Le sujet de la gestion des déchets fait naître des innovations technologiques à mesure que la question climatique évolue. Aujourd’hui, de nombreuses solutions émergent sur le marché afin d’accompagner consommateurs, collectivités et metteurs sur le marché dans ce domaine.

Le recyclage, c’est évidemment la dernière voie de l’économie circulaire. Celle qui, dans un monde idéal, intervient après les autres solutions : réemploi, upcycling, réparabilité ou seconde main. Mais améliorer le recyclage, c’est aussi un impératif écologique – voire une urgence au vu de l’état actuel des choses. Car depuis que les pays asiatiques, et notamment la Chine, refusent de traiter nos déchets, il faut bien accélérer sur le sujet.

Aujourd’hui, par exemple, le taux de recyclage des matières plastiques en France avoisine les 20%. Il n’est pas encore atteint, l’objectif de 100% fixé pour 2025. C’est dans cette optique qu’Olivier Large et Marjorie Darcet ont créé Lixo, une technologie basée sur de l’intelligence artificielle qui doit permettre d’identifier et de caractériser en temps réel tout type de déchets afin d’accompagner les professionnels du secteur à mieux gérer leurs flux.

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Un système d’identification de déchets

Olivier Large et Marjorie Darcet se sont associés pour créer Lixo au début de l’année 2020, après avoir commencé à travailler sur le projet en 2019. « Ce que nous proposons, c’est un produit qui permet de faire de l’analyse de flux, avec l’objectif de développer des solutions qui permettront d’optimiser la façon dont on gère les déchets tout au long de leur cycle de vie » explique la co-fondatrice de cette startup accompagnée depuis quelques mois par l’accélérateur 50 Partners Impact.

Une solution qui doit notamment permettre d’améliorer la valorisation des déchets. D’autant que de nombreuses matières ou produits passent à travers les mailles du filet et ne sont pas traités comme ils le devraient.

La startup a alors mis en place un dispositif technologique qui permet d’étudier le contenu des flux de déchets via trois briques. « La première est une brique hardware, ce sont des petits boitiers à l’intérieur desquels on met une caméra et un micro-ordinateur. La seconde, ce sont des algorithmes que l’on met directement à l’intérieur des micro-ordinateurs. Ils analysent les images qui sont captées par la caméra en direct et le résultat de ces analyses est renvoyé vers un tableau de bord, troisième brique de la solution, qui permet de voir en temps réel et en continu les indicateurs qui sont pertinents pour ce cas d’usage-là » ajoute l’entrepreneure.

Les données retransmises peuvent concerner la qualité des flux, en indiquant par exemple le pourcentage de plastique réutilisable, l’identification d’objets dangereux ou la détection d’un produit envoyé au mauvais endroit. Placés sur des camions de collecte, des convoyeurs ou des incinérateurs, ces capteurs permettent aux gestionnaires des déchets – recycleurs, collecteurs ou centres de tri – d’identifier les déchets présents dans les flux pour ensuite déterminer le processus de fin de vie qui leur est adapté.

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un centre de tri et de valorisation de déchets.
©Nicolas Parent/MAXPPP – Usine de tri et de valorisation des déchets de Calce. La start up Lixo a installé son système de détection à l’entrée de l’unité de tri pour détecter les déchets dangereux, notamment les DASRI.


Un usage qui pourrait s’étendre aux déchets industriels

Des dizaines de clients sont maintenant équipés de ces dispositifs qui devraient se déployer davantage dans les années à venir. La jeune entreprise vient d’ailleurs de finaliser une levée de fonds de 3,5 millions d’euros auprès de Demeter Partners, Raise Impact, d’Amaury Bierent (Ovive) et de 50 partners.

Pour le moment, les outils d’analyse de Lixo ne prennent en charge que les déchets ménagers. Mais à l’avenir, le système pourrait s’appliquer à d’autres industries. « Il y a plein de cas d’usage sur les déchets industriels, ceux de la déconstruction, ou encore les déchets électroniques. Nous allons utiliser la même solution pour arriver à servir plusieurs cas d’usage, plusieurs types d’industries, mais toujours en restant dans le secteur de la gestion des déchets ».

Accompagnés de 5 ingénieurs – datascientists, mécatroniciens et développeurs – l’entreprise continue donc de proposer son service d’optimisation des flux dans l’optique d’assister les gestionnaires de déchets: collectivités, collecteurs, centres de tri et recycleurs. Et la co-fondatrice de la startup de conclure, « notre rôle, c’est d’identifier des poches d’inefficacité, des sortes de petites frictions qui sont dues à la complexité des flux et à la multiplicité des acteurs, et de permettre aux acteurs concernés de les résoudre« .

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