The SeaCleaners est une association fondée en 2016 par le navigateur français Yvan Bourgnon. Elle a comme objectif de protéger les océans de la pollution plastique qui s’y déverse chaque année. Pour cela, l’association, qui compte plusieurs centaines de bénévoles, veut travailler de manière globale et internationale contre la pollution plastique : sensibilisation et éducation des populations, récupération et valorisation des déchets, études scientifiques et économiques.

The SeaCleaners mise sur le « Manta », un bateau géant capable de récupérer les déchets plastiques qui flottent à la surface de l’eau. Ce projet d’envergure devrait voir le jour d’ici 2024. Il permettra à l’équipe de l’association The SeaCleaners de sillonner les mers proches des embouchures des fleuves qui déversent le plus de déchets plastiques dans les Océans (principalement en Asie). À terme, l’équipe d’Yvan Bourgnon souhaite même développer des versions « mini » de ce bateau afin de récupérer les déchets plastiques directement au niveau des fleuves.

Découvrez aussi notre dossier thématique : Cap sur un transport maritime bas-carbone !

le Manta, le bateau de l'association The SeaCleaners
Le Manta est un bateau à propulsion hybride, autonome à 75% – crédits Synthes3D pour The SeaCleaners


9 millions de tonnes de plastique déversés chaque année dans les océans

La raie manta est un animal marin qui peut atteindre jusqu’à 7 mètres d’envergure et peser 2 tonnes. Des dimensions relativement modestes en comparaison du bateau de l’association The SeaCleaners, qui lui emprunte son nom. Ainsi, le « Manta » devrait mesurer 70 mètres de longs, 61 mètres de hauteur et 40 mètres de largeur. Ce très grand catamaran est destiné à parcourir les mers du globe à la recherche de plastique. Et plus particulièrement des macro-déchets, c’est à dire la partie visible de cette pollution.

« Le Manta sera le premier navire hauturier capable de collecter et de traiter en masse les macro-déchets flottants avant qu’ils se fragmentent » précise Yvan Bourgnon. Chaque année, ce sont en effet 8 à 9 millions de tonnes de plastique qui arrivent dans les Océans. Un chemin qui prend sa source dans nos fleuves. Et plus particulièrement, ce sont seulement 10 cours d’eau (en Asie, Afrique et Amérique du Sud) qui sont responsables de 90% des déchets plastiques déversés dans les océans. En Asie, on recense 5 pays (Chine, Viet-Nâm, Cambodge, Indonésie, Inde) qui sont responsables de 60% de la pollution plastique océanique.

La mission de l’association The SeaCleaners poursuit un triple objectif : récupérer des données scientifiques pour étudier la pollution marine ; collecter et valoriser les déchets plastiques ; et enfin, sensibiliser les populations locales à cette pollution et aux pratiques qui permettent de la réduire. Le Manta sera ainsi amené à naviguer proche des côtes, dans les estuaires et aux embouchures des fleuves les plus pollués.

Avec une capacité de collecte et de traitement des déchets de 1 à 3 tonnes par heure, l’objectif du Manta est de débarrasser les océans de 5 000 à 10 000 tonnes de déchets plastiques par an.

Bateau The SeaCleaners


Une véritable usine de tri flottante

Pour mener à bien sa mission, le Manta se doit évidemment d’être un navire innovant et le plus écologique possible. Il est ainsi conçu pour être propulsé grâce à des énergies renouvelables. Comme d’autres, le manta mise en partie sur la propulsion vélique, grâce à des voiles automatisées. Mais aussi une combinaison de panneaux solaires et d’éoliennes. Le navire sera également amené à se créer son propre carburant grâce à la pyrolyse du plastique récupéré dans les océans. Un carburant qui servira aussi à alimenter l’usine du bateau.

Car le Manta n’est pas un gigantesque navire pour rien. Il a été conçu pour héberger une véritable usine de collecte et traitement de déchets plastiques : des collecteurs en forme de tapis roulants pour remonter les déchets de l’eau, une grue pour remonter les plus gros déchets ; un centre de tri manuel pour séparer le plastique des autres déchets ainsi que l’unité de valorisation qui permet d’effectuer la Pyrolyse.


Le Manta sera aussi équipé d’une unité de recherche scientifique dont la mission consiste en partie à cartographier, quantifier et caractériser les différents déchets, leur origine et les zones où ils se trouvent. Un travail de traitement de données qui sera ensuite mis à disposition en open-data. Le navire aura également comme mission de sensibiliser les populations locales lors de leurs escales dans les ports. Il devrait être mis à l’eau en 2024.

Et à terme, Yvan Bourgnon et ses équipes imaginent déjà des versions miniatures du Manta, qui pourraient remonter les fleuves afin de stopper la pollution plastique avant qu’elle n’arrive dans les mers et les Océans. Le Manta sera d’ailleurs adjoint de deux bateaux de plus petites tailles conçus pour récupérer les déchets plastiques dans des zones moins profondes et où la manoeuvrabilité est réduite.

A lire aussi : Lactips propose un plastique biodégradable à base de caséine de lait

À lire sur le même sujet