C’est quoi le biométhane ?
Le biométhane est un gaz obtenu par l’épuration du biogaz issu de la fermentation de matières organiques (biodéchets, effluents d’élevage). Les déchets qui fermentent libèrent en effet un gaz qui peut-être “nettoyé” de certains composants (CO2, H2O) afin de devenir ce qu’on appelle le biométhane.
Et le biométhane possède des propriétés similaires au gaz naturel (qui est une énergie fossile dont l’extraction est très polluante). Il peut donc être injecté dans les réseaux de gaz que nous possédons déjà et être utilisé pour le chauffage ou l’électricité. Voire même pour faire rouler certains véhicules. Il a pour avantage provenir de la valorisation de nos déchets : le biométhane est donc une source d’énergie renouvelable. Un secteur notamment propice à la valorisation des déchets agricoles ou des biodéchets.
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Pour aller plus loin
Dans les faits, ce qu’on appelle communément “le gaz”, c’est du méthane sous forme gazeuse. Le méthane, on l’utilise principalement pour produire de l’électricité, se chauffer voire même comme carburant pour le transport routier ou maritime. Il peut être extrait de manière naturelle ou manufacturée. On distingue généralement deux types de méthane (donc, de gaz) : le gaz naturel et le gaz de schiste. Cependant, ne vous y trompez pas, le gaz naturel est une énergie fossile.
C’est pourquoi le biométhane représente une alternative excitante car il s’agit d’une énergie renouvelable dont la fabrication est neutre pour l’environnement. C’est également une opportunité pour la diversification des revenus de nos agriculteurs qui peuvent valoriser leurs déchets agricoles en les transformant en biométhane. Une solution qui a de l’avenir !
Le méthane (le gaz) représente 22% de la consommation énergétique de la France. Comme on a peu de gisements chez nous, il est essentiellement importé de Norvège, de Russie, des Pays-Bas et d’Algérie. La méthanisation représente donc une opportunité économique et géopolitique pour assurer la souveraineté du pays en période de crise, comme cela a été le cas en 2022 vis-à-vis de la Russie.
Quelles étapes pour transformer les déchets en gaz vert ?
Comme évoqué, c’est la fermentation des matières organiques (déchets alimentaires, déchets agricoles, boues des stations d’épuration…) qui va donc produire du biogaz. Celui-ci est énergétiquement pauvre (il ne contient que 40 à 60 % de méthane, et 40 à 60 % de CO2 et quelques traces d’autres composés). Donc pour obtenir du biométhane valorisable, le biogaz est épuré.
Trois étapes successives d’épuration sont nécessaires pour transformer le biogaz en biométhane :
– la décarbonatation pour enlever le CO2,
– la désulfuration pour retirer le sulfure d’hydrogène,
– la déshydratation pour retirer l’eau.
D’où la nécessité de créer des infrastructures pour gérer ces opérations, le biométhane représente ainsi une alternative intéressante dans le cadre de la transition énergétique. Par ailleurs, la méthanisation s’intègre pleinement dans le cadre de l’économie circulaire et le procédé ne rejette pas plus de CO2 dans l’atmosphère que ce que les déchets organiques auraient fait en se décomposant. l’opération est donc neutre en termes d’empreinte carbone.
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56% de gaz vert dans le réseau français d’ici 2050 ?
Aujourd’hui, le biométhane représente 0,2% de la consommation énergétique en France. Cependant les ambitions du gouvernement visent à augmenter considérablement ces chiffres. Ce qui ne sera pas bien compliqué, on vous l’accorde. D’autant qu’à partir de janvier 2024, la valorisation des biodéchets va devenir obligatoire en France, ce qui représente un gisement national de 12 millions de tonnes chaque année qui pourrait être injecté dans les unités de méthanisation.
À l’horizon 2030, entre 500 et 1 400 sites injecteront du biométhane dans le réseau (selon l’ADEME), ce qui représente 16 % de biométhane dans le réseau dans dix ans, alors que le gouvernement a fixé la limite basse à 10%. A l’horizon 2050, 73 % du gaz circulant dans le réseau de distribution pourrait être du « gaz vert » selon le scénario de GRDF mais seulement de 56 % selon l’ADEME. Donc retenons le chiffre de l’ADEME.
En France, la méthanisation s’oriente de façon croissante vers l’injection de biométhane dans les réseaux de gaz. Cependant le développement de cette filière de valorisation est souvent freiné par l’éloignement entre les bassins de gisements agricoles (là où la majorité des sites de méthanisation sont installés, cf photos) et les réseaux de gaz de capacités adaptées. Il faut donc développer des unités de portage du biométhane, ce qui consiste à le transporter d’un point A à un point B où il sera injecté dans le réseau. La bonne réalisation des chiffres cités plus haut dépend en grande partie des infrastructures permettant l’injection.
Pour cela, la France peut s’inspirer de modèles qui existent déjà en Angleterre ou en Suède par exemple. En Europe, les filières de production du biométhane sont courantes. Les plus développées se trouvent en Allemagne et au Royaume-Uni, puis dans les pays nordiques (Suède, Danemark).
Pour aller plus loin
[Data] – Où sont situées les installations de biométhane en France ?
[Data] – Évolution des capacités de biométhane en France