Chaque année en France, ce sont 4 000 tonnes de déchets capillaires qui sont générées par les salons de coiffure. Inévitables déchets, mais pas inutiles. D’ailleurs, la valorisation des cheveux est une tendance qui commence à émerger. Plusieurs structures proposent ainsi des services de recyclage des cheveux, comme la société Haidresser Fair qui les recycle en isolant pour l’industrie du bâtiment ; ou encore de l’association Coiffeurs Justes qui récupère les cheveux pour en faire des barrières anti-pollution.
Capillum est une startup clermontoise qui propose, elle aussi, un service de recyclage des cheveux coupés afin de les revaloriser en soin pour la peau, en dépolluants ou encore en fertilisants. Elle s’inscrit ainsi dans une démarche d’économie circulaire en transformant les déchets capillaires en ressources.
Recycler les cheveux pour en extraire de la kératine
À l’origine, cette startup fondée en 2019 par James Taylor et Clément Baldellou s’est donnée pour objectif de récolter les cheveux auprès des coiffeurs pour en extraire la kératine, présente à 95% dans le cheveux, et ainsi contribuer à la recherche médicale. En effet, la kératine est utile dans de nombreux soins de la peau notamment pour les grands brûlés.
Ainsi, la startup propose à ses coiffeurs partenaires, qui sont aujourd’hui plus de 700, de leur envoyer un bac de recyclage de cheveux qui sera ensuite récupéré directement dans leur salon grâce à des vélo-cargo opérés par Urby, ou dans des points d’apports volontaires.
En 2019, la startup a d’ailleurs été lauréate du trophée national des Élanceurs, le programme de soutien à l’innovation dans le domaine sociétal et environnemental du Groupe La Poste. Depuis, elle a permis le recyclage de 10 000 kilos de cheveux en France. Membre de la première promotion du Village By CA Centre France afin d’accélérer son développement, Capillum ne compte pas s’arrêter là et pour cause, elle propose désormais de nouvelles formes de valorisation pour les cheveux.
Dépolluant, fertilisant : les vertus insoupçonnées des cheveux
Outre sa contenance en kératine, les cheveux présentent aussi des bienfaits pour l’environnement. Grâce à ses propriétés lipophiles, le cheveu est ainsi capable d’absorber naturellement jusqu’à 8 fois son poids en hydrocarbures. Tassés dans des tubes de nylon, ils peuvent venir nettoyer les eaux des zones portuaires, des océans mais aussi les sols des sites pollués. De plus, ces tubes peuvent par la suite être lavés et réutilisés 6 à 10 fois.
Lors de la catastrophe du Wakashio, ce vraquier qui s’est échoué le 25 juillet 2020 au sud de l’île Maurice, déversant ses 3 800 tonnes de fuel et 200 tonnes de diesel dans l’océan, les co-fondateurs de Capillum ont décidé de s’investir bénévolement dans une opération exceptionnelle de collecte de cheveux. Ces derniers ont, par la suite, été acheminés vers des ONG telles que Projet Rescue Ocean qui ont lutté contre les dommages causés par ce naufrage.
Depuis, une partie des cheveux collectés chaque année par Capillum est stockée de manière à pouvoir gagner en réactivité et en efficacité si de telles situations venaient à se reproduire.
Un débouché pour l’agriculture ?
Enfin, les cheveux récoltés par la jeune startup peuvent aussi être utilisés dans le domaine agricole. En effet, ils peuvent se substituer aux engrais chimiques car ils libèrent de l’azote mais aussi du souffre en se décomposant ce qui aide à la croissance des plantes.
Ils sont aussi des répulsifs naturels et permettent donc de protéger les champs des nuisibles. L’entreprise vient à ce sujet de déposer un brevet pour la commercialisation de son premier paillage de fibres capillaires. Alors qu’il faut 200 litres d’eau pour produire 1kg de plastique, en se substituant aux produits de l’industrie pétrochimique utilisés dans l’agriculture, les cheveux permettent de faire des économies d’eau.