En 2021, selon les chiffres des grands réassureurs mondiaux, le coût des catastrophes naturelles a augmenté de 24% par rapport à 2020 et s’élève à 250 milliards de dollars. La faute, notamment aux inondations et incendies qui ont ravagé la planète. « En 2021, les dommages assurés liés aux catastrophes naturelles ont encore dépassé la moyenne des dix années précédentes, dans la continuité d’une croissance de 5% à 6% par an des pertes » précise à ce sujet Martin Bertogg, Responsable des catastrophes naturelles chez Swiss Re.
Le réassureur estime les pertes en dommages assurés de l’année 2021 à 105 milliards de dollars. Ce qui en ferait la 4ème année la plus coûteuse en la matière depuis 1970, après les années 2017, 2011 et 2005. 3 années sont marquées par des catastrophes naturelles particulièrement coûteuses pour l’économie mondiale : l’ouragan Katrina en 2005 ; le tremblement de terre de Honshu, au Japon, en 2011 ou encore les 3 ouragans Harvey, Irma et Maria en 2017.
À côté de ces années exceptionnelles, le coût des catastrophes naturelles reste en forte progression dans le monde, notamment depuis 2015. En dehors du top 3 précédemment cité, on remarque ainsi que ce sont les années 2018, 2020 et 2021 qui ont été les plus sévères sur le plan économique.
Les catastrophes météo en forte augmentation
Ce qu’on note, surtout, c’est l’augmentation du coût des catastrophes liées aux évènements météorologiques. Ainsi, en l’an 2000, la moyenne des pertes assurées liées à ces évènements était de 13 milliards de dollars par an. Un chiffre qui est désormais de presque 82 milliards de dollars en 2021. Sur les 10 années où les catastrophes météo sont les plus coûteuses, 8 ont eu lieu après 2005.
En 2021, les deux catastrophes météo les plus coûteuses ont eu lieu aux États-Unis. Il y a eu d’abord l’ouragan Ida et ses conséquences, notamment les inondations à New-York, qui ont causé des dommages assurés de l’ordre de 32 milliards de dollars. Enfin, la tempête hivernale Uri, qui a notamment causé des coupures sur le réseau électrique au Texas, a causé 15 milliards de dollars de pertes assurées.
Lire aussi : les sites industriels français menacés par les incendies ?
En Europe, ce sont les inondations de Juillet en Allemagne, Belgique et France qui ont causé 13 milliards de dollars de pertes assurées et 40 milliards de dollars de pertes économiques ; ce qui en fait la catastrophe naturelle la plus coûteuse pour l’Europe depuis le début des années 1970. À noter que des inondations similaires ont également eu lieu en 2021 en Chine ainsi qu’au Canada.
Le Canada a aussi été le théâtre d’un « dôme de chaleur » exceptionnel avec des températures qui ont atteint les 50°C en Colombie-Britannique et entraîné des incendies ravageurs amenant à la destruction pure et simple du village de Lytton. On note également que des records de chaleur en 2021 ont été battus un peu partout à travers le monde, mais surtout en Australie, au Canada, au Maghreb, au Moyen-Orient ou encore en Californie où le thermomètre est monté jusqu’à 54,4°C. La Californie est d’ailleurs toujours en proie à une sécheresse qui dure depuis plusieurs années maintenant et qui ne semble pas vouloir s’arrêter.
« L »impact des catastrophes naturelles que nous avons vécu cette année illustre encore une fois le besoin urgent d’investissements pour renforcer nos infrastructures critiques pour réduire l’impact des conditions météorologiques extrêmes » ajoute Jérôme Jean Haegeli, économiste en chef du réassureur Swiss Re. Un sujet d’actualité alors que le Giec s’apprête à publier le volet « adaptation et résilience » de son rapport dans les jours à venir.
Lire aussi : visualisez le réchauffement climatique dans votre ville grâce à la startup Callendar
Quelles perspectives pour 2022 ?
L’année 2022 ne démarre pas sous de meilleures auspices. La Californie, par exemple, a vécu courant janvier-février un épisode de « canicule hivernale » préoccupant. Il y a fait jusqu’à 32°C en plein hiver, soit 10°C au-dessus des moyennes saisonnières. En Europe, la péninsule ibérique – Portugal et Espagne – font également face à une sécheresse hivernale historique, et le mois de Mars s’annonce sec sur l’Europe.
D’une manière générale, les évènements météorologiques extrêmes s’intensifient ces dernières années. Depuis l’an 2000, le nombre de catastrophes naturelles liées aux inondations a augmenté de 134% et le nombre de sécheresses de 29%. En France, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution estime que le coût des sinistres climatiques sera multiplié par 5 d’ici 2050. Un sujet qui n’est pas à prendre à la légère, notamment dans la mise en oeuvre de certains projets industriels. L’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) rappelle que les principales sources de production d’électricité à travers le monde sont très vulnérables aux risques climatiques.