C’est quoi un Fab Lab ?
Un Fab lab (pour fabrication laboratory en Anglais, ou laboratoire de fabrication en Français) est un lieu ouvert au public où sont mis à disposition toutes sortes d’outils et de machines, dans le but de concevoir et de réaliser des objets. Une des composantes essentielles d’un FabLab est l’ouverture à tous. Ce sont des ateliers de fabrication destinés à tous ceux qui souhaitent s’initier à une pratique, transmettre un savoir ou simplement expérimenter. Bricoleurs du dimanche ou spécialiste d’un domaine, designers, retraités, étudiants, ingénieurs, artistes… Et ce quel que soit leur niveau de formation.
Ces types de tiers-lieux, dont les valeurs de partage et de création collaborative sont au cœur du concept, sont organisés en réseaux à travers le monde, et implantés dans de très nombreux pays. Par définition, presque tout peut être fabriqué dans un fab lab.
Pour aller plus loin
Un concept émergent, mais dans l’air du temps
Un FabLab c’est donc aussi une communauté où l’entraide et le partage sont rois. Les membres d’un FabLab échangent leur savoir-faire et collaborent ensemble, selon les principes fondateurs de Neil Gershenfeld, professeur au sein du MIT à Boston, qui a conceptualisé le terme à la fin des années 1990.
Le MIT a cadré ces principes collaboratifs et a permis au concept de se faire connaître et de devenir accessible à tous. Il existe une charte officielle des FabLab créé par la Fab Foundation, qui a remplacé le label MIT. Cette charte permet à une structure souhaitant devenir un FabLab de s’auto-labelliser FabLab.
4 critères doivent être respectés pour devenir un fablab :
– Accessibilité : le FabLab doit être ouvert au public gratuitement
– Engagement et adhésion à la charte des FabLab
– Partage d’outils et de processus commun dans le but de collaborer ensemble
– Participation au réseau international des FabLab
L’esprit de partage, de culture libre et d’open source des FabLab est directement issu de la mouvance hackerspace et makerspace. L’amalgame est d’ailleurs fréquent entre FabLab et makerspace, ces derniers étant plus généralistes et ne répondant pas complètement à la charte du MIT.
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Le développement et le succès des Fablab et autres makerspaces à travers le monde s’explique grâce à plusieurs facteurs. En premier lieu l’explosion de la tendance du do it yourself (“faites le vous même”) ces dernières années et la réappropriation des savoirs. Ensuite, l’évolution du rapport à la société de consommation avec notamment les notions d’anti obsolescence programmée et de réparabilité qui sont aujourd’hui mieux comprises et intégrées. Et enfin, l’apport d’Internet et globalement du numérique, qui a permis de rendre toutes ces informations disponibles à tous, ainsi que le développement de nouvelles techniques et de nouveaux outils accessibles au plus grand monde.
Un réseau mondial de partage des savoir-faire et des connaissances
Véritable lieu d’innovation et de diffusion de connaissances, un FabLab c’est un peu comme une mise à disposition des moyens et du savoir de l’industrie pour le citoyen lambda souhaitant se former ou découvrir. Le tout résolument orienté vers le numérique. Cependant un Fablab se crée pour répondre aux besoins d’une communauté. L’orientation prise par le Fablab (le type d’outillage, de machines ou les techniques enseignées) dépendra de celle voulue par la communauté. Par exemple La Forge dans le Cantal est spécialisé dans les objets connectés, EasyCeram à Limoges dans la céramique, ou encore Lorem à Paris dans l’imagerie et les drones.
Voici quelques exemples d’outils et de machines fréquemment mises à disposition dans un Fablab :
– des découpeuses laser
– des imprimantes 3D
– du petit et gros outillage
– des ordinateurs
– des scies en tout genre
– des machines à coudre
…
Et qu’on soit novice ou expérimenté, on peut espérer réaliser des objets décoratifs, du mobilier, des prototypes etc. O même réparer des objets endommagés. Le concepteur pourra tout à fait jouir de sa création ou de sa réalisation. La seule contrepartie sera que la fabrication de l’objet doit être documentée et les sources libérées (le fameux « open-source ») pour venir abreuver la communauté.
Autre spécificité, les Fablab sont organisés en réseau à travers la planète. Avec toujours cette idée de collaborer et de partager les savoirs. Les Fab labs du monde entier se retrouvent sur ces valeurs communes et proposent donc à qui le souhaite de s’essayer à des pratiques et techniques de fabrication, mais également d’avoir accès à des connaissances jusqu’ici réservées aux professionnels ou à l’industrie.
Et c’est finalement cette organisation en réseau et l’esprit communautaire qui donnent la pleine puissance du projet FabLab, et plus généralement aux makerspaces.
les Fab Lab et la ville de demain
D’après le site makery.info, il y aurait plus de 400 FabLabs et makerspaces en France, répartis sur tout le territoire, et dont la plupart ont été créés ces 3 dernières années. La France est même la deuxième terre d’accueil du concept derrière les USA.
Le monde de l’entreprise suit de près ce mouvement et sa culture libre et collaborative. Elles y voient un intérêt pour améliorer leur R&D, attirer de nouveaux talents ou simplement organiser des team building. D’autres s’inspirent du modèle pour créer leur propre Lab internes comme Renault avec le Creative Lab ou Seb avec le SebLab.
Les collectivités territoriales et les pouvoirs publics s’emparent également du mouvement. Permettant de recréer du lien social, ces nouveaux espaces de créativité et de partage se sont rapidement développés dans les territoires. L’Etat a même annoncé en août dernier un programme national de développement des tiers-lieux en France, dont font partie intégrante les Fablabs et les makerspaces. Avec un budget de 110 Millions d’euros sur 3 ans et l’objectif de créer au moins 300 nouveaux espaces.
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Il faut à présent que la filière se structure pour se développer sainement. Cela passe par trouver un modèle économique pérenne car aujourd’hui l’essentiel des Fablab dépend de fonds publics, de subventions ou de donations. Quelques pistes déjà expérimentées sur le sol français : proposer en plus du Fablab des activités et des services payants comme la location d’espaces de coworking ou de réunions, la mise en place de services pour les entreprises, de structures comme des incubateurs ou accélérateurs. Bref, lier ces nouveaux espaces collaboratifs avec d’autres structures déjà existantes sur le territoire.
Mais il est certain que ces espaces publics de mise en commun des acquis, de partage des connaissances, de co-création feront partie intégrante des villes intelligentes de demain. On parle même depuis peu du concept de Fabcity sur le modèle des Smart-City, c’est dire.