L’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) a été crée en janvier 2020 suite à la fusion de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et de l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (IRSTEA). Il est aujourd’hui considéré comme l’un des 10 premiers établissements de recherche publique au monde qui contribue aux objectifs de développement durable.

Face à des enjeux interdépendants tels que la sécurité alimentaire, le changement climatique, la santé ou encore l’environnement, INRAE s’applique à rechercher des voies de transformation convergentes qui permettront demain de répondre à ces défis planétaires. Dans un point presse digital diffusé ce lundi, l’institut a présenté son plan stratégique 2030, défini conjointement par plus de 2 600 contributeurs internes et une centaine de partenaires et qui allie orientations scientifiques et orientations de politique générale.

Petit tour d’horizon des principaux axes de cette feuille de route INRAE2030 :


1- Les orientations scientifiques :


Répondre aux enjeux environnementaux et gérer les risques associés

Préservation de la biodiversité. L’INRAE va lancer le métaprogramme BIOSEFAIR, centré sur la gestion durable de services et fonctions assurés par les écosystèmes. Un métaprogramme dont l’un des exemples et les projet Aqualand, sur la contribution des insectes aquatiques dans la fourniture de services écosystémiques à l’agriculture.

En effet, les insectes aquatiques ont un rôle important au sein de la biodiversité car ils contribuent à la pollinisation ainsi qu’à la fertilisation des sols et ils représentent un flux nourricier dans les écosystèmes. En consommant des efflux organiques dans les rivières, ils contribuent aussi à exporter environ 20 tonnes de nitrates par an.

Agriculture et Adaptation au climat. En ce qui concerne le climat, INRAE va également lancer son métaprogramme CLIMAE afin de dresser des scénarios agroclimatiques pour travailler avec les acteurs de l’agriculture sur les moyens pour adapter leurs pratiques au climat futur en prenant en compte la gestion des sols, des forêts et de l’eau. l’INRAE mène par exemple depuis quelques années des travaux sur l’adaptation des prairies au changement climatique.


Accélérer les transitions agroécologiques et alimentaires

Ici, le but est de progresser vers des agricultures sans pesticides de synthèse et de permettre une transition des élevages tout en garantissant une alimentation saine et durable, accessible et valorisante pour tous et des régimes alimentaires de qualité. Cela doit passer notamment par un renforcement de la compréhension des processus de transitions et des enjeux d’autonomie.

Dans cette optique, l’institut de recherche a déjà mis en place en 2020 un réseau d’agriculteurs européens pour accompagner la transition de leur production. Ce réseau intitulé H2020 IPMWorks (Integrated Pest Management Works) compte aujourd’hui 31 partenaires à travers 16 pays européens.

À ce réseau s’ajoute un projet européen en construction qui est le projet LIMA (Less Inputs and More Agroecology). Ce projet verra normalement le jour en octobre 2021 et a pour but de réduire l’utilisation de phytos fertilisants dans les grandes cultures, les prairies, les vignes ou encore les arboricultures.


Développer une bioéconomie basée sur une utilisation sobre et circulaire des ressources

Dans les années à venir, il va falloir répondre aux besoins d’une population mondiale qui continue de croître tout en décarbonant nos économies afin de réduire l’impact de notre activité sur l’effet de serre.

Pour ce faire, INRAE a lancé le métaprogramme BETTER : une bioéconomie pour les territoires urbains. Dans le cadre de ce métaprogramme, l’institut a notamment signé un partenariat en 2020 avec l’entreprise Carbios afin de développer une nouvelle enzyme capable de dépolluer les déchets plastiques en polyéthylène téréphtalate (PET) par voie écologique et permettre un recyclage en nouvelles bouteilles d’une grande efficacité.

Le développement de cette enzyme est une première mondiale et place la technologie de Carbios comme une solution de premier plan pour engager une véritable transition vers l’économie circulaire.

Toujours dans le cadre du métaprogramme BETTER, l’Institut travaille sur la construction du réseau RéuseinCities afin de réutiliser les eaux usées traitées au sens large.


Favoriser une approche globale de la santé

Par approche globale de la santé, l’Institut entend ici étudier les liens entre la biodiversité et l’émergence de zoonoses (maladies et infections). Ainsi l’institut de recherche participe notamment à l’initiative PREZODE présentée au One Planet Summit qui engage 50 participants répartis dans 5 pays. Le but de cette initiative est notamment de comprendre la fragmentation de la biodiversité et le lien que celle-ci a avec l’émergence des pandémies chez l’Homme.

INRAE lance aussi son projet French Gut : microbiomes et santé, afin de séquencer et analyser le microbiome intestinal de 100 000 citoyens français pour comprendre les interactions entre le microbiote et la santé. Les retombées de ce projet pourront ainsi ouvrir la voie aux futurs produits alimentaires qui pourraient avoir des interactions favorables sur la santé de leurs consommateurs.


Mobiliser la science des données et les technologies du numérique au service des transitions

Pour étudier les systèmes complexes qui sont les nôtres et qui évoluent très rapidement, l’idée de cette science des données et de développer des approches qui permettent l’intégration massive de connaissances.

Ainsi, INRAE souhaite notamment utiliser la télédétection au sein du Pôle Theia. Ce dispositif regroupent 11 partenaires dont le CNES, Météo France ou encore l’IGN et a pour but de faciliter l’usage des images issues de l’observation des surfaces continentales depuis l’espace afin de surveiller par exemple l’évolution des glaciers ou encore l’artificialisation des sols.

une plante qui pousse
Source : INRAE


2- Les orientations de politique générale :


Renforcer les relations avec les acteurs privés et les associations

Dans cette optique, 5 projets de laboratoires partenariaux son envisagés afin de co-construire avec des partenaires tels que des acteurs privés ou des associations, des projets innovants qui pourront venir éclairer les débats sociétaux. Le 1er de ces laboratoires est en partenariat avec l’Institut technique agricole Terres Inovia afin d’augmenter la production de protéines végétales en France.

De plus, INRAE est un des partenaires actifs de l’association française ALLISS72 qui réunit des personnes physiques et morales dans l’optique de développer les interactions
recherche-sciences-société. L’institut a ainsi contribué notamment à l’élaboration du livre blanc « Prendre au sérieux la société de la connaissance ».


Être un acteur engagé dans les sites universitaires français et un leader dans les partenariats européens et internationaux

INRAE se positionne comme le 1er organisme de recherche dans leur domaine sur les appels d’offre européens. De plus, l’institut est un acteur engagé auprès des universités puisque 2/3 de leurs unités de recherche sont mixtes avec les universités et les écoles comme Paris-Saclay ou encore AgroParisTech.

Au niveau mondial, l’institut déploie une stratégie internationale volontaire pour développer des partenariats mondiaux pertinents. Prochainement, INRAE va notamment lancer une coopération avec l’Afrique aux côtés du CIRAD pour travailler sur des enjeux convergents comme le carbone dans les sols, la nutrition ou encore la problématique de la biodiversité.


La stratégie «Responsabilité Sociale et Environnementale» (RSE) : une priorité collective

INRAE s’engage dans cette stratégie et se présente comme un employeur engagé, un acteur ouvert et transparent. En 2020, l’institut a notamment obtenu la double labellisation Egalité-Diversité et se place ainsi comme le premier organisme de recherche français à l’obtenir. De plus, 13 de leurs 18 centres sont mobilisés pour réduire leur empreinte carbone et rénover leurs bâtiments.

À lire également