monnaie grâce aux courants marins

L’environnement représente moins de 3% des dons faits aux associations caritatives. Pourtant, nous n’avons jamais eu autant besoin d’associations à même d’étudier, comprendre et sauvegarder la nature. C’est le cas par exemple de la fondation Tara, qui parcourt les mers et océans du globe depuis 15 ans. Leurs travaux portent actuellement sur l’étude et la compréhension des coraux.

Et pour améliorer le financement de leurs travaux, la fondation Tara à mis en place grâce à des partenaires le projet Ocean Miner. Il s’agit d’une turbine hydraulique installée en Bretagne dans le Morbihan et qui permet de « miner » des bitcoins grâce à la force des courants marins (et de la marée). Simple et efficace, le dispositif ne leur rapporte pas gros. Mais il a pour vocation de montrer la voie : Il existe des alternatives permettant de financer les gestes utiles pour la planète.

agroforesterie


Tree-Token, un crypto-fonds pour investir dans l’agroforesterie

Tree-Token est un fonds d’investissement qui se base sur la blockchain et les crypto-monnaies afin d’investir dans des projets d’agroforesterie en partenariat avec des associations d’agriculteurs. Ces projets agricoles permettent ensuite de dégager des revenus potentiels via des produits issus des récoltes (café, cacao, plantes médicinales, etc.) qui viennent rembourser les investisseurs avec de potentiels gains estimés entre 3% et 7%. Les dividendes sont réalloués aux détenteurs des token en fonction des performances de ce « crypto-fonds d’investissement ».

Le fonds a investi dans 2 projets au Pérou et en Colombie, à hauteur de 5 millions dans chacun des deux pays pour un total de 10 millions d’arbres plantés dans ou autour de parcelles agricoles. Un second appel à projets est en cours d’étude.

Le JellyCoin, un token pour inciter à trier ses déchets

Le JellyCoin est une valeur qui verra le jour en Argentine. C’est dans la province du Misiones, dans le nord-est du pays, que le ministère de l’Industrie a dévoilé ce projet de cryptomonnaie.

Les utilisateurs qui veulent en bénéficier doivent s’enregistrer parmi des catégories en fonction de leur rôle (“producteur“, “collecteur” ou “générateur” de déchets). La plateforme s’occupe ensuite d’établir le lien entre chaque catégorie pour, in fine, faciliter le tri et la collecte des déchets. Les JellyCoin gagnés grâce à ce système permettent ensuite de payer dans des magasins ou encore des taxes municipales et provinciales.


Voila donc quelques exemples de crypto-monnaies qui soutiennent la transition écologique. Des exemples qui ne doivent pas nous empêcher de regarder la réalité en face : si ces cryptomonnaies sont minées grâce à des énergies fossiles, alors, elles vont à l’encontre de la lutte contre le réchauffement climatique. Demain les crypto pourront-elles être minées grâce à des énergies renouvelables ? Il faudra être attentif à cette situation. Car utiliser les renouvelables pour créer de la monnaie pourrait aussi concurrencer d’autres usages plus prioritaires.

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