Aurons-nous des voitures volantes ? Un impératif pour les villes durables sera de trouver rapidement des solutions au problème du transport. Un problème de santé public car le trafic automobile est l’une des principales causes de la pollution de l’air. Aujourd’hui, toutes les options sont étudiées à ce sujet : véhicules électriques, mobilités douces et covoiturage font partie de ces nouveaux enjeux de mobilité. Chacune avec ses qualités et ses défauts. 

Mais parmi les solutions les plus exotiques qui sont proposées, certaines créent plus ou moins de fantasmes. Elon Musk fait le pari de creuser des souterrains pour désengorger les villes. On dira que c’est le côté « moins ». Larry Page, cofondateur de Google, mise lui sur le développement du taxi volant. Ce sera le côté « plus ». Le milliardaire américain finance en effet une société aéronautique – Kitty Hawk – qui a présenté au mois de mars un prototype de taxi volant baptisé Cora. En partenariat avec la Nouvelle-Zélande, l’entreprise souhaite y développer une ligne commerciale de ses véhicules volants d’ici 3 ans.

Kitty Hawk n’est cependant pas la seule entreprise à travailler sur ce type de projets. Qu’ils soient américains, européens ou asiatiques, plusieurs grandes firmes de la Tech ou de l’aéronautique parient également sur ce transport du futur. 

dessin taxi volant


Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines

Si vous n’avez pas vu ce film des années 60 racontant la folle épopée des débuts de l’aviation, il est encore temps. Et ce serait d’actualité afin d’anticiper le développement futur des voitures volantes. Car nous sommes aujourd’hui entrain de vivre une époque formidable où les rêves de science-fiction semblent rejoindre la réalité. 

En effet, on dénombre aujourd’hui plusieurs dizaines de projets sérieux concernant la création de ces fameux VTOL (qui se prononce comme il s’écrit et qui signifie : vertical take-off and landing). Larry Page en finance d’ailleurs au moins deux puisqu’il est également confondateur de la start-up Opener dont le véhicule volant s’appelle BlackFly. Les autres grands noms du secteur viennent également de la Tech. C’est le cas d’Uber qui travaille au très sérieux projet Elevate. Ils sont concurrencés par les pionniers de l’aéronautique – Airbus, Boeing, Rolls-Royce ou encore Volocopter. Sans compter les firmes asiatiques Ehang et Tencent. 

De grands noms qui apportent de grands financements sur ces sujets. C’est que le projet ne manque pas d’ambition. Pour concevoir un véhicule qui vole, il faut d’abord savoir faire des véhicules, mais surtout des véhicules bourrés de nouvelles technologies car la majorité de ces engins sont imaginés pour être autonomes. Il faut aussi avoir les reins solides pour se frotter aux réglementations aériennes, aux problématiques de sécurité de ce secteur. Enfin, il faut pouvoir créer tout ça en étant persuadé de convaincre un public qui jusqu’ici n’y croit pas beaucoup. 

vue d'artiste du projet de taxis volants du groupe Volocopter
D’après Volocopter, les taxis volants sont prêts, mais le marché n’est pas encore mûr pour leur commercialisation – Photo : Volocopter


Des taxis volants d’ici 5 ans, est-ce raisonnable ? 

Alors, où en sont les projets de taxis volants à l’heure actuelle ? Eh bien que ce soit du côté d’Uber et de son projet Elevate ou du côté de Larry Page, d’Airbus et des autres concurrents, l’effet d’annonce est relativement similaire : les prototypes sont prêts et les premières lignes commerciales verront le jour d’ici 3 à 5 ans. Cependant, les entrepreneurs fantasques nous habituent à ces annonces qui souvent ne sont là que pour doper l’intérêt du public et des investisseurs. 

D’abord, il faut mesurer les attentes du public sur le sujet. Personne ne déteste regarder des films de science-fiction mais serons-nous nombreux  à tester ces machines volantes en early adopters ? On rappelle que ces taxis volants sont conçus pour être pilotés sans chauffeurs. Et c’est là un réel sujet d’appréhension pour le grand public. En 2017 un sondage précisait que 56% des français refuseraient de monter à bord d’un véhicule autonome. 

Par ailleurs, ce manque de confiance ne concerne pas que les utilisateurs. Les autorités ne sont pas beaucoup plus enthousiastes vis à vis du sujet. Surtout les autorités aériennes qui s’inquiètent de la sécurité de ces engins. En effet, déjà que les drones posent de sérieuses questions, la régulation des taxis volants est encore plus épineuse. Elle nécessite d’intégrer ces machines aux procédures de contrôle aérien, voire d’en créer de nouvelles. Il faut aussi évaluer les risques de collisions et de dérochages. Enfin, impliquer les compagnies d’assurances dans cette vaste boucle. 

De plus, faut-il croire aux taxis volants alors qu’ils ont tout du gadget pour millionnaires ? Dans les faits, est-ce que cette lubie ne vise pas un marché similaire au marché des hélicoptères ? Les couts de conception et les barrières à l’entrée pour créer ce nouveau marché ne peuvent pas permettre une politique de bas prix au démarrage. Par exemple, Airbus prévoit une fourchette comprise entre 120€ et 140€ pour une distance de 30 kilomètres. Un montant que le grand public ne pourra pas débourser. 

prototype de eVTOL du groupe AIrbus
Airbus mise sur des prix compris entre 120€ et 140€ pour un trajet de 15 minutes – Photo : Airbus


Le transport électrique volant apportera t’il un réel bénéfice environnemental ?

Si l’on part du principe que ce mode de transport deviendra accessible et sera accepté, quelles en sont les conséquences ? On peut imaginer que cela permettra de réduire le nombre de voitures en ville. Notamment car les temps de trajets seront raccourcis. Airbus table ainsi sur un délai de 15 minutes pour parcourir 32 kilomètres. Ce qui pourrait donc réduire le besoin de prendre sa voiture lorsqu’on habite en dehors des grands centres urbains. Cela limiterait également certains trajets à l’intérieur des villes. Par ailleurs, ces véhicules sont électriques ce qui réduirait également la pollution de l’air. Enfin, ils seront électriques pour la plupart. Car aujourd’hui, certaines entreprises misent encore sur un fonctionnement hybride. C’est le cas de Rolls-Royce par exemple. 

Au delà de ces quelques aspects, se pose toujours la question de la pollution sonore, mais aussi de l’impact que pourrait avoir sur la biodiversité ce nouveau trafic aérien. S’il faut réduire la pollution et améliorer la qualité de vie dans les zones urbanisées, nous aurons probablement plutôt intérêt à miser sur le vélo et les transports en commun. Moins coûteux et plus efficace. Mais pour certaines populations, l’attrait et le bénéfice de ces transports volants sera peut être si mirobolant qu’un marché réel va émerger. 

On sera cependant bien étonné que ce soit le cas d’ici 5 ans. Quoiqu’il en soit, entre les voitures autonomes, les taxis volants et les projets d’hyperloop : le secteur des transports fait sa révolution !

Pour aller plus loin : 

Vidéo du taxi volant Cora
– Rapport de la NASA sur les VTOL
Uber Elevate
Lilium
Kitty Hawk
Opener
Les projets de Rolls-Royce
Volocopter