D’après une enquête IFOP pour le SER (Syndicat des Énergies Renouvelables) publié le 27 septembre, sept Français sur dix considèrent que la lutte contre le réchauffement climatique doit constituer un enjeu prioritaire de l’élection présidentielle qui vient. Et sur ce sujet, deux thématiques résonnent ces derniers mois. La première consiste à faire croire qu’il faudrait tout miser (ou presque) sur le nucléaire. La seconde est une petite musique anti-éolien qui laisse entendre que les français.es ne seraient pas convaincu.es par cette source d’électricité.

Pourtant, d’après l’IFOP, les opinions positives des français vis-à-vis des énergies renouvelables sont assez fortes et bien au-dessus du nucléaire. Elles s’échelonnent de 90% d’opinions positives pour l’hydroélectricité à 64% pour l’éolien terrestre, nettement devant le nucléaire (48%) et le gaz (43%). Les autres énergies fossiles recueillant moins de 25% de citations positives (ce qui reste tout de même effrayant, de constater qu’un quart des français.es possède encore une image positive des énergies fossiles).

Autre enseignement de cette étude : les français.es semblent également sensibles au développement des EnR dans leur région : huit sur dix ou plus se disent favorables au développement de l’énergie photovoltaïque, de l’énergie hydroélectrique, de la géothermie, des biocarburants et de la méthanisation. Deux tiers se disent favorables au développement de l’éolien maritime, 60% au développement de l’éolien terrestre et 58% au développement du chauffage collectif au bois.

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éolien offshore
70% des français ont une image positive de l’éolien terrestre et maritime


Alors, le débat sur l’éolien est-il justifié ?

D’après le sondage IFOP réalisé pour le SER, 66% des Français conservent donc aujourd’hui une vision positive de l’énergie éolienne (64% pour l’éolien terrestre, 66% pour l’éolien en mer). Et six sur dix se prononcent au sein de leur région en faveur d’un développement de l’éolien terrestre et, dans les régions littorales, 65% sont favorables au développement de l’éolien en mer. Un sentiment renforcé par une étude Harris Interactive dévoilée le 07 octobre par l’ADEME et le Ministère de la Transition Écologique, selon laquelle 73% des Français ont une bonne image de l’énergie éolienne.

Ainsi, de nombreux médias plutôt conservateurs dans leur ligne éditoriale mettent en avant ces derniers mois des tribunes anti-éoliennes laissant entendre que les français n’en voudraient pas, notamment pour des raisons esthétiques ou pour des raisons de nuisances sonores. Or, d’après le sondage IFOP du 27 septembre, 61% des Français se déclarent « pas dérangés » par la présence d’éoliennes dans le paysage de leur région ou lors de leurs déplacements. L’étude Harris Interactive précise, elle, que les personnes ayant une résidence principale ou secondaire à moins de 10 km d’un parc éolien ont une bonne image à 80% de l’éolien.

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Reste que les éléments de débats autour de l’éolien existent tout de même. D’ailleurs, selon Harris Interactive, « lorsqu’on interroge les personnes sur ce qui permettrait de faciliter l’acceptation, la majorité met en avant la réduction de l’impact environnemental en première position, notamment éloigner les éoliennes des sites remarquables, réduire leur bruit, réduire leur impact sur la biodiversité et les animaux, et mieux les intégrer dans le paysage ».

Peut-on y voir une volonté de simplement améliorer l’intégration de cette source d’électricité dans notre quotidien ? Rien, en tout cas, ne semble justifier de polariser le débat sur un « pour ou contre » réducteur. D’autant que la filière fait des progrès considérables ces dernières années sur ces sujets.

Alors, une explication sur la présence de ce sentiment anti-éolien trouve sans doute écho dans une différence de vision entre génération. Les deux sondages font en effet état du même clivage entre très jeunes et plus anciens. Ainsi, l’éolien a une image très positive chez les jeunes : 74% des 18-24 ans et 71% des 25-34 se déclarent très favorables à cette énergie, contre seulement 51% des plus de 65 ans. On notera toujours que 51% représente la majorité et que, par tant, la majorité des français.es se déclare donc favorable à l’éolien.

Depuis plusieurs mois, les énergies renouvelables et en particulier les éoliennes, font l’objet de vifs débats, voire sont les cibles de virulentes controverses. Ce sondage nous montre aujourd’hui que la relation entre les Français et l’énergie éolienne n’est pas aussi polarisée qu’il n’y paraît

Arnaud Leroy, PDG de l’ADEME.

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Sortir de l’opposition entre nucléaire et renouvelables

Toujours d’après l’IFOP, 84% des Français considèrent que les énergies renouvelables développent l’économie et l’emploi dans les territoires et 81% qu’elles permettent de renforcer l’indépendance énergétique de la France. Deux points qui sont de vrais arguments en faveur des énergies renouvelables et qui se vérifient sur le terrain.

Surtout, ce que ces études d’opinions démontrent, c’est un décalage entre un discours politique qui souhaite opposer les énergies entre elles (en ce moment, nucléaire et éolien) alors que tout nous indique qu’il faut au contraire miser sur la complémentarité des énergies pour atteindre nos objectifs climatiques. En l’occurence, il y a une véritable question de rééquilibrage de notre mix-énergétique qui doit s’opérer dans les années à venir car nos deux principales sources de production d’électricité, à savoir le nucléaire et l’hydroélectrique, sont très vulnérables aux risques climatiques de submersion marine et de sécheresses.

Il est donc essentiel de développer davantage de renouvelables, éolien ou photovoltaïque, pour palier les défaillance du nucléaire et de l’hydroélectricité. Et que nous avons besoin du nucléaire et de l’hydroélectricité pour palier l’intermittence du solaire et de l’éolien. Ce qu’il faut à la France pour assurer sa souveraineté énergétique demain, c’est un mix-énergétique complet, intelligent et résilient. Et non pas un « anneau qui les gouvernerait tous » et qui serait soit l’un, soit l’autre.

À l’heure où chacun va promettre des investissements dans telle ou telle source d’énergie, rappelons également qu’une véritable politique anti-gaspillage d’électricité est essentielle pour parvenir à nos objectifs. Car ce sont bien les usages de l’électricité, leur efficacité et leur pertinence, qui représentent la finalité du sujet. D’autant que demain, de nouveaux usages viendront décarboner les secteurs de l’industrie et des transports, en mobilisant davantage d’électricité, via les batteries et l’hydrogène. Une demande que nous absorberons plus facilement en réduisant le gaspillage et les usages superflus. Ainsi qu’en investissant davantage dans la R&D sur les énergies renouvelables et les capacités de stockage de l’électricité.

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