Le ministère de la Transition écologique a annoncé mardi 15 mars 2022 la création d’un partenariat avec France Tiers-Lieux et l’ADEME afin de faire des tiers-lieux des pivots de la transition écologique dans les territoires. Ce partenariat fait suite à la volonté du gouvernement de faire de ces espaces « l’un des piliers de la relance« , pour citer le premier Ministre Jean Castex qui, dès le mois d’août, affichait déjà son ambition d’accompagner leur développement.

Le ministre avait alors, au cours d’un déplacement à Caen, annoncé l’attribution d’une enveloppe de 130 millions d’euros du plan France Relance pour soutenir et développer la filière des tiers-lieux en France. Un enjeu double pour le gouvernement, qui voit dans ces infrastructures très à la mode une réponse à la fois économique et environnementale aux problématiques des territoires.

L’ambition de ce nouveau partenariat vise notamment à stimuler les initiatives qui, dans les territoires, sont centrées sur l’économie circulaire, l’aménagement durable ainsi que la réhabilitation d’espaces vacants et de friches industrielles

L’objectif du gouvernement est donc d’accélérer le développement de ces infrastructures au niveau local et, en particulier, de « faciliter l’accès des tiers-lieux aux Fonds réemploi créés par la loi Anti-gaspillage au sein de certaines filières REP ». Le ministère de la Transition écologique affirme également soutenir les Manufactures de Proximité – des lieux dédiés à la relocalisation de la production sur les territoires – « dans leurs actions en matière de production en circuits-courts, d’éco-conception et d’économie circulaire« .

Le ministère indique enfin sa volonté de mettre en place une dynamique de travail commune avec le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et le ministère de la Cohésion des Territoires dans le but « d’appuyer les rôles des tiers-lieux nourriciers dans les Projets Alimentaires Territoriaux : démarches agro-écologiques, démocratie alimentaire locale, accompagnement au développement de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement ».

Lire également, notre dossier thématique : les tiers-lieux, des laboratoires de la ville de demain


Plus de 2 500 tiers-lieux en France à l’heure actuelle

Les tiers-lieux se multiplient en France ces dernières années. On en compte désormais environ 2 500 sur l’ensemble du territoire, contre seulement 1 800 en 2018. Issus d’un concept développé par la sociologue américain Ray Oldenburg en 1989 et adapté de l’anglais « third place », les tiers-lieux font référence à des espaces sociaux dans lesquels l’individu s’insère en dehors du travail et de la maison. 

Concrètement, ce sont des espaces au sein desquels des communautés de citoyens se rencontrent, se réunissent et échangent. Les activités qui y sont proposées vont du coworking aux ateliers de réparations d’objets en passant par la médiation numérique. Si chaque tiers-lieu a sa propre spécificité, sa communauté et son fonctionnement, leur principe est de permettre de favoriser les interactions sociales, la créativité et les projets collectifs.

De plus, de par leur positionnement en tant que lieux d’entraide, de sociabilité et de solidarité, les tiers-lieux participent à la réflexion autour de projets et contribuent à l’essor économique des territoires. Cette contribution est vivement encouragée par le gouvernement, qui voit dans les tiers-lieux un véritable pilier de la relance économique post-crise sanitaire. 

Coworking


L’ADEME et France Tiers-Lieux, des acteurs incontournables sur le sujet

De son côté, France Tiers-Lieux s’est évidemment félicitée de ce partenariat. « À travers ce partenariat, le ministère de la Transition écologique, l’Ademe et France Tiers-Lieux se mobilisent pour soutenir la capacité des tiers-lieux à construire des réponses pragmatiques et opérationnelles face aux défis environnementaux, et sortir de la sidération face aux crises, pour entrer en action« , précise ainsi son président, Patrick Levy-Waitz.

Créée en 2018, France Tiers-Lieux est une association née du rapport de la Mission Coworking « Faire ensemble, pour mieux vivre ensemble » menée par Patrick Levy-Waitz, pour le Ministère de la Cohésion des Territoires. Elle a ainsi pour but d’accompagner l’émergence des tiers-lieux et d’aider au développement et à la diffusion des formations existantes. Elle favorise également les partenariats entre les tiers-lieux et les acteurs nationaux, en se positionnant comme interface entre les ministères et les institutions concernées. L’association dialogue ainsi avec les élus, les entreprises, les fonds et fondations, les ONG, ou encore les réseaux associatifs.

Enfin, l’association a également un rôle en matière de communication puisqu’elle a pour but de faire connaître le principe et le fonctionnement des tiers-lieux, d’organiser des évènements, de cartographier les tiers-lieux, de réaliser des rapports ou encore de mettre en avant des outils de diffusion.

Tiers-lieux

Quant à l’ADEME, l’Agence de la transition écologique, sa présence au sein de ce partenariat est issue de sa mission d’encourager « les expérimentations et les solutions innovantes qui se déploient à travers les tiers-lieux : rénovation énergétique, réemploi et recyclage, alimentation durable, mobilité », selon son président, Arnaud Leroy.

Les tiers-lieux sont en effet des lieux à impact environnemental positif, puisqu’ils encouragent une réduction des mobilités en proposant des espaces de coworking, participent à la réhabilitation de friches, mettent en avant des pratiques éco-responsables ainsi que la production et consommation locale et durable. C’est le cas notamment du Pavillon des Canaux situé dans le 19e arrondissement de Paris, qui propose des légumes de saison, bio et responsables. C’est aussi le cas de la REcyclerie et de la cité Fertile, qui ont organisé plus de 200 événements de sensibilisation aux pratiques éco-responsables. 

Les tiers-lieux apparaissent donc comme un concept décisif au point de vue de la transition écologique, de par le rôle qu’ils jouent dans la sensibilisation du public et les pratiques qu’ils mettent en place. Encouragés et soutenus par les pouvoirs publics, accompagnés par des ressources financières suffisantes et des partenariats qualifiés, ces lieux peuvent devenir de véritables espaces d’expérimentation écologique, mais aussi économique, démocratique et sociale pour le monde de demain. 

À lire également sur le sujet