Depuis la fin du 19è siècle, les activités humaines ont provoqué la perte de 83% de la biomasse animale sauvage, et de 41,5 % de celle des végétaux dans le monde. En France, 14% des mammifères, 24% des reptiles, 23% des amphibiens et 32% des oiseaux sont menacés de disparition. Prévue par l’article 8 de la loi biodiversité de 2016, la stratégie nationale biodiversité 2030 (SNB) traduit l’engagement de la France à mettre fin à l’érosion de la biodiversité à l’horizon 2030.

Son rôle est de concrétiser, au niveau national, l’accord de la COP15 Biodiversité adopté en décembre 2022 à Montréal. Elle a ainsi pour objectif de réduire les pressions sur la biodiversité, de protéger et restaurer les écosystèmes et les paysages et de susciter des changements en profondeur afin d’inverser la trajectoire du déclin de la biodiversité.


Quelles sont les principales mesures de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité ?

Préserver la biodiversité n’est pas une lubie écologique ni le reflet d’un élan de sympathie envers les animaux et les végétaux. C’est une nécessité afin de préserver le socle sur lequel est bâti notre société et notre économie. Un rapport du Ministère de l’écologie démontre ainsi que les secteurs d’activité fortement dépendants de la biodiversité génèrent à eux-seuls près de 1,5 million d’emplois – soit 10% du total des emplois salariés en France – et 275 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Pour préserver la faune et la flore, l’État mise donc sur un ensemble d’actions qui vont de la prévention à la formation en passant par des actions plus structurantes au niveau de certains secteurs d’activité comme l’agriculture et le BTP.


1 – Étendre le réseau d’aires protégées

D’ici à 2030, l’État envisage de passer 10 % du territoire national sous protection forte avec 5 % de la mer métropolitaine. D’ici 2 ans, à fin 2025, 100 % des récifs coralliens ultramarins seront protégés, la protection des mangroves sera doublée et la protection des herbiers de posidonie sera renforcée. Un parc national de zones humides devrait être créé d’ici 2030. D’ici 2030, les 300 espèces endémiques les plus menacées suivant les critères de la liste rouge de l’UICN seront protégées via un plan de conservation.


2 – Lutter contre l’artificialisation des sols

La consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers sera divisée par deux d’ici 2030 permettant de préserver 120 000 hectares par an. L’État encouragera par ailleurs la réalisation « d’atlas de la biodiversité communale », afin d’aider les territoires à mieux prendre en compte la biodiversité dans la révision des plans locaux d’urbanisme intercommunaux.


3 – Accélérer la transition agroécologique

Le modèle agricole intensif joue un rôle majeur dans le déclin de la biodiversité et de nombreux experts suggèrent de transformer notre agriculture vers un modèle agroécologique, plus respectueux des sols, de la flore et de la faune. Pour cela, le gouvernement envisage de proposer un nouveau plan Ecophyto qui sera aligné avec l’objectif européen de réduction de 50 %, d’ici 2030, des usages et de l’exposition aux produits phytopharmaceutiques. L’ État vise également un développement de l’agriculture biologique permettant au bio d’atteindre 21 % de la surface agricole utile en 2030.


4 – Lutter contre la pollution plastique

La pollution plastique représente l’un des principaux risques qui pèsent sur la biodiversité marine. Pour y répondre, l’État s’attaque notamment à la protection des plages et des littoraux. 94 décharges littorales répertoriées par les pouvoirs publics devront être résorbées d’ici 10 ans. Par ailleurs, 50 % des communes littorales devront s’engager dans la démarche « plages sans plastiques » en 2025 et l’objectif est d’atteindre 100 % d’ici 2030.


5 – Réduire la pollution lumineuse

Afin de baisser de 50 % la pollution lumineuse en France d’ici 2023, l’État portera l’extension des règlementations encadrant les usages non essentiels de la lumière en ville, en facilitant les contrôles et sanctions, en déployant les trames noires et par le renouvellement accéléré des équipements publics.


6 – Restaurer les écosystèmes

50 000 hectares de zones humides seront restaurés d’ici 2026. Un plan pour protéger les sols forestiers sera déployé d’ici la fin 2023. 1 milliard d’arbres d’essences diversifiées plus adaptées au climat futur seront plantés sur la décennie afin de rendre nos forêts et nos villes plus résilientes face au changement climatique. D’ici à 2030, les trames vertes et bleues seront restaurées par la résorption des points noirs inscrits dans le schéma de planification régional.


7 – Former à la préservation de la biodiversité

D’ici à 2030, la Stratégie Nationale pour la Biodiversité prévoit l’accueil de 10 fois plus de jeunes en service civique. Le dispositif des aires éducatives sera également généralisé en passant de 1000 à 18 000, soit un établissement scolaire (école, collège) sur trois d’ici la fin du quinquennat. D’ici à 2030, tous les maires de France seront formés aux enjeux biodiversité et climat (30 000 élus) ainsi que les cadres de l’État et des collectivités territoriales.


8 – Mobiliser des moyens financiers

Sur le plan financier, le Gouvernement s’engage à mobiliser de nouveaux moyens en faveur de la biodiversité. Dès 2024, le budget dédié à la biodiversité sera augmenté de 264M€, en plus des 475M€ du plan eau, grâce à la pérennisation des financements en faveur des friches et de la renaturation dans le cadre du fonds vert, ainsi que des 100 M€ de dotation biodiversité pour les communes rurales.

Dans le cadre du projet de loi industries vertes, des crédits de renaturation entre acteurs économiques seront créés avec les sites naturels de restauration et de renaturation pour développer des engagements volontaires solides et vérifiables des entreprises, en miroir des crédits des labels bas-carbone.

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