« Produire mieux et plus avec moins, voilà notre promesse » explique Justine Lipuma, co-fondatrice de la startup agritech Mycophyto, alors que l’entreprise vient de boucler une nouvelle levée de fonds de 4,15M€. Pépite française dans le domaine du biocontrôle, la société, créée en 2017 par Christine Poncet et Justine Lipuma, est une société spin-off de de l’INRAE et de l’Université Côte d’Azur. Elle développe des solutions biologiques naturelles qui permettent de revitaliser les sols et d’accélérer le développement des plantes. Des produits qui, demain, remplaceront probablement les intrants de synthèse utilisés en agriculture traditionnelle. Un marché d’avenir sur lequel la jeune pousse envisage de devenir l’un des leaders en France et en Europe dans les prochaines années.
L’enjeu principal de Mycophyto est ainsi de permettre aux agriculteurs de réaliser leur transition environnementale avec la mise à disposition de produits efficaces, respectueux de la nature et abordables. Pour cela, l’entreprise se base sur plusieurs années de R&D concernant les interactions entre différentes plantes et des champignons mycorhiziens. Ces derniers ont la spécificité d’interagir avec les racines des plantes afin de créer un ensemble qui prolonge le rayon de prospection des racines. Une association qui permet aux plantes, entre autres, de puiser plus loin dans le sol pour trouver de l’eau et des éléments nutritifs.
“Nos solutions ouvrent une nouvelle voie pour augmenter les rendements et la qualité de la production, tout en réduisant l’empreinte environnementale. Notre vision pour demain c’est de les rendre accessibles à tous, partout dans le monde » expliquait l’entrepreneure en 2019, après une première levée de fonds réalisée par la startup pour développer ses produits. 4 ans plus tard, l’entreprise basée à Sophia-Antipolis compte 30 clients et s’appuie sur une présence dans 4 filières agricoles : les plantes à parfums, les plantes aromatiques et médicinales ; le maraîchage ; la vigne.
De premières applications de ses solutions qui ont permis à la startup de démontrer les gains de sa solution avec une augmentation des rendements comprise entre 15% et 30% ainsi qu’une réduction des intrants, dont l’eau, avec jusqu’à 40% de stress hydrique en moins sur certaines cultures. Fort de ces premiers succès, Mycophyto prépare désormais son déploiement à grande échelle avec l’ambition de partir à l’assaut du marché européen d’ici 2025.
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Une levée de fonds de plus de 4M€ en 2023
Maintenant que l’entreprise a réalisé la preuve de son concept, c’est la voie de l’industrialisation que recherche désormais la jeune pousse. Et pour cela, Mycophyto vient de boucler une levée de fonds de 4,155M€ auprès de BPI, Caisse d’Epargne Côte d’Azur, CIC, Région Sud Investissement, Créazur, Olbia Invest, Penfret, Paris Business Angels et plusieurs entrepreneurs.« Cette levée de fonds a été un défi important pour l’entreprise car nous sommes dans une phase clé de notre développement. Franchir cette étape est formidable et nous allons pouvoir mettre en œuvre notre stratégie industrielle et nous préparer à franchir une nouvelle étape dans notre croissance » commente à ce propos Justine Lipuma.
Grâce à cette levée de fonds, la startup souhaite étendre à 4000 m2 sa capacité de production en 2024 et à 8000 m2 en 2025 afin de faire passer à l’échelle supérieure la commercialisation de ses produits et pouvoir s’étendre en France, mais aussi en Europe et en Afrique. L’objectif est de devenir leader en Europe sur le marché des biointrants d’ici 2025. Une ambition qui rejoint d’ailleurs celle d’une autre pépite française en la matière, à savoir la startup Axioma, qui avait levé 2,4M€ en janvier 2022, rejoignant les nombreuses pépites agtech françaises ayant levé des fonds en 2022. Les deux entreprises sont d’ailleurs des membres historiques de l’association La Ferme Digitale, fer de lance du développement de l’agritech en France.
Pour Mycophyto, ce passage à l’échelle intervient dans un contexte où la recherche d’alternatives aux intrants de synthèse n’a jamais été aussi importante. C’est à la fois un enjeu climatique très fort – on l’a vu après la sécheresse historique qui a touché la France en 2022 – puisque les produits développés par la startup permettent notamment de réduire le stress hydrique, mais aussi un enjeu de souveraineté industrielle, la guerre en Ukraine ayant mis en avant la forte dépendance des agriculteurs français à certains engrais provenant de Russie.