La Directive Cadre sur l’Eau (DCE) exige des États membres de l’Union Européenne qu’ils mettent en place des actions de suivi de la qualité des eaux de leurs rivières en utilisant des bio-indicateurs pour agir sur une sélection de 35 familles de micropolluants identifiés comme prioritaires. Dans ce contexte, des solutions émergent pour répondre à cette problématique, à l’image de ce que propose le projet de recherche Biomae, qui utilise de petites crevettes d’eau douce comme marqueur pour évaluer la présence de ces micropolluants.

Et pour dépolluer ces eaux, des solutions naturelles émergent également depuis quelques années. On parlait récemment de ce que fait l’entreprise Bamboo for life qui utilise les propriétés des bambousaies pour traiter les eaux usées. Aujourd’hui, nous nous intéressons à l’entreprise Biostart qui, depuis 2018, utilise une biomolécule qui agit directement sur les micropolluants présents dans l’eau.

Une innovation biotechnologique pour le traitement de l’eau

Jean-Baptiste Loiseau, Bertrand Duval, Fabrice Grenard et Bernard Rougier travaillent sur cette innovation depuis 2013. Fabrice Grenard était consultant au sein d’une entreprise de récupération d’eau de pluie lorsqu’il a initié le projet. « Nous ne savions pas quoi faire de cette eau, parce qu’elle n’était pas réutilisable puisque polluée aux métaux lourds. Donc ça n’avait pas beaucoup de sens sur le plan environnemental« . L’un de ses associés, Bertrand Duval, travaillait quant à lui sur la cyclodextrine à des fins pharmaceutiques. « Cette molécule est utilisée dans l’industrie pharmaceutique pour libérer le principe actif d’un médicament directement sur la tumeur. On s’est dit que ce serait éventuellement intéressant d’utiliser ses propriétés pour capter les micropolluants dans les eaux« .

Le fonctionnement de la technologie développée par Biostart s’appuie donc sur la cyclodextrine, qui est ensuite greffée à un polymère afin de la rendre compatible en milieu aqueux. Après transformation, elle est introduite dans les eaux polluées où elle va venir « capturer » les micropolluants. « Imaginez une tasse à café, elle renferme le café à l’intérieur de sa circonférence grâce à des propriétés à la fois hydrophile et hydrophobe. Le fonctionnement de la molécule agit de la même façon. Le micropolluant vient s’encapsuler directement dans la circonférence de la tasse à café et reste bloqué » précise l’entrepreneur.

Après des années d’études bibliographiques, de tests et de recherches en laboratoire, la société lance ainsi en septembre 2021 la commercialisation de sa biomolécule brevetée en Europe et à l’international (Japon, Canada, Etats-Unis, Chine, Inde, Russie). Elle s’adresse principalement aux acteurs du traitement des eaux usées et propres, à l’image des stations d’épuration, mais également de certains industriels ou collectivités.


Une production à industrialiser dans les années à venir

Grâce à cette technologie, Biostart se positionne également sur une logique d’économie circulaire. « Nous pouvons retraiter notre molécule pour libérer un certain nombre de micropolluants qui seraient, par exemple, revalorisables, comme certains types de métaux« , ajoutent les fondateurs.

Mais l’entreprise ne s’arrête pas là puisqu’elle compte se développer davantage dans le courant 2022-2023 avec l’organisation d’une levée de fonds qui lui permettra d’opérer sa propre production. Et pour aller encore plus loin, Biostart projette de se lancer dans de nouvelles recherches d’ici la fin de l’année sur des applicatifs destinés à la dépollution de l’air et des sols.

Les micropolluants sont des particules extrêmement fines nocives pour l’environnement, même à très faible concentration, c’est à dire de l’ordre d’un microgramme par litre d’eau. Ils peuvent être des métaux lourds, des perturbateurs endocriniens, des résidus de pesticides ou de médicaments. Leur déversement dans le milieu naturel a des effets négatifs conséquents sur la biodiversité mais aussi sur la santé humaine.

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