Lors du confinement du printemps 2020, le trafic internet des ménages a augmenté de 30%, en France, selon l’ARCEP, et la fréquentation des médias sociaux a connu une nette augmentation, avec +121% et +155% en mars et avril 2020, par rapport aux mêmes mois de l’année précédente. Rien d’anormal, étant donné que nous étions toutes et tous enfermé chez nous durant ce premier confinement et que le télétravail s’est généralisé à ce moment dans le pays et ailleurs dans le monde.
Mais ce pic d’usage a permis de mettre en avant dans le débat public le sujet de la pollution numérique. C’est avant tout sur de faux débats que ce sujet a été mis en avant : les émissions de GES liées au streaming, par exemple, ou la pollution liée à nos boîtes mails. De faux débats car la pollution numérique, ce n’est pas ça.
Aujourd’hui, celle-ci est avant tout liée à la production de nos devices, c’est-à-dire que 80% de l’empreinte carbone du numérique est concrètement issue de la fabrication des ordinateurs, télévisions ou encore des smartphones que nous utilisons, mais aussi celle des infrastructures de stockage et de réseaux. Ensuite, vient la consommation d’électricité, notamment celle des data centers, et enfin la pollution liée à nos usages.
Reste que le sujet est assez mal compris, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle de nombreux organismes, mais aussi l’Ademe, tentent de sensibiliser entreprises, collectivités et grand public à ces enjeux.
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Massifier l’éducation à un usage responsable du numérique
Sur le plan législatif, les enjeux de la pollution numérique commencent à être pris en compte par les pouvoirs publics, en témoigne par exemple la loi REEN (Réduire l’Empreinte Environnementale du Numérique) de novembre 2021. Plus récemment, c’est l’ADEME qui a lancé un programme, baptisé So.Num pour sensibiliser à la sobriété électrique du numérique, notamment via l’enjeu de la formation.
En février 2022, le Ministère de la Transition écologique a en effet annoncé le financement de 5 nouveaux programmes d’accompagnement qui permettent de bénéficier de certificats d’économie d’énergies. Le versement d’une contribution financière à des programmes d’information, de formation et d’innovation en faveur de la maîtrise de la demande énergétique, ou de réduction de la précarité énergétique, permet de se voir délivrer des CEE.
Parmi les programmes retenus on retrouve donc le programme So.Num, porté par l’Ademe et bénéficiant d’une enveloppe de 15 millions d’euros. À travers des actions de sensibilisation à la sobriété numérique ainsi que la mise en place d’outils « permettant de limiter l’impact environnemental des usages et notamment les consommations énergétiques induites par les services numériques », le programme à pour objectif de massifier l’éducation à un usage plus responsable du numérique.
Il vise notamment à former près de 3 000 enseignants du supérieur, 2 000 ambassadeurs de la sobriété numérique en entreprises et 650 ambassadeurs de la sobriété numérique en collectivités. L’Ademe espère ainsi que ces ambassadeurs pourront toucher, en moyenne, 400 000 élèves du supérieur, 10 000 personnes en entreprises et pas moins de 1 000 collectivités.
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Vers la création d’un label pour l’écoconception numérique
D’une durée de 4 ans, So.Num vient s’additionner à la feuille de route du Gouvernement « Numérique et environnement », ainsi qu’aux dispositions de la loi du 15 novembre 2021 visant à responsabiliser tous les acteurs du numérique. Il est co-porté par deux acteurs, l’Inria et eco-info, et d’autres partenaires devraient être recrutés prochainement via des appels à manifestation d’intérêt.
Plus concrètement, le programme So.Num passera par la création d’une plateforme de mise en commun des contenus de formations ainsi que de la mise à disposition d’une base de données publique pour évaluer les impacts environnementaux du numérique. Des actions publiques seront également proposées : l’organisation de tables rondes citoyennes autour de la sobriété numérique ou encore la création d’un label d’écoconception numérique.
Le secteur du numérique est aujourd’hui responsable de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Une part qui devrait considérablement augmenter dans les années à venir si nous ne changeons pas nos comportements. Les priorités : augmenter la durée de vie des appareils numériques, privilégier des appareils réparables et conçus avec des matériaux qu’on peut réutiliser, mettre en oeuvre des filières de réemploi et recyclage des matériaux précieux, éco-concevoir les services numériques et sensibiliser, donc, à un usage responsable.