28 millions de litres de peinture à l’eau sont envoyés à l’incinération chaque année, en France, alors même que ces produits sont parfaitement recyclables. Cependant, aucune filière de recyclage ne s’était, jusqu’ici, penchée sur ce sujet. Dommage pour l’environnement puisque, d’après les chiffres de l’Ademe, l’incinération de ces restes de peinture cause tous les ans l’émission de 220 000 tonnes de CO2 dans l’atmosphère.

La startup Circouleur est le premier acteur français à proposer de la peinture recyclée et à structurer une filière pour industrialiser le recyclage de la peinture. Un projet lancé en 2017 en Gironde, à Blanquefort, par Maïlys Grau, une chimiste de formation qui s’est notamment inspirée d’un procédé qui fonctionne très bien au Canada. « En faisant des travaux de peinture chez moi, je me suis demandée ce que devenaient les pots entamés. En parallèle, je cherchais à monter une entreprise avec un impact positif sur l’environnement et qui ait du sens pour moi. J’ai alors fait des recherches, découvert que nos peintures acryliques sont incinérées alors que les Québécois les recyclent depuis plus de 20 ans. J’ai alors décidé de me lancer dans l’aventure et de monter la filière de recyclage en France » explique l’entrepreneure, rejointe dans son projet par son associée Marianne Rittaud.

Depuis plus de 5 ans, les deux associées ont donc travaillé à mettre au point une gamme de pots de peinture haut-de-gamme qui incorpore au moins 70% de peinture recyclée. Un produit qui présente un double avantage pour l’environnement : moins d’émissions de CO2 en évitant l’incinération et moins de composés organiques volatils, puisque les solvants contenus dans la peinture depuis sa fabrication se sont évaporés lors de la première utilisation. Ce qui permet de ne pas nuire à la qualité de l’air intérieur.


Bientôt des unités de recyclage dans toute la France

Circouleur revalorise donc de la peinture qui était destinée à être détruite afin de la remettre en circulation. À date, elle propose une gamme de plus de 14 couleurs qui est petit-à-petit distribuée en France via des enseignes spécialisées (Mr Bricolage, Les Briconautes, L’entrepôt du bricolage, etc). Et à côté de sa mission environnementale, la jeune pousse possède également une vocation sociale, avec une priorité accordée aux emplois solidaires. Ainsi, le tri des peintures et l’étiquetage des pots sont des tâches réalisées en partie par des personnes en insertion professionnelle ou en situation de handicap.

Côté approvisionnement, la startup a structuré un réseau de déchèteries partenaires, notamment en Gironde, et noué un partenariat stratégique avec SARP Industries, une filiale de Veolia. Ce partenariat permet à la jeune pousse de sécuriser l’accès à un gisement de peinture et d’augmenter ainsi sa production pour tendre vers un objectif de production de 200 tonnes de peinture recyclée chaque année. Circouleur devrait ainsi ouvrir, au fur et à mesure, des plateformes de recyclage directement sur les sites existants de SARP Industries et souhaite aussi construire une usine en Gironde.

Pour cela, après une première levée de fonds réalisée en 2019, la startup labellisée Greentech Innovation par le Ministère de la Transition écologique a effectuée un second tour de table de 1,2 million d’euros en 2022 auprès d’investisseurs et de banques ; mais aussi via la plateforme de financement citoyen Lita.co, qui lui a permis de récupérer 330K€.

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