Minus Farm est une start up installée à Marcq-En-Baroeul, près de Lille. Une aventure lancée en 2015 autour d’un élevage « maison » d’insectes comestibles. Virginie Mixe et Mathieu Colin, le couple à l’origine de cette aventure entrepreneuriale élèvent ainsi des criquets, des grillons et des larves de ténébrion.
Minus Farm s’inscrit dans le développement des nouvelles protéines, une tendance à suivre ces prochaines années dans le domaine de l’Agtech. La consommation d’insectes est en effet une alternative crédible aux protéines d’origines carnées, et une véritable solution pour une agriculture respectueuse de l’environnement et de la biodiversité.
Minus Farm est une structure qui porte bien son nom. Là où la culture d’insectes peut prendre des proportions industrielles, comme c’est le cas par exemple de la société Ynsect qui a levé près de 110 millions d’euros l’année dernière, Minus Farm est une micro-ferme et une toute petite structure familiale. Historiquement, Virginie Mixe et son compagnon élèvent entre 5kg et 10kg d’insectes chaque mois dans une pièce de 10m2. Courant 2018, le couple a réussi une campagne de crowdfunding sur le site Miimosa afin de pouvoir changer d’échelle. C’est à dire acquérir un premier container pour augmenter et professionnaliser leur production.
Cependant, l’entreprise devra attendre avant de franchir cette étape dans leur développement. En effet, au nom du principe de précaution, la filière est pour le moment bloquée par les autorités françaises.
Une filière freinée par la législation française
En France, la filière des nouvelles protéines, autour des algues ou des insectes, est pourtant très dynamique. En ce qui concerne les éleveurs d’insectes, que ce soit Ynsect, Micronutris, Minus Farm, Entomo ou Insectéine, de nombreuses structures se sont créées ces dernières années. Elles ne sont pas suivies par les autorités qui empêchent pour le moment le développement de cette filière. Alors que ce n’est pas le cas ailleurs en Europe.
La commission européenne a en effet classé les insectes comme « novel food » en 2018 et permet donc de les commercialiser en attendant les résultats d’une étude de risques de l’EFSA (l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) qui devrait être rendue publique dans les prochains mois. Cependant, la législation française sur ce sujet – au nom du principe de précaution – a interdit à plusieurs entreprises, dont Minus Farm, de commercialiser leurs produits en attendant cette étude de risques. Une décision actuellement contestée par les différents producteurs français d’insectes qui s’estiment lésés, puisque leurs voisins Belges et Hollandais, par exemple, peuvent continuer d’en vendre.
Une décision dommage, d’autant que cela freine le développement d’une filière pourtant essentielle à la transition écologique de notre système alimentaire et agricole. Les insectes font d’ailleurs partie du régime alimentaire de nombreuses populations à travers le monde. Non seulement ils sont riches en protéines, mais leur culture émet environ 6 fois moins de gaz à effet de serre que l’élevage de boeuf. La culture d’insectes mobilise également très peu de terre et très peu d’eau.