Le premier volet du 6ème rapport du GIEC souligne que, d’ici 2030, près de 60 % de la population mondiale devrait vivre dans des zones urbaines, et que « des vagues de chaleur de plus en plus sévères liées au changement climatique vont amplifier encore davantage l’effet des îlots de chaleur urbains ».
Le second volet du rapport du groupe d’experts confirme cette prévision et appuie sur l’intensification des risques liés au changement climatique pour les villes et infrastructures, en particulier dans les zones vulnérables et déjà exposées à des températures élevées et celles qui sont situées le long des côtes.
D’autant que le risque d’intensification des îlots de chaleur urbains, dont les conséquences en terme de stress thermique pèseront encore davantage sur la santé humaine. L’augmentation de la population dans les villes, estimée par le GIEC à environ 2,5 milliards d’urbains supplémentaires d’ici 2050, fait peser la nécessité, pour les villes, de s’adapter à la densité urbaine et aux enjeux climatiques.
En ce qui concerne l’Europe, le GIEC estime que « le nombre de personnes exposées au stress thermique sera multiplié par deux à trois » et sera aggravé par l’isolation parfois insuffisante des logements, ou de la nature trop archaïque de certains matériaux utilisés dans les constructions. En outre, l’habitat urbain devrait être de plus en plus vulnérable aux vents, aux incendies ou encore aux inondations.
Les risques et dommages pesant sur les propriétés et sur les habitants seront ainsi accentués. Et pour illustrer cela, pas besoin d’aller très loin : en Europe, d’après le réassureur SwissRe, les inondations de Juillet 2021 qui ont eu lieu en Allemagne, en Belgique et en France ont causé 13 milliards de dollars de pertes assurées et 40 milliards de dollars de pertes économiques. Ce qui en ferait la catastrophe naturelle la plus coûteuse pour l’Europe depuis le début des années 1970.
Les solutions fondées sur la nature pour optimiser le confort thermique
Face à ces menaces, le GIEC souligne à plusieurs reprises dans son rapport la pertinence des « solutions fondées sur la nature » : c’est-à-dire les actions qui s’appuient sur les écosystèmes pour faire face aux défis posés par le changement climatique. Pour lutter contre l’érosion côtière, par exemple, ces solutions impliquent de végétaliser les côtes plutôt que de construire des digues. Afin de tendre vers un aménagement des villes selon ces principes, le GIEC énumère donc certaines de ces solutions fondées sur la nature, applicables à l’habitat urbain.
Selon le groupe d’experts, les stratégies de ventilation naturelle sont par exemple en mesure de réduire les températures intérieures jusqu’à 14 degrés, tandis que les protections solaires des bâtiments peuvent avoir un impact sur le confort thermique de manière encore plus efficiente que les systèmes de climatisation, et ce notamment lors de fortes chaleurs.
Le rapport appuie également sur la nécessité d’interventions plus systémiques, comme la planification urbaine, capables d’atténuer les îlots de chaleur urbains dans les villes. La mise en place de toits végétalisés, de toits à revêtement d’étanchéité de couleur blanche, de stratégies d’ombrage ou bien de puits canadiens et provençaux peut aussi avoir une action vertueuse sur le confort thermique.
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Dans son rapport, le GIEC souligne ainsi l’intérêt d’une approche systémique, combinant plusieurs techniques de rafraîchissement. Le groupe alerte enfin sur l’utilisation de la climatisation, dont les effets nocifs pour l’environnement sont susceptibles de créer un cercle vicieux en entraînant un réchauffement de l’atmosphère.
En termes de législation, le GIEC précise que les réglementations architecturales et de conception urbaine devront faciliter l’émergence de « bâtiments adaptatifs », pouvant assurer un confort thermique même en cas d’épisodes climatiques intenses, comme les canicules. Les bâtiments doivent pouvoir s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique, et évoluer vers une isolation optimisée, une masse thermique modifiée, ou encore une meilleure collecte de l’eau.
Voilà pour les réponses à apporter sur ce sujet, et dont les architectes, bureaux d’études, urbanistes, maîtres d’oeuvre et d’ouvrage devraient s’inspirer pour créer la ville de demain. À condition, aussi, de savoir travailler collectivement et d’impliquer les collectivités et les citoyens dans ces démarches. Un autre facteur-clé de succès.