Le monde des transports est en ébullition et le 21è siècle ressemble de plus en plus à une véritable révolution de la mobilité. D’une part, les enjeux climatiques obligent à repenser nos modes de propulsion. Exit les énergies fossiles, welcome à la propulsion électrique, à hydrogène où même à la propulsion vélique. D’autre part, cette volonté humaine d’aller toujours plus vite ramène sur le devant de la scène un certain nombre de projets de science-fiction ancrés dans nos esprits depuis trop longtemps. Ainsi le développement des véhicules autonomes ; ainsi la création des premiers taxis volants ; et ainsi l’apparition de trains futuristes comme l’Hyperloop.
L’Hyperloop, justement, fait régulièrement parler de lui. Notamment en France puisque le pays accueille en partie les installations de Transpod et d’HyperloopTT, deux principales sociétés anglo-saxones engagées dans ce projet. C’est à dire que la France possède un savoir-faire presque unique en matière de transports. Après tout, nous sommes le pays de Roland-Garros, du Concorde et du TGV. Avons-nous cependant une entreprise française capable de développer un Hyperloop à l’instar de ce que font les canadiens et les américains ? Non.
Enfin, presque. Une entreprise française travaille en effet à la conception d’un train du futur à la frontière entre le TGV et l’Hyperloop. Un projet nommé SpaceTrain. Un premier prototype sera présenté au salon du Bourget tandis que la commercialisation interviendra d’ici 2025.
Faire renaître l’aérotrain de Jean Bertin
Dans les années 1960 et 1970, un ingénieur français – Jean Bertin – avait étonné son monde avec l’aérotrain. Un engin à sustentation et guidage par coussins d’air capable de se déplacer à 430 km/h (record atteint en 1974) sur des rails en forme de « T » inversé. Cependant, l’aérotrain utilisait en partie des moteurs d’avion pour sa propulsion. Et pour le faire circuler, il aurait fallu lui créer des pistes dédiées un peu partout sur le territoire.
Lorsqu’arriva le second choc pétrolier, et face aux coûts jugés excessifs de la construction des pistes, les pouvoirs publics ont cessé de s’intéresser à ce projet. Le TGV mettra une trentaine d’années à battre le record de vitesse de l’aérotrain. Mais le TGV ne consommait pas d’essence et avait l’avantage de pouvoir utiliser le réseau ferré existant. Aujourd’hui, les prototypes d’Aérotrain ont disparu, mais il reste toujours une piste d’essai de 18 km construite dans la Beauce.
Totalement abandonnée, elle a été malgré tout conservée en bon état. C’est en s’appuyant sur cette infrastructure et sur les bases de ce qu’avait imaginé Jean Bertin que la société Spacetrain entend développer son projet. En améliorant ce concept, elle pourrait faire renaitre ce projet d’ici 5 ans.
Un train à hydrogène qui pourrait atteindre 720 km/h
Spacetrain, c’est un projet porté par l’entrepreneur français Emeuric Gleizes et lancé en 2017. Cette start-up développe une navette autonome, montée sur coussins d’air et circulant sur un monorail à des vitesses subsoniques. Après 18 mois d’études, cet « Hyperloop français » entre en phase de prototypage. Une version sera présentée au Salon du Bourget.
La vitesse moyenne de circulation du Spacetrain sera de l’ordre de 540 km/h. Il pourra atteindre 720 km/h en vitesse de pointe. L’entreprise souhaite qu’il puisse apporter une solution pratique et concurrentielle sur les lignes interurbaines qui font moins de 300 Km. À cette vitesse, le Space train pourrait ainsi effectuer un trajet Paris-Orléans en 13 minutes. Les premiers tests de ce train futuriste sont prévus pour fin 2019 ou début 2020 pour une commercialisation en 2025.
Et cette fois-ci, les problèmes qui ont eu raison de l’aérotrain sont gérés. D’abord, le mode de propulsion choisi est respectueux de l’environnement. En effet, ses moteurs sont silencieux et sont alimentés à l’Hydrogène, un élément chimique composé en grande partie d’eau. Il s’inscrit donc dans l’esprit des transports de demain. Enfin, le coût de construction des pistes pour faire circuler ce train semble raisonné. Pour les responsables du projet, ils se situeront autour de 10 millions d’euros par kilomètre. Pour comparaison la construction d’un kilomètre pour une ligne de train à grande vitesse se situe entre 20 et 30 millions d’euros.