Avec l’essor de l’urbanisation, plus de 80% de la population vivra en ville d’ici 50 ans. Et dans nos usages, la livraison à domicile est en train de s’imposer comme l’une des grandes tendances à suivre ces prochaines années. Le e-commerce ne cesse de prendre de l’ampleur. La livraison de repas s’est démocratisée. Et la crise sanitaire du Covid-19 a accéléré le passage à la livraison pour les courses alimentaires aussi.

Pourtant, dans notre quête de villes durables et résilientes, la livraison apparaît comme le maillon faible écologique de nos nouveaux usages. La problématique du dernier kilomètre, notamment, n’est pas encore résolue.

Afin de réduire l’empreinte carbone de cette activité, de plus en plus d’alternatives apparaissent sur le marché : il y a les vélos, les vélos-cargos électriques, à l’image de ce que propose la start-up K-Ryole – ou encore les drones et robots. Signe que la question intéresse, Uber Eats vient récemment d’intégrer les scooters électriques du français Cityscoot dans son application.

Le tout électrique a cependant des externalités négatives en matière d’environnement. D’autres alternatives se développement également pour réduire l’impact environnemental de la livraison, notamment le principe de co-livraison (inspiré du covoiturage) pour mutualiser les déplacements sur une zone donnée. Cette méthode est notamment pertinente pour favoriser l’essor des circuits-courts dans l’alimentaire.

Du coup quel mode est idéal, en sachant que se faire livrer ses courses est parfois plus écologique que d’y aller soi-même ?

la k-ryole est un vélo à assistance électrique


Se faire livrer est parfois plus écologique que faire ses courses

La question de la responsabilité écologique de la livraison s’explique entre autre par l’essor considérable de cette pratique. Depuis l’avènement du e-commerce, les offres permettant de tout obtenir sans bouger de son canapé sont nombreuses. Les usages en hausse. L’explosion des plate-formes comme UberEats et Deliveroo en sont le parfait exemple.

Mais si ces deux entreprises favorisent la pratique du vélo, ça n’est pas le cas de toutes les offres de livraison du marché. Pour autant, est-il vrai que faire ses courses soi-même est plus écolo que se faire livrer ? Pas tout à fait. Une étude effectuée par des chercheurs britanniques récemment nous apprend par exemple que la livraison est plus écologique dès lors que le consommateur doit faire plus de 6.7 km pour se rendre au magasin. Bon, si vous habitez en ville, à priori ce sera plus écolo de vous rendre vous-même sur place. À noter qu’on parle ici de trajets effectués en véhicule thermique. Si vous faites 6,7 kilomètres à vélo pour aller sur le lieu de consommation, vous êtes beaucoup plus écolo qu’en vous faisant livrer.

Partant de ce constat, les acteurs du secteur sont conscients que ce modèle reste imparfait et la plupart commencent à s’équiper de flottes électriques. C’est par exemple le cas de la start up Califrais qui améliore l’empreinte carbone des livraisons dans le domaine de l’agroalimentaire. Une tendance qui va s’accélérer dans les prochaines années mais qui reste encore imparfaite également. 

La véritable alternative semble se situer davantage dans l’utilisation des vélos-cargos à assistance électrique. En ville, on voit de plus en plus de ces engins favoriser certaines livraisons, une alternative très performante pour le dernier kilomètre. Mais quid des livraisons sur de longs trajets ?

Des voitures sur une route au coucher du soleil
la livraison est plus écologique dès lors que le consommateur doit faire plus de 6.7 km pour se rendre au magasin.


Le transport électrique : moins polluant mais pas encore non-polluant

On parle d’un modèle imparfait car l’électricité est une énergie qui est évidemment propre sur le lieu de consommation. Cependant elle peut être extrêmement polluante sur son lieu de production. En effet, la maturité du secteur fait que l’extraction de métaux rares pour construire les batteries des véhicules électriques est par exemple un problème environnemental auquel nous n’avons pas de réponse à l’heure actuelle.

Par ailleurs, l’électricité elle-même ne provient pas toujours de sources propres. En Norvège, la majorité de l’electricité est fournie par des barrages hydroélectriques. C’est green. Mais dans d’autres pays, ce sont parfois des énergies fossiles qui assurent cette production. Pas Green du tout. 

En France, notre électricité est principalement issue du nucléaire. Presque green si on ne pense pas au stockage des déchets. Pour autant, une voiture électrique en France émet toujours 80% de CO2 en moins par rapport à un Diesel. L’électrique est donc moins polluant, mais pas encore non polluant. D’autant que l’usure des routes, des pneus et des plaquettes de frein reste responsable 11% des émissions totales particules fines PM10.  

En matière d’alternatives, on regarde évidemment beaucoup le potentiel de l’hydrogène, qui possède également ses externalités négatives (besoin d’être fabriqué avec de l’électricité d’origine renouvelable) mais qui pourrait être un vecteur extrêmement intéressant pour décarboner les camions routiers.

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