A l’origine du projet Hector le Collector, il y a le passage de Quentin Saieb de la campagne à la ville. Alors qu’il était habitué à trier ses déchets organiques pour faire du compost au fond de son jardin, il se rend compte de la difficulté de perpétuer une telle habitude en habitant en ville. Une difficulté qui tient à plusieurs raisons : manque de place dans l’appartement, immeubles ou quartiers non-éligibles aux initiatives de compost partagé…

C’est donc, dans un premier temps, pour solutionner un problème de son quotidien que Quentin Saieb a commencé à réfléchir à ce qui deviendra plus tard Hector le Collector. L’entreprise née en juin 2020 permet la valorisation de biodéchets en collectant cette matière auprès des entreprises et des restaurants de l’agglomération toulousaine. 

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La valorisation par la méthanisation

Le fonctionnement de cette initiative est assez simple. La société développe des bacs de collecte de biodéchets que les entreprises entreposent dans leurs locaux afin de les mettre à disposition de leurs employés. Ces derniers peuvent ainsi trier leurs déchets ménagers en les déposant au travail. Hector le Collector propose également des bacs portatifs destinés à faciliter l’engagement des employés. La société propose également ses services aux restaurants. 

La collecte des déchets par les équipes d’Hector se fait selon un forfait décidé avec les entreprises et les restaurants. Les collectes peuvent se faire une à six fois par semaine. Le tarif dépend du nombre de passages et non pas du volume collecté. « On a essayé de travailler à un modèle incitatif. Notre ambition est de faire participer un maximum de collaborateurs au remplissage du point de collecte » explique l’entrepreneur.

La collecte se fait avec des véhicules électriques. Une fois récupérés, les biodéchets sont acheminés vers une unité de méthanisation située à 40 km de Toulouse. C’est à ce moment-là que les biodéchets sont valorisés. Encore fraîche, cette matière va fermenter dans une cuve en l’absence d’oxygène. Un processus qui permet de récupérer un gaz qui peut être nettoyé de certains composants (CO2, H2O) afin de devenir ce que l’on appelle du biométhane. Un gaz qui peut être utilisé à plusieurs fins : injection dans le réseau français, transformé en électricité ou en carburant. En faisant le choix de valoriser les déchets organiques des ménages Hector le Collector rejoint différentes entreprises françaises engagées pour cette même mission.

Il s’agit d’en finir avec l’incinération et l’enfouissement en mettant les biodéchets dans les filières de revalorisation

Quentin Saieb, Co-fondateur d’Hector le Collector


Développer des points de collecte publics

Aujourd’hui, ce sont 50 points de collectes qui font partie du réseau Hector le collector. Un engagement de la part des entreprises que la startup valorise en produisant tous les mois des rapports d’activités. Ces résumés permettent aux entreprises et à leurs employés de visualiser le fruit de leurs efforts, puisque ces derniers ont accès à la production énergétique obtenue avec la méthanisation de leurs biodéchets. « On s’aperçoit que des entreprises compensent la consommation énergétique de leur cuisine » détaille Quentin Saieb. Une démarche qui permet de fidéliser les clients sur le long terme. 

L’entreprise, qui veut dans un premier temps, étendre sa présence dans la Ville Rose, travaille aussi sur le développement de points de collecte publics. Ces points seraient localisés dans des épiceries vrac dont l’engagement dans une démarche de réduction de déchets ajouterait du crédit à la démarche d’Hector. L’idée serait d’installer un bac qui permette aux clients de l’épicerie de prolonger leur engagement écologique en déposant leurs biodéchets au moment de faire leurs courses. Une nouveauté qui pourrait servir les épiceries puisqu’il s’agirait d’un outil de fidélisation. Actuellement Hector le Collector travaille avec deux enseignes sur Toulouse. 

L’année 2022 devrait également être mise à profit pour préparer l’ambition nationale de l’entreprise. Les problématiques de l’agglomération toulousaine étant les même dans les autres métropoles françaises.

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Une nouvelle réglementation propice au développement de la jeune pousse

Pour se structurer, la jeune pousse a d’abord compté sur des fonds propres. Les deux salariés, qui sont aussi les deux fondateurs, ont ensuite fait le choix de se financer par la dette tout en bénéficiant de financements d’initiatives locales comme Initiative Haute-Garonne ou Créalia. Le prêt auprès de la banque leur a permis de financer les véhicules électriques. Malgré une activité tronquée par la pandémie qui a ralentit l’activité des entreprises et des restaurants, la startup a collecté 45 tonnes de biodéchets au cours de l’année écoulée. Une masse qui serait à l’origine de 31 500 kWh d’énergie produite.

Des chiffres qui devraient continuer à croitre puisque, la nouvelle réglementation qui doit instaurer le tri à la source des biodéchets comme un obligation en 2025, devrait pousser les collectivités et les entreprises à s’intéresser à la jeune entreprise. Pour rappel, les producteurs non ménagers de plus de 10 tonnes par an de biodéchets sont déjà soumis à l’obligation de tri à la source de leurs biodéchets. Ce seuil passera à 5 tonnes par an au 1er janvier 2023 conformément à la Loi AGEC. A partir de 2024, ce sont tous les acteurs, peu importe la quantité de déchets émise, qui seront concernés par cette obligation. Pour permettre cette transition, les collectivités auront, dès 2024, l’obligation de mettre à disposition de leurs citoyens des solutions pour faciliter ce tri : bacs en bas des immeubles, points de collecte… Une transition qu’Hector compte bien accompagner.

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