En France, d’après les chiffres de l’INSEE, 9 personnes sur 10 vivent dans l’air d’attraction d’une ville. 51% de la population réside directement dans les pôles urbains et 43% dans les couronnes. Les collectivités territoriales ont ainsi un rôle majeur dans l’atteinte des objectifs climat de la France puisqu’elles possèdent une compétence sur de nombreux sujets structurants de notre vie quotidienne. Mais au-delà de la compétence, il y a une question de moyens financiers et de moyens humains pour mener à bien la transition écologique.

Or, aujourd’hui, les collectivités ont-elles les moyens d’atteindre les objectifs fixés par la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) ? L’Institut de l’économie pour le climat (I4CE – Institute for climate economics), une association experte de l’économie et de la finance dont la mission est de faire avancer l’action contre les changements climatiques, s’est justement posé cette question. Elle a ainsi estimé nombreux investissements climat que doivent porter les collectivités au regard de la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) dans le but d’estimer le coût de ces différentes actions climat pour les collectivités.

D’après leurs résultats, au moins 12 milliards d’euros par an jusqu’à 2030 sont nécessaires pour que nos territoires soient en mesure d’atteindre les objectifs de la SNBC, soit plus du double de ce qui est actuellement engagé (et qui se chiffre aux alentours de 5,5 milliards d’euros par an). Cela représenterait 18% de leur budget d’investissement actuel.


La mobilité, premier poste d’investissement pour les territoires

3 grands secteurs sont principalement concernés par ces investissements : la mobilité, la rénovation énergétique des bâtiments publics et l’efficacité énergétique. Avec un total de 3,3 milliards d’euros sur les 12 milliards nécessaires, les investissements dans les infrastructures cyclables sont en première position des investissements nécessaires. On retrouve ensuite la rénovation énergétique des bâtiments publics en seconde position, avec un budget de 2,7 Mds €/an. Enfin, les investissements dans le ferroviaire figurent en troisième position de leurs calculs avec un budget de 2Mds €/an.

De manière plus globale, lorsqu’on regarde l’ensemble des investissements nécessaires, c’est le secteur de la mobilité et des transports qui représente le plus gros poste de dépenses. Rien d’étonnant à cela puisque le secteur de la mobilité est le premier contributeur aux émissions de gaz à effet de serre de la France (plus de 30% de nos émissions d’après le Haut Conseil pour le Climat).

La mobilité domine donc de loin les investissements nécessaires pour les territoires, avec presque 67% du total des investissements à effectuer. Cela concerne différents usages : les aménagements cyclables, le développement du transport ferroviaire et des transports en commun, mais aussi la mobilité électrique avec le déploiement de bornes de recharge pour véhicules électriques ainsi que le verdissement des flottes de véhicules des collectivités.

En fonction des scenarios retenus, ils représentent un investissement global qui fluctue entre 5 milliards et 8 milliards d’euros. Ils dépendent évidemment de choix politiques forts. « Plus les objectifs vis-à-vis du report modal de la voiture vers le vélo et les transports en communs seront élevés, plus les besoins d’investissement seront élevés » précisent ainsi les auteurs du rapport.

tableau récapitulatif de l'I4CE sur les investissements climat des collectivités en France
Extrait du rapport de l’I4CE sur les investissements climats des collectivités

Retrouvez l’étude complète de l’I4CE par ici 


Au-delà du budget, une question de moyens humains

Au-delà de ces investissements financiers, les collectivités font face à une problématique de ressources humaines importante « pour lancer et assurer la maîtrise d’ouvrage des investissements climat d’une part, et pour animer la dynamique de décarbonation des acteurs de leur territoire d’autre part » précise le rapport.

Ainsi, d’après les chiffres de l’I4CE, ce sont au minimum 25 000 agents dédiés au pilotage des actions climat des collectivités qui seront requis pour atteindre les objectifs de la Stratégie Nationale Bas-Carbone« . Cela représente environ 1,5 milliard d’euros de masse salariale chaque année à ajouter aux besoins financiers expliqués plus haut. À titre d’exemple, la mise en place des aménagements cyclables dans les territoires nécessitent l’équivalent de 3 à 4 emplois en équivalent temps-plein pour 100 000 habitants, soit environ 2 300 postes à l’échelle de la France.

Par ailleurs, de nombreux postes vont devoir être adaptés à l’intégration des enjeux climat dans les politiques des territoires. Cela signifie que de nombreuses actions de formations vont devoir être mises en place par les collectivités si elles veulent être efficaces. Ces formations concernent notamment les personnels techniques, les personnels responsables de l’entretien des bâtiments ou de la voirie ainsi que ceux qui sont en charge du développement économique des territoires.

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