En France, le transport est le secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre. Ce secteur représente à lui-seul 32 % de nos émissions totales, soit 131 millions de tonnes équivalent CO2. C’est l’usage de la voiture individuelle qui cause la majorité de ces émissions polluantes (52 % du total des émissions), suivie par le transport de marchandises (25 % pour les poids lourds) et les véhicules utilitaires (15 %).

Les métropoles, qui concentrent la plupart des activités économiques font face à la nécessité de réduire ces émissions polluantes et pour cela, elles doivent réduire le nombre de véhicules en circulation. Cela passe notamment par l’instauration de Zones à faibles émissions ou par le développement du covoiturage et des transports en commun. Une autre voie est aussi possible pour de très nombreuses villes : développer le transport fluvial.

Londres possède un réseaux de navettes fluviales le long de la Tamise


Les avantages du transport fluvial en ville

Le transport fluvial est une pratique historique qui a peu à peu disparue avec l’avènement du chemin de fer puis de l’automobile. Elle est cependant en train de connaître un regain d’intérêt avec la transition écologique et la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports.

Aujourd’hui, avec 52,5 millions de tonnes de marchandises transportées par voie fluviale, ce mode de déplacement évite chaque année plus de 2,6 millions de camions sur les routes. Bien qu’il représente seulement 3 % du fret total en France, il offre des avantages significatifs pour les collectivités urbaines.

D’abord, il permet le désengorgement du trafic routier. Bien qu’il ne soit pas une solution miracle pour résoudre les problèmes d’embouteillages, il offre une alternative supplémentaire sur certains trajets et à certains horaires afin de réduire le nombre de véhicules de livraisons. En outre, le transport fluvial peut aussi servir pour le transport de passagers, ce qui réduit aussi le nombre de voitures sur les routes.

Ensuite, le transport fluvial est évidemment plus respectueux de l’environnement que le transport terrestre. En évitant un nombre conséquent de véhicules sur la voie publique, on réduit des émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, les progrès en matière de propulsion des navires pourraient changer la donne. En France, par exemple, des villes comme Nantes et La Rochelle testent déjà des navettes fluviales à hydrogène pour le transport de passagers. À terme, ces avancées technologiques pourraient aussi bénéficier au transport de marchandises et favoriser la réduction de la pollution atmosphérique et sonore en milieu urbain.

Enfin, l’investissement requis pour mettre en place des lignes fluviales de transport est relativement faible par rapport à d’autres modes de transport en commun. Évidemment, des investissements sont nécessaires, notamment pour des entrepôts et des quais de chargement/déchargement si cela concerne le fret, où des quais pour les passagers si cela concerne le transport de personnes.

Mais à grande échelle, leur entretien est plus pertinent sur le plan économique que la création de routes, de ponts où de lignes de tramway et de métro, par exemple. En revanche, l’efficacité du transport fluvial soulève une problématique majeure : son intégration dans le paysage urbain.

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L’intégration du transport fluvial dans les villes

Pour permettre le transport fluvial de passagers, il faut investir dans des pontons, des embarcadères et du mobilier urbain pour signaler les arrêts et fournir des informations aux voyageurs. Un maillage important est donc à prévoir si l’on veut garantir le succès de ce mode de transport.

À Londres, par exemple, il existe aujourd’hui 6 lignes fluviales qui desservent une trentaine d’arrêts le long de la Tamise. Ce réseau d’envergure permet d’assurer des liaisons pertinentes tout au long de la journée et cela fait le succès de ce mode de transport dans la capitale anglaise. À l’étranger, de nombreuses métropoles travaillent à structurer ces réseaux, comme Hong-Kong ou Rotterdam.

Un autre facteur-clé de succès de l’intégration du transport fluvial dans les villes, c’est l’intermodalité. Cela implique la mise en place de parkings à proximité des arrêts pour les voitures et les vélos, ainsi qu’une connectivité avec d’autres modes de transport, tels que le métro ou le train. Londres en est un exemple éloquent, puisque ses bus fluviaux desservant à chaque fois des stations de métro et de train.

De fait, le transport fluvial pourrait devenir, demain, une véritable alternative pour décarboner les transports, qu’il s’agisse du transport de personnes au sein des villes où qu’il s’agisse du transport de marchandises. D’autant plus que la France compte environ 18 000 km de voies d’eau dont 8 500 km sont navigables : c’est le plus long réseau de voies navigables d’Europe.

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